Les associations disciplinaires font le point sur la transformation du paysage de la recherche publique française suite à l'émergence et au développement de l’Agence nationale de la recherche (ANR)

Compte rendu de la réunion AFSP/AECSP/ANCMSP au CERI du 26 Octobre 2005

Le but de cette réunion était d’échanger des informations sur la transformation du paysage de la recherche publique française suite notamment à l'émergence et au développement de l’Agence nationale de la recherche (ANR), dispositif central de la réforme en cours (voir encart). Les interventions de Marie Claude Smouts (CERI), Isabelle Sommier (CRPS), Claude Gilbert (GIS Risques collectifs et situations de crise), Frédéric Sawicki, (CRAPS),  François Xavier Dudouet (ANCMSP), et le débat engagé avec la salle, ont permis de mettre en lumière les points suivants :

Un certain nombre de problèmes ont été soulevés

— La complexité du système mis en place qui se rajoute aux structures existantes

— L’absence complète de transparence sur le choix des membres des conseils scientifiques et comités d’orientation stratégique, sur le choix des thèmes des appels à projets, sur les procédures mises en œuvre

— L’absence totale de concertation avec les organismes existants, notamment le CNRS et le CNU sur les thèmes prioritaires

— La mise en œuvre dans la précipitation et l’improvisation du premier appel d’offres (rapporteurs sur les projets pressentis en juillet pour remise début août, aucune réflexion préalable et comparative sur les thèmes de recherche à privilégier, etc.)

Les conséquences prévisibles pour la recherche publique sont :

— L’assèchement progressif au profit de l’ANR des crédits allant aux grands organismes. Les sommes en jeu sont considérables : le deuxième conseil d’administration du GIP Agence nationale de la recherche (ANR) a adopté le 8 mars 2005 son programme d’activités pour l’année 2005. Il sera doté de 350 millions d’euros en 2005 et de 700 M d'euros d’engagements pour les projets pluriannuels.

— Un pilotage à courte vue

— Une précarité accrue pour les jeunes chercheur(e)s embauché(e)s dans le cadre de ces projets (postes pour une durée et une rémunération limitées, les demandes initiales ayant été le plus souvent réduites d’un tiers)Une réduction possible des postes statutaires au profit de contrats à durée déterminée délivrés notamment dans le cadre des subventions de l’ANR.

Diverses ripostes ont été envisagées.

— Le boycott pur et simple de l’ANR, solution irréaliste en période de pénurie

— La ponction volontaire d’un pourcentage encore à définir (20% ? 30% ?) sur les sommes allouées aux projets retenus dans le cadre de l’ANR, destinés à alimenter les laboratoires dont les crédits sont peu à peu asséchés.

— Reprise de la proposition de SLR de soumettre l’ANR à un audit, compte tenu des nombreux dysfonctionnements constatés

— Une demande forte de concertations avec les organismes concernés au premier chef (CNRS, CNU)

— La participation à une série de mobilisations prévues en novembre à l’initiative de Sauvons la recherche et des syndicats de la recherche et de l’enseignement supérieur

* le 19 novembre, à l’initiative de " l’appel de Guéret ", manifestation nationale à Paris pour la défense et le développement des services publics,

* avec SLR manifestation nationale de la recherche et de l’enseignement supérieur le 23 ou le 24 novembre 2005.

Il faudrait également :

- Evaluer le nombre de CDD réellement créés par l’ANR et leurs répercussions sur l’emploi scientifique.

- Essayer de comprendre les transformations de fond qui touchent actuellement la recherche française (commanditaires, organisation)

Sur ces bases, nos trois associations vont faire un texte commun, faisant part de nos critiques et de nos inquiétudes pour publication dans un grand journal (Le Monde, Libération). Pour l’instant, pour ceux et celles qui le désirent, quelques informations sur la manière d’utiliser l’ANR.

Pour en savoir plus...

  • En savoir plus sur les SHS et l'ANR... mode d’emploi

    Les SHS sont les parents pauvres de l’Agence nationale de la recherche, mais il y a tout de même des possibilités de financement sur projets non négligeables au niveau des appels à projets non thématiques et appels à projets jeunes chercheurs jeunes chercheuses. Jusqu’ici la science politique est assez faiblement représentée. (11 projets sur 330 dans ces deux types d’appels).

    D’après les collègues siégeant dans les conseils de l’ANR ou ayant expertisé des projets

    — la dimension internationale est prioritaire (publications internationales des porteurs de projet, et collaborations internationales prévues sont un plus (internationalisation active)

    — Une opérationnalisation très détaillée (techniques, terrain, échantillonnage etc) est indispensable

    — Il faut que le projet soit réaliste (ne pas multiplier les partenariats, les chercheurs impliqués, demander un financement adéquat)

    — Il faut surtout une opérationnalisation très détaillée ('hypothèses, terrain, méthodes, échantillonnage etc.


    Liste de projets sélectionnés en SHS pour 2005 par l'ANR (Agence Nationale d ela Recherche)
    Pour télécharger la liste (format pdf)...