L'AFSP en collaboration avec l'AFSR (Association française de sciences sociales des religions)

Colloque : "Les ONG confessionnelles.
Action internationale et mutations religieuses"  

3-4 février 2004, Paris

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Après un premier colloque sur la " globalisation du religieux ", nous nous proposons d’étudier les processus d’internationalisation des acteurs religieux, et en particulier certaines des logiques à l’œuvre au sein des ONG confessionnelles, acteurs privilégiés de la trans-nationalisation. Dans le champ des recherches sur les ONG, les ONG confessionnelles (ONGc) restent curieusement absentes. Or, elles sont à maints égards particulièrement intéressantes en raison : - de leur nombre et de leur importance dans le champ des ONG. L’Union of International Associations dénombre ainsi, dans son rapport de 1996, 3495 associations religieuses et spirituelles ; - de la place et de l’influence qu’elles ont dans le champ religieux dont elles dépendent ; - enfin, des interrogations qu’elles soulèvent entre identité religieuse et identité nationale. Malgré leur importance, ces organisations et leur action sont assez peu étudiées. De plus, si la situation des ONG catholiques, protestantes et islamiques est relativement bien connue, on sait peu de choses sur les ONG dans l’orthodoxie, dans le judaïsme et dans le bouddhisme. C’est la raison pour laquelle, il est apparu important de confronter les quelques travaux qui portent sur ces organisations religieuses, de faire un bilan des travaux et, ainsi, de repérer les questions qu’il serait utile de proposer pour des recherches ultérieures. L’appellation d’organisation non gouvernementale connaît aujourd’hui une extension plus grande que par le passé. Dans certains pays, les associations sont toutes appelées ONG. Pour ce colloque, nous nous limiterons aux organisations qui interviennent à l’étranger, (du Nord vers le Sud le plus souvent, mais aussi de pays du Sud vers d’autres pays du Sud, ou encore de l’Europe occidentale vers les pays d’Europe orientale, etc.). La plupart d’entre elles quêtent la reconnaissance des institutions internationales. C’est dans ce cas que l’on pourra parler d’ONG au sens strict. Les stratégies des ONGc et des institutions internationales ont à être interrogées. Pourquoi des organisations religieuses, parfois même des congrégations, vont-elles solliciter la reconnaissance d’institutions internationales et pourquoi celles-ci font-elles place à des ONGc dans leur politique d’assistance ou de développement ?

Notre interrogation portera sur :

Cette première approche sera en partie historique et montrera comment et pourquoi peu à peu émergent les ONGc. Le prosélytisme s’est appuyé et s’appuie encore sur l’action caritative ou sociale. Celle-ci a pu se dissocier des finalités religieuses initiales. On trouvera des ONG qui n’ont de religieux que leur passé. D’autres, quoique confessionnelles, distinguent l’expression religieuse de leur action propre, assistance ou développement. D’autres associent étroitement diffusion du message religieux et action sociale. D’autres enfin ne s’adressent qu’à des populations de la même religion. Comment et dans quelle mesure l’action humanitaire ou l’action pour le développement ont-elles un fondement théologique ? Dans le même mouvement, la théologie et la vision religieuse du monde ne se sont-elles pas transformées ? Nous analyserons les liens (ou l’absence de liens) avec l’activité missionnaire. Nous analyserons par ailleurs l’impact des ONG confessionnelles sur le champ religieux. Nous étudierons les rapports des ONGc aux appareils ecclésiastiques dont elles dépendent. Une nouvelle élite, de nouveaux clercs apparaissent qui ébranlent les relations de pouvoir établies au sein des institutions religieuses. Mais aussi de nouveaux rapports au religieux lui-même tendent à s’instaurer, par l’intermédiaire de ces ONGc et de leurs évolutions. On cherchera à comprendre les buts recherchés à travers l’action sociale internationale (charité, prosélytisme…) ? Quels sont les référents religieux mobilisés pour légitimer de nouvelles formes de mobilisation ? S’agit-il au demeurant de nouvelles mobilisations ou de transformations qui affectent, volens nolens, des organisations anciennes ? A l’égard des institutions religieuses, les ONGc sont-elles dans une situation de dépendance, ou agissent-elles comme de nouveaux corps intermédiaires voire comme des acteurs désormais autonomes ?

