ASSOCIATION FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE (GAEL et Groupe Europe) & INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG (GSPE)

Colloque international : " La construction européenne au prisme des élections au Parlement Européen de juin 2004 "

APPEL A COMMUNICATION pour le 12 juillet 2004

 

 

Le Groupe d’Analyse Electorale (GAEL) et le Groupe Europe de l’Association française de science politique (AFSP) et l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg (GSPE) organisent de manière conjointe une rencontre internationale intitulée " La construction européenne au prisme des élections au Parlement Européen de juin 2004 " qui se tiendra, à Strasbourg, au Parlement Européen, les 18 et 19 novembre 2004.
Le présent appel à contributions est ouvert. Les propositions (une ou deux pages) devront parvenir à Dominique BELLEC (responsable administratif de ce projet au sein du GSPE) avant le 12 juillet 2004 par courrier électronique à l’adresse suivante : dominique.bellec@urs.u-strasbg.fr

Ces propositions seront soumises à un Conseil scientifique ad hoc qui communiquera le programme définitif de la manifestation au début du mois de juillet 2004. Les papiers (rédigés en français ou en anglais) devront nous parvenir avant le 10 octobre 2004 afin de permettre leur mise à disposition sur le site de l’AFSP et du GSPE et leur communication aux discutant[e]s.

Présentation scientifique du colloque
Depuis 1979, les élections au suffrage universel direct du Parlement Européen tentent de s’inscrire dans le paysage politique européen. Peinant à être plus que de simples " élections de second ordre " (pour reprendre la célèbre catégorisation de Reif et Schmitt), ces élections forment toutefois l’un des objets récurrents de l’analyse de la politique européenne. Une véritable tradition scientifique existe en la matière et ce malgré les difficultés méthodologiques propres à l’étude du comportement électoral dans une perspective comparée, perspective qui ne cesse d’ailleurs de s’élargir pour agréger aujourd’hui 25 pays aux méthodes électorales et référents démocratiques très différents.

Les élections du 10-13 juin 2004 interviennent quant à elles dans un contexte particulièrement tendu : premières élections européennes de l’ère Euro et de l’après 11 septembre, elles accompagnent un moment crucial de la construction européenne, celui de son élargissement avec toutes les mutations politiques et constitutionnelles qui le caractérisent et dont témoignent la montée des populismes sur le continent. Le colloque de Strasbourg voudrait profiter de cette conjoncture exceptionnelle pour faire le point sur nos connaissances à propos d’un type d’élections trop souvent oubliées dès que les bureaux de vote — certes souvent peu mobilisateurs depuis quelques années — ferment. Trois axes d’études seront privilégiés lors de ces journées qui ambitionnent d’ouvrir la voie à un modèle renouvelé d’interprétation tant il est vrai que ces élections nous apprennent beaucoup plus que le seul état des forces politiques en Europe aujourd’hui.

Axe 1 : L’ acte électoral européen. Un premier type de contributions devrait permettre de mieux comprendre tout d’abord la nature et l’orientation du geste électoral au sein de l’Union européenne. On le sait, dans son histoire, le vote a emprunté trois formes principales qui reprennent les trois dispositions évoquées jadis par Max Weber et reformulée récemment par Olivier Ihl pour rendre compte de la diversité des relations sociales et politique constitutives de la vie démocratique : la transaction (vote d’échange), l’appartenance (vote communautaire) et la conviction (vote d’opinion). Au regard d’une telle typologie, il pourrait être utile de tenter de mieux identifier les ressorts des comportements de vote (existe-il un modèle européen de vote ?), de scruter avec attention le rituel qui entoure son accomplissement (quels dispositifs d’expression et de décompte singularisent l’expérience européenne ?), en un mot de prendre au sérieux l’acte dont il procède. De manière complémentaire, cet axe accueillera des contributions visant à rendre compte des logiques sociales et politiques qui sont à l’œuvre tant dans l’intensité que dans l’orientation des attitudes et des comportements qui transitent par ces dispositifs.

Axe 2 : Elections et citoyenneté européennes. Un deuxième type de contribution visera à mettre en relation le comportement politique des ressortissants communautaires avec le sentiment d’appartenance à un modèle de citoyenneté dont les termes sont encore aujourd’hui ambivalents. Privilégiant les approches de la " citoyenneté européenne par le bas " (pour reprendre une expression chère à Sylvie Strudel), ces contributions devront tenter de lier les perspectives (et méthodes) traditionnelles de sociologie électorale européenne avec d’autres questionnements trop souvent dissociés portant notamment sur les conditions de l’identification à l’Union Européenne et au développement d’une entité post-nationale. Peut-on parler en la matière d’un citoyen-électeur européen ? Quels sont les enjeux et les limites d’une telle construction politique ?

Axe 3 : Les élites parlementaires européennes. Visant à asseoir la légitimité démocratique de la construction communautaire, les élections au Parlement Européen offrent l’un des rares exemples de procédure démocratique transnationalisée. Rompant ainsi avec la plupart des théories sinon des pratiques de la représentation politique, ces élections dotent les parlementaires européens d’une légitimité fragile et contestée (le fameux " déficit démocratique " dénoncé de manière mécanique depuis des années). Un troisième type de contribution tentera d’explorer les fondements de ce modèle de gouvernement représentatif. Que nous en disent les sciences sociales aujourd’hui ? Quelles sont les innovations apportées par cette forme de délégation électorale ? Il conviendra notamment de s’appuyer ici sur une étude du métier de député européen, d’envisager concrètement les activités de représentation que ce dernier met en œuvre au sein du Parlement Européen mais aussi dans la circonscription dont il a désormais la charge. Ces contributions viseront aussi à faire le lien entre les apports de la sociologie électorale européenne et ceux issus des travaux sur les élites et le fonctionnement de l’institution parlementaire européenne.

Un agenda de recherche qui permettra, on le voit, d’attirer l’attention sur les défis qui s’attachent à la démocratie électorale en Europe. Car les élections européennes génèrent leur propre système de règles et de pratiques, de compétences et de conventions. C’est dire l’importance de former un savoir qui, en l’occurrence, ne constituerait ni un obstacle pour les considérer ni une gêne pour les faire considérer. En somme, pour ordonner nos connaissances sur cet objet à la fois si présent et si énigmatique.