ATELIER : Puissance militaire et relations internationales

Animateurs :

Pascal Vennesson
Université Panthéon-Assas, Paris II
Institut universitaire Européen / RSC
pascal.vennesson@iue.it

Thomas Lindemann
IEP de Toulouse
Centre Morris Janowitz
lindemannt@yahoo.com

I / Objectifs de l’atelier

Quels sont les effets de la puissance militaire et de l’emploi de la force armée dans les relations internationales ? Depuis le début des années 1990 et de manière plus dramatique encore depuis les attentats du 11 septembre 2001, la puissance militaire apparaît comme un élément clé de la politique internationale. Pourtant, ses caractéristiques, les conflits d’interprétation qu’elle suscite et surtout ses effets restent assez peu exploré du point de vue de la science politique, notamment en France.

L’objectif principal de cet atelier est d’examiner, sur le plan théorique comme sur le plan empirique, le problème de l’impact de la puissance militaire dans la politique internationale. On pourra analyser et comparer différentes perceptions de la puissance militaire et différentes conceptions de ses emplois. Employer la force armée, qu’est-ce que cela signifie exactement ? Certains acteurs politiques et militaires estiment que la force armée peut " peser sur le cours des choses ", d’autres au contraire sont plus réservés, voire contestent cette influence : comment rendre compte de ces variations ? Cet atelier sera l’occasion de faire le point sur ce que l’on sait de la manière dont les dirigeants politiques, les hauts fonctionnaires, les militaires et " l’opinion publique " envisagent la puissance militaire. On pense notamment aux désaccords à ce sujet qui ce sont vivement exprimés aux Etats-Unis et en Europe à propos de la guerre en Irak.

Dans l’examen des perceptions concurrentes de l’efficacité de la force armée, on peut distinguer différentes approches. Les approches "rationalistes" estiment que les préférences stratégiques dissembables résultent des facteurs "objectifs", les ressources militaires, l'environnement stratégique ou l'interdépendance économique. Les approches "culturelles" (Alaistair Johnston) ou perceptuelles ("operational code") considèrerent que les perceptions sont variables en fonction des structures "intersubjectives" et non seulement "matérielles". En d'autres termes, on pourrait évaluer l'hypothèse selon laquelle les perceptions différentielles en matière de sécurité sont uniquement attribuables aux rapport de forces (thèse de Kagan).

Si la force armée produit des effets, selon quelles modalités, dans quelles limites, avec quelles conséquences ? Quels sont les effets que les acteurs recherchent en employant la force armée ? Evaluent-ils les effets produits ? Comment ? Le terrorisme pourrait également être analysé comme une manière d’employer la force armée, comme une tactique entraînant des effets politiques qu’il convient d’examiner.

On encouragera aussi bien des contributions empiriques fondées sur des études de cas, que les contributions plus théoriques et méthodologiques utilisant notamment les nombreux travaux récents qui renouvellent ce domaine.

II / Programme

- Thomas Lindemann (IEP de Toulouse, centre Morris Janowitz), " Peut-on dissuader les Etats qui s’estiment vulnérables ? "

Quelles sont les conditions qui déterminent le succès (défini comme maintien de la paix) d'une politique dissuasive? Notre propos est d'examiner plus en détail la proposition selon laquelle l'efficacité d'une posture défensive d'un Etat A envers un Etat B dépend des motivations de ce dernier. Face à une puissance "révisionniste" qui agit par opportunité, seule une position de force peut éviter ou endiguer une conflagration majeure. Cependant, nombreux sont les cas où les Etats provoquent une crise non pas par sentiment d'opportunité mais par "vulnérabilité". Les sources de ces craintes peuvent être objectives ("le dilemme de sécurité"), identitaire (le souci de ne pas perdre la face) ou purement imaginaire ("perceptions faussées"). Nous tenterons de démontrer que lorsqu'un Etat agit par "vulnérabilté", une politique de "concessions" est plus apte à maintenir la paix qu'une politique dissuasive.

- Corentin Brustlein (doctorant CLESID Université Jean Moulin, Lyon III), " La théorie de l’équilibre de l’offensive et de la défensive "

Dilemme de la sécurité, importance des doctrines offensives et défensives sur les décisions d’entrer en guerre.

- Pascal Vennesson (Université Paris II et Institut universitaire Européen-RSC), " Existe-t-il une manière Européenne de faire la guerre ? "

A partir des débats actuels sur la stratégie de sécurité de l’UE, de l’évolution des doctrines militaires et des formats des armées en Europe, une réflexion sur l’européanisation des manières d’envisager la guerre et les emplois de la force armée.

- Thierre Tardy (Centre de politique de sécurité, Genève), " Existe-t-il une manière " Onusienne " d’employer la force armée ? "

L’ONU et les emplois de la force armée dans le cadre de la transformation des menaces et de la " guerre globale contre le terrorisme ".