Séance du 1er févier

Résumé des communications

Delphine Lacombe

Les modes de construction de la citoyenneté des femmes au Nicaragua

1979-2005 : des médiations multiples.

L’exercice et la formulation des droits citoyens au Nicaragua sont scandés historiquement en deux temps : la décennie sandiniste et l’instauration de la démocratie pluraliste conjuguée au néolibéralisme. Après avoir montré le " genre " de l’ordre social au sein de ces deux contextes, je donnerai à voir le rôle des mobilisations féminines dans l’essai de construction d’un " sujet-femme ", en éclairant leur double jeu d’adaptation aux contraintes de l’action publique et des normes du développement, et de desserrement permanent de ces dernières. Je prendrai l’exemple de la lutte contre les violences intrafamiliales et sexuelles pour illustrer mon propos.

Elisabeth Marteu

Genre, Nationalité et Citoyenneté : les défis des ONG de femmes arabes palestiniennes en Israël

Penser au concept de citoyenneté dans le contexte israélien oblige à prendre en considération la dimension intrinsèquement communautaire de la société israélienne et de son cadre étatique. L'Etat d'Israël est fondé sur une ambivalence juridique qui amène chaque individu à disposer d'une citoyenneté israélienne et d'une nationalité liée à ses origines nationales. C'est ainsi que les Palestiniens d'Israël sont enregistrés comme citoyens israéliens mais disposent d'une nationalité (leom) arabe. La situation se complexifie encore un peu plus si on intégre une dimension genrée à notre analyse. Apparaît alors un phénomène de double discrimination dont sont victimes les citoyennes arabes. Il s'agira donc dans un premier temps de décrire et de mieux comprendre le système juridique et politique israélien qui ne garantit pas une entière égalité de droit ni de fait entre citoyens juifs et citoyens arabes tandis qu'il perpétue un schéma patriarcal d'accès à la citoyenneté. Dans un second temps, il s'agira de se positionner du côté des ONG de femmes arabes en Israël et d'analyser la manière dont elles réagissent face à ces discriminations. La complexité du rapport entre nationalité arabe, identité palestinienne et citoyenneté israélienne prendra alors tout son sens dans un espace où la conciliation entre lutte féminine et lutte nationale relève de la survie. Il apparaît alors que l'articulation n'est pas aisée à conduire ni même à justifier dans un contexte où les questions féministes sont politisées et placées au centre des critères d'évaluation de la transition démocratique dans le monde arabe. Comment défendre des droits genrés sans trahir la cause nationale? Comment négocier la jouissance de droits citoyens sans dénaturer la lutte nationale? Interrogations qui posent alors plus largement la question de la portée citoyenne de la participation sociale et politique des femmes. Dans un contexte de segmentation communautaire, participer ne veut pas forcément dire s'intégrer.  

Stéphanie Guyon

L’engagement politique des femmes à St Laurent du Maroni : genre, rapports sociaux de race et citoyenneté.

Cette contribution porte sur l’engagement politique des femmes dans la commune de St Laurent du Maroni (Guyane française) de la loi de départementalisation (1946) à nos jours.

Comment les femmes des différentes communautés de St Laurent, créoles, amérindiennes et noirs-marrons ont-elle pu s’approprier la citoyenneté française dont les principes ont été définis de manière totalement exogène à l’ordre social guyanais ? En effet la Guyane, à la différence des autres territoires évoqués à cet atelier, fait partie intégrante de la République française et à ce titre de l’Union Européenne et les habitants de Guyane ont accédé à la citoyenneté en 1946 au moment de la transformation des vieilles colonies en département d’outre-mer. Contrairement à la métropole, en Guyane, les femmes accèdent donc au droit de vote au même moment que les hommes. Néanmoins malgré l’universalité formelle de la loi de départementalisation qui accorde le droit de vote à tous les habitants de Guyane, la chronologie de l’accès à la citoyenneté est distincte selon les communautés. Nous nous intéresserons d’abord à l’entrée des femmes créoles dans la sphère de la citoyenneté puis aux processus de politisation en cours des femmes des autres communautés. En particulier nous essaierons d’articuler rapports sociaux de race et de sexe pour comprendre l’invisibilité politique des femmes amérindiennes et noir-marron au sein de l’institution communale et leur politisation dans le secteur associatif et coutumier.