Comment une association confessionnelle en vient-elle à déborder de ces frontières nationales ? Quels sont les liens éventuels avec les migrations contemporaines (phénomènes de diaspora par exemple) ? L’internationalisation poursuit-elle des objectifs de protection/ projection identitaires (l’aide aux coreligionnaires sous d’autres latitudes et l’extension géographique par la même occasion) ? Peut-on alors parler de " stratégies d’action des ONG confessionnelles " ou leur présence s’inscrit-elle plus largement dans les processus d’internationalisation des relations internationales depuis 1945 ? Quelles sont par ailleurs les formes de l’engagement religieux international ? Peut-on, comme c’est le cas pour les ONG islamistes, identifier des " figures " de l’engagement : par exemple celles du "  militant ", du " médecin " ou encore du " combattant " ?

Des ONGc ont des terrains d’action où dominent d’autres religions. Comme les autres ONG, elles interviennent souvent auprès de populations de cultures différentes. Leur présence interfère, parfois fortement, dans l’équilibre des forces politiques ou religieuses locales et dans l’organisation institutionnelle des pouvoirs. Il s’agira ici d’analyser les rapports entre les ONG locales et leurs structures internationales, les conflits entre les ONG de même confession mais dépendant de pays différents. On pourra enfin se demander en quoi le travail humanitaire contribue au dialogue interreligieux ou provoque des rivalités entre confessions, sur le terrain certes, mais aussi au niveau des institutions religieuses.

Les sommets onusiens ont révélé la force croissante des mobilisations religieuses autour de thématiques diverses. Dans le domaine des droits de l’homme, de la paix et de la diplomatie privée (multi-track diplomacy), de la mondialisation, voire de l’environnement, ou encore de la construction européenne, les ONGc se mobilisent, font des propositions. A la fois confessionnelles mais distinctes des Églises et autres institutions religieuses, elles mettent en œuvre des stratégies propres. Comment et sur quels thèmes s’opèrent ces nouvelles articulations entre le religieux et le politique ? Quelle en est l’efficacité ? Le colloque devrait permettre de réellement défricher ce terrain peu connu. Les interventions seront commentées par des discutants, bien au fait de ce domaine et de ces questions.

Programme

Lundi 2 février 2004 Matin – 9 heures 30
I/Fondements religieux de l’action internationale et transformations du religieux

Président de séance : Jean Leca (AFSP, IEP de Paris) Accueil : présidents de l’AFSP et de l’AFSR Présentation générale : François Mabille (ICP-CEIFR) et Kathy Rousselet (FNSP-CERI) Discutant : Pierre Bréchon (IEP de Grenoble)

Claude Prudhomme (Université Lyon II), De la mission aux ONG
Denis Pelletier (Université Lyon II) : L’invention du développement dans le tiers-mondisme chrétien
Brigitte Bleuzen (doctorante, EHESS-CEIFR) : La Congrégation des Fils de la Charité et l’expérience du Sud

Après-Midi – 14 heures 30
II/Les modes d’internationalisation de l’action sociale des organisations religieuses

Président de séance : Yves Déloye (AFSP, IEP de Strasbourg - IUF) Discutante : Béatrice Pouligny (FNSP-CERI)

Julia Berger (Harvard University), Les ONG religieuses. Une analyse trans-nationale exploratoire
Marie Balas (doctorante EHESS-CEIFR) : La diplomatie de Sant’Egidio
Lina Molokotos Liederman (GSRL-Centre for European Studies/Univ. of Exeter) : L'action humanitaire et la pratique sociale dans l'orthodoxie: Le cas des ONG orthodoxes américaines
Pierre Lachaier (Ecole française d’Extrême-Orient) : Les associations des communautés et castes hindoues
Raphaël Liogier (Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence) : L’individuo-globalisme et l’essor des ONG confessionnelles

