CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE LA SEE
"L'ESPACE PUBLIC EUROPÉEN À L'ÉPREUVE DU RELIGIEUX"

16-17 février 2006

Mons, Belgique

Parution des actes du colloque ! L'espace public européen à l'épreuve du religieux – Foret (François) (dir.) – Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles, 2007 (coll. Etudes européennes)

Conférence organisée en partenariat avec la Section d’Etudes Européennes de l'AFSP

Avec le soutien du réseau REGIMEN de l’Association Belge de Science Politique

Du Fonds National de la Recherche Scientifique Belge

Du Département des sciences politiques des FUCAM, Académie Louvain

Du Conseil de la Recherche des FUCAM

L’actualité récente a illustré la crise de légitimité profonde de l’Union européenne en même temps que son importance fondamentale à tous les niveaux et dans tous les domaines. L’objectif de cette conférence sera de revenir sur quelques débats majeurs qui se sont noués dans l’arène scientifique et politique en utilisant la religion comme révélateur des logiques de la construction européenne, des effets de cette dernière sur les structures et les cultures socio-politiques.

L’interrogation s’énonce ici en termes d’européanisation horizontale (convergence des sociétés ou intériorisation croisée de la dimension européenne) et verticale (transfert de compétences et d’allégeances au niveau européen).

La religion joue le rôle de pierre de touche des évolutions politiques pour plusieurs raisons. Chaque histoire stato-nationale est modelée en partie par la relation intime de coopération, d’opposition et/ou de mimétisme entre Eglises et Etats. La religion est souvent constitutive de l’identité collective d’un peuple ; elle est aujourd’hui un répertoire d’expression privilégié des particularismes. Elle représente un enjeu particulièrement sensible du mode de régulation de la diversité sociale et de la gestion du clivage public-privé. Enfin, la religion apparaît comme un corpus de représentations, de croyances et de pratiques en pleine mutation, mais dont la prétention normative subsiste potentiellement comme alternative, complément ou concurrence à la légitimité politique.

Deux dimensions principales seront interrogées, dimensions que les contributions sont plus particulièrement invitées à discuter : d’une part, celle du rapport du religieux aux institutions; d’autre part, celle de la reconversion de l’affirmation religieuse comme identité et comme mémoire dans le contexte d’un espace public européen émergent.

1/ Religion et institutions

Le rapport de la religion à l’institution religieuse et à l’institution politique constitue un problème central. Compte tenu de l’individualisation et de la déstructuration des croyances et des pratiques, le fait spirituel échappe de plus en plus aux hiérarchies traditionnelles. Dans le même temps, les Eglises ont obtenu lors du processus constitutionnel européen leur reconnaissance comme partenaires privilégiés de la gouvernance. Au niveau national, en Italie, en Espagne ou en Pologne, on a assisté à ce qui a pu être interprété comme une tentative de retour des appareils religieux dans le débat politique. Est-on là en présence de tendances contradictoires de désinstitutionalisation du religieux dans la vie sociale et de réinstitutionnalisation dans la vie politique ? Faut-il y voir une reconversion de ressources en phase avec les logiques contemporaines, ou au contraire une stratégie de substitution tendant à " récupérer " indûment une influence perdue ? Quel éclairage cela jette t-il sur l’attitude des pouvoirs politiques ? Ces évolutions sont-elles homogènes dans les différents pays de l’Union européenne ? Quels sont à cet égard les effets, s’ils existent, de l’intégration européenne ?

2/ Religion, identité et espace public européen

Le rapport à la religion s’apparente aujourd’hui, selon l’expression de Danielle Hervieu-Léger, à un " bricolage spirituel " qui voit chaque individu ou groupe définir lui-même les modalités et les finalités de sa foi en marge des organisations et des conventions traditionnelles. Dès lors, la religion change de fonction. Diversifiée et éclatée, elle procède davantage du registre de l’identitaire et du communicationnel que de celui de la norme collective uniforme. Elle n’en demeure pas moins une ressource politique importante en constituant souvent un langage mobilisateur pour énoncer des discours politiques généraux de résistance ou d’adaptation au changement. La dimension transcendante cède alors le pas au contenu éthique et mémoriel.

La question est de déterminer si et dans quelle mesure la religion constitue un mode de légitimation (ou de délégitimation) des ordres politiques et sociaux, de délimitation et de renforcement des communautés politiques. Le débat sur l’opportunité d’une référence à Dieu ou à l’héritage chrétien de l’Europe dans la constitution européenne a illustré l’actualité persistante d’une telle interrogation, la pérennité des positionnements qu’elle suscite, en même temps qu’une certaine indicibilité des clivages énoncés en termes proprement religieux dans le cas par exemple de la candidature de la Turquie.

Les modes d’expression du fait religieux confirment-ils l’hypothèse d’un espace public européen émergent ? Le cas échéant, comment cet espace public européen s’articule t-il aux espaces publics nationaux ? Les niveaux transnationaux et/ou supranationaux viennent-ils concurrencer ou compléter le niveau national ? Peut-on parler de circulation des pratiques et des référentiels (modèles institutionnels, recettes d’action publique, répertoires d’action collective…) dans un marché européen du religieux ? Les usages du religieux traduisent-ils l’autonomie d’acteurs de la société civile ou la réponse à des stimuli institutionnels ? L’identité, la mémoire et les valeurs contemporaines ont-elles partie liée avec les appartenances confessionnelles ? De manière plus générale, si l’on accepte le postulat de la sécularisation de l’Europe, quel lien faire avec le désenchantement du politique ?

Programme du colloque

Jeudi 16 février 2006

10h30-13h00

Introduction générale : Croyances en mutation

Président de séance : Paul Magnette (ULB)

Discutant : Yves Deloye (Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

14h30-18h30

RELIGION, NATION, IDENTITES : DYNAMIQUES COMPAREES

Président de séance : Philip Schlesinger (University of Stirling)

Discutant : Jean-Paul Willaime (EPHE Paris)

Vendredi 17 février 2006

9h-13h

EUROPE ET ISLAM : UNE NOUVELLE ARTICULATION DU POLITIQUE ET DU RELIGIEUX ?

Président de séance : Olivier Costa (CERVL-IEP de Bordeaux)

Discutant : François Foret (FUCAM)

14h30-18h30

"L’EUROPE CHRETIENNE" ET BRUXELLES

Président de séance: Pierre Vercauteren (FUCAM)

Discutant : Paul Magnette (ULB)

Synthèse finale : Philip Schlesinger (University of Stirling)

Conclusion par les organisateurs

 

Comité organisateur

Comité scientifique

Responsable de l’organisation à contacter pour information : François Foret (francois.foret@fucam.ac.be)