Congrès de l’AFSP 2007
Module du GERMM

Appel à communications

" Questions de méthode "

La sociologie des mouvements sociaux s’est curieusement développée en laissant jusqu’à présent largement de côté la question des méthodes employées, ou utilisables, pour étudier l’action collective (à quelques exceptions près, dont récemment l’ouvrage collectif dirigé en 2002 par Bert Klandermans et Suzanne Staggenborg, Methods of Social Movement Research). Si les traités théoriques abondent, les ouvrages consacrés à la méthode ou aux techniques d’enquête sont encore rares, voire quasiment inexistant — notamment dans la littérature francophone. Pourtant la recherche, en Europe et Outre-Atlantique, s’appuie très largement sur de grandes enquêtes empiriques et sur une pluralité de savoir-faire méthodologiques. Il est d’ailleurs peu de terrains sur lesquels le pluralisme méthodologique soit si fortement affirmé, conduisant le chercheur qui s’intéresse aux mouvements sociaux à devoir maîtriser des techniques diversifiées et complémentaires : enquêtes quantitatives par questionnaires auprès des organisations ou dans le déroulement même des événements protestataires, usage des sources de seconde main (journaux, archives, témoignages, récits), entretiens, notamment biographiques, avec les activistes, observation participante, analyse de contenu et de documents écrits (tracts, déclarations) ou filmés, etc..

Ce module du GERMM, d'une durée de trois heures, vise à amorcer la réflexion sur ces questions, en travaillant deux thèmes qui constitueront les deux axes de ce module.

- " Protester en nombre : mesurer, compter, dénombrer ". Il s’agit d’abord de dresser un bilan des techniques d’enquête quantitative sur les mouvements sociaux. Quels sont d’une part les apports et les limites des enquêtes par questionnaire sur l’action collective ? Si les réflexions méthodologiques sur la technique du questionnaire et du sondage en général sont utiles, elles doivent porter sur des exemples précis et concrets. Les cas relatifs aux enquêtes dans les manifestations et plus largement portant sur les participants à des événements protestataires (grands défilés, forums sociaux, contre-sommets, etc.) seront privilégiés. Au-delà des enquêtes par questionnaire ce sont d’autre part les techniques de dénombrement et de classification des événements protestataires qui seront discutées, en particulier les problèmes de méthode que pose la " protest event analysis " : comment compter les événements protestataires ? Comment les classer ? A partir de quelle source construire de telles nomenclatures ?

- " Interpréter, comprendre, reconstruire : comment accéder aux significations de l’événement ". Les travaux consacrés aux mouvements sociaux accordent une place croissante à l’étude des significations que les participants confèrent à leurs activités, aux interactions qui sont la trame de l’action collective, aux processus symboliques qui travaillent le sens de l’événement ou encore aux émotions qui sont censées en constituer le ressort. Ces analyses qui valorisent la compréhension se heurtent cependant à d’importants problèmes de méthodes. Comment accéder, parfois bien longtemps après que les faits se soient produits, aux significations de l’événement et/ou aux sens que les participants y accordent ? Sur quels matériaux concrets peut porter une analyse en terme de " cadrage " ? Comment peut-on falsifier une analyse