Mardi 3 février 2004 Matin – 9 heures 30
III/ Les ONG confessionnelles en situation de confrontation

Président de séance : Jean Joncheray (ICP) Discutante : Johanna Siméant (Université Lille II)

Sébastien Fath (CNRS-GSRL) : Les mouvements évangéliques et le " monde " : réenchantement du monde et sécularisation
Jonathan Benthall (University College London) : Les ambiguïtés du djihad dans la pratique des ONG musulmanes
Martin Geoffroy (Université de Montréal) : Les stratégies de conversion des ONG confessionnelles: le cas de la branche nord-américaine de la Baptist World Alliance
René Otayek (CNRS-CEAN) : Les stratégies d’action d’ONG évangélistes au Burkina Faso
Claire de Galembert (CNRS-GAPP) : Le CCFD aux prises avec l'islamisme au Maghreb et au Machrek : une ONG catholique à l'épreuve du " retour du religieux "
Claudette Werleigh (Life and Peace Institute, Uppsala) : Les ONG locales et leurs structures internationales: l’exemple de Caritas Haïti

Après-Midi – 14 heures
IV/ONG confessionnelles et production de normes internationales

Présidente de séance : Isabelle Saint-Martin (EPHE) Discutant : François Mabille (ICP-CEIFR)

Bérangère Massignon (doctorante, EPHE-GSRL) : Les ONG confessionnelles et la construction européenne
Blandine Pont-Chelini (Université Aix-Marseille III) : Les ONG droits de l'homme d'origine confessionnelle et leur rôle dans l'émergence d'une politique religieuse internationale américaine
Jean-Bernard Marie (CNRS, Société, droit et religion en Europe) : Nations unies, ONG confessionnelles et défense des droits de l’homme
Yann Raison du Cleuziou (Doctorant, Université de Paris I) : La participation des ONG religieuses au mouvement altermondialiste

 

Conclusion : Bruno Duriez (CNRS-CLERSÉ)

 

LISTE DES INTERVENANTS

Marie Balas

Doctorante EHESS, CEIFR

Jonathan Benthall

Honorary Research Fellow, Department of Anthropology, University College London

Julia Berger

Harvard University

Brigitte Bleuzen

Doctorante EHESS, CEIFR

Pierre Bréchon

Professeur de science politique, IEP de Grenoble

Yves Déloye

Professeur de science politique, IEP de Strasbourg - IUF

Bruno Duriez

Directeur de recherche, CNRS, CLERSÉ

Sébastien Fath

Chargé de recherche CNRS, GSRL

Claire de Galembert

Chargée de recherche CNRS, GAPP

Martin Geoffroy

Chercheur-boursier, professeur invité, Fordham University, New York

Jean Joncheray

Institut catholique de Paris

Pierre Lachaier

Ecole française d’Extrême-Orient

Jean Leca

Professeur de science politique, IEP de Paris

Raphael Liogier

Maître de conférences de science politique, IEP d'Aix-en-Provence

François Mabille

Maître de conférences, ICP

Jean-Bernard Marie

Directeur de recherche CNRS, Société droit et religion en Europe

Bérangère Massignon

Doctorante EPHE, GSRL

Lina Molokotos Liederman

Chercheur post-doc, GSRL-Centre for European Studies/Univ. of Exeter

René Otayek

Directeur de recherche CNRS, CEAN

Denis Pelletier

Professeur d’histoire, Université Louis Lumière Lyon II

Blandine Pont-Chelini

Maître de conférences en histoire, Université d'Aix-Marseille III

Béatrice Pouligny

Chargée de recherche FNSP, CERI

Claude Prudhomme

Professeur d’histoire, Université Louis Lumière Lyon II

Yann Raison du Cleuziou 

Doctorant, Université de Paris I

Kathy Rousselet

Chargée de recherche FNSP, CERI

Isabelle Saint-Martin

Maître de conférences d’histoire, EPHE

Johanna Siméant

Professeur de science politique, Université de Lille II

Claudette Werleigh

Directrice du Life and Peace Institute, Uppsala

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Courriel: afsr@iresco.fr