ATELIER 9 : "Enquêter en milieu "difficile"

Organisatrices :
Magali Boumaza, docteure en Science Politique, chercheuse associée à l'IEP de Strasbourg (GSPE)
Aurélie Campana, docteure en Science Politique, chercheuse associée à l'IEP de Strasbourg (GSPE)

Un des premiers enjeux méthodologiques de cet atelier réside dans la difficulté des terrains choisis lorsque le chercheur entreprend une démarche d'enquête anthropologique ou ethnographique. Dans Doing Fieldwork. Warnings ans Advices, Rosalie WAX, anthropologue américaine, rend compte des conditions de réalisation d'enquête à partir de deux terrains : les camps de rétention pour Japonais ouverts aux Etats-Unis à la suite de Pearl Habor entre 1943 et 1946 et une réserve indienne. En tentant de cerner pour le premier l'organisation interne des camps et pour le second l'éducation promulguée à l'intérieur des réserves, elle explique quels sont les pré-requis que le chercheur doit activer pour intégrer ces univers clos et fermés.

Les chercheurs en Science Politique étant souvent amenés à adopter une démarche ethnographique ou anthropologique pour conduire leur recherche, cet atelier souhaite dans un premier temps engager une discussion sur les enjeux méthodologiques et épistémologiques soulevés par les enquêtes en terrains "difficiles". Ces derniers appartiennent à plusieurs catégories non exhaustives. On pense ici particulièrement aux enquêtes conduites l'étranger au cours desquelles le chercheur doit s'approprier une langue, une culture différente ; aux terrains sur des sujets " illégitimes " la prostitution, les études sur les centrales nucléaires, le FN aussi, autant d'objets qui ne se laissent que difficilement appréhender empiriquement ; ou encore aux terrains sur lesquels le chercheur prend physiquement des risques, enquêtes dans un contexte d'insécurité ou de guerre. Le chercheur ainsi exposé doit puiser dans ses propres ressources pour réduire un maximum les filtres. Quelles stratégies d'enquête doit-il adopter ? Comment conjuguer exigences méthodologiques et nécessité d'avoir recours à des postures pragmatiques qui sont fonction d'un contexte et de l'accueil méfiance ou au contraire intérêt marqué et tentative des acteurs sociaux de " s'approprier " les résultats de la cherche qui lui est réservé ? Comment sortir du rôle de porte-parole ou de " dénonciateur " que certains enquêtés tendent à lui donner ?

Il apparaît important, dans un deuxième temps, de porter un regard réflexif sur le matériel récolté. Là aussi les travaux anglo-saxons sont précieux. A titre d'exemple, l'ouvrage collectif d'Ellen LEWIN et Williams LEAP, Out in the Field Reflections of Lesbian and Gay Anthropologists, donne à réfléchir sur les postures réflexives du chercheur à raison de son identité. La question de la distance du chercheur par rapport à son objet et au matériel récolté apparaît ici centrale.

C'est ainsi que cet atelier se situe au regard des expériences de la sociologie compréhensive soucieuse des acteurs enquêtés, tradition inaugurée par l'Ecole de Chicago dont la démarche est ici revendiquée.

Cet atelier se propose donc d'aborder ces questionnements pour permettre aux politistes de trouver des réponses sur des manières d'enquêter.

Discutant : Daniel Bizeul, Maître de Conférences en Sociologie, Université d’Angers

 

Communicants :
Gilles Dorronsoro, Professeur de Science Politique, Université Paris I
Alexandre Quet, Doctorant en Science Politique, CEPEL, Université de Montpellier I
Vincent Romani, Doctorant en Science Politique, IEP, IREMAN, Aix-Marseille
Patrick Bruneteau, Chercheur CNRS, CRPS
Sonny Perseil, Docteur en Science Politique, Paris I

 

Contacts

Email : magali.boumaza@eturs.u-strasbg.fr

Email : aurelie.campana@urs.u-strasbg.fr

IEP de Strasbourg (Groupe de Sociologie Politique Européenne), 47, avenue de la Forêt Noire, 67082 Strasbourg Cedex