La métaphore dans la représentation du pouvoir

par Pietro Costa

La communication, dans sa première partie, aborde le problème du rôle de la métaphore dans la représentation du pouvoir. Les textes qui seront considérés peuvent être définis comme ‘textes de savoir’ : des textes qui essaient de comprendre la réalité sine ira et studio, de la ‘représenter’.

La ‘représentation’ n’est pas une simple reproduction ou reflet de la réalité, mais implique un processus de sélection et de construction. C’est dans cette perspective qu’on a l’intention de discuter le problème de la métaphore dans la représentation du pouvoir.

La métaphore semble avoir un rôle pas simplement rhétorique et stylistique, mais cognitif. Le problème du rapport entre la métaphore et le discours logique-rationnel est pourtant encore ouvert. À ce propos, on considère les thèses de Blumenberg : son concept de la ‘métaphore absolue’, son idée d’une connexion entre métaphore et mythe et son refus d’une opposition qualitative entre mythe et logos.

Dans la seconde partie de la communication on analyse deux métaphores de ‘longue durée’: la métaphore de la verticalité (la tendance à placer le pouvoir ‘en haut’) et la métaphore de l’organisme (la représentation du système politique et social comme un corps vivant).

Ces métaphores sont importantes et répandues surtout dans la culture médiévale. La métaphore de la verticalité est cohérente avec la vision médiévale du cosmos et du monde politique et social : une vision hiérarchique, selon laquelle l’univers est une échelle composée d’êtres ontologiquement distingués et l’ordre social est possible parce que ses membres sont titulaires de pouvoirs et de droits différenciés.

La métaphore organiciste est autant importante : l’image du corps donne le sens d’une réduction d’une multiplicité d’individus à l’unité de l’ordre. Le corps est une unité composée de nombreuses parties et chacune d’elles existe seulement en tant qu’élément de l’organisme.

Métaphore de la verticalité et métaphore corporatiste sont donc des formes diverses, mais complémentaires, de la représentation médiévale du pouvoir : le symbole du corps n’est pas en contradiction avec la dimension de la verticalité parce que le corps est conçu comme une unité composée de parties différentes et disposées dans un ordre hiérarchique.

Ces métaphores, bien que très importantes dans la culture médiévale, ne naissent et ne meurent pas au Moyen-âge, mais viennent de loin et sont destinées à aller loin : elles sont capables de s’adapter à des contextes historiques très différents. Elles sont, pour ainsi dire, des récipients qui maintiennent leur forme caractéristique, mais peuvent être remplis par des liquides différents. Dans cette perspective, on prend en considération des formulations de la métaphore de la verticalité et de la métaphore organiciste élaborées par la culture du XIXe siècle.

En conclusion, on effleure le problème d’un possible épuisement de ces métaphores en se référant à la réflexion de Kelsen, Foucault et Luhmann.

 

Pietro Costa a enseigné dans les Universités de Macerata et de Salerno et est maintenant professeur d’histoire de droit à l’Université de Florence. Il dirige la revue "Quaderni fiorentini per la storia della cultura giuridica moderna". Il est auteur de publications sur l’historie des théories juridiques et politiques médiévales et modernes. Ses principales monographies :

Iurisdictio. Semantica del potere politico nella pubblicistica medievale, Milano, Giuffrè 1969

Il progetto giuridico. Ricerche sulla giurisprudenza del liberalismo classico, Milano, Giuffrè 1974

Lo Stato immaginario. Metafore e paradigmi nella cultura giuridica italiana fra Ottocento e Novecento, Milano, Giuffrè 1986

Civitas. Storia della cittadinanza in Europa, voll. 1-4, Laterza, Roma-Bari 1999-2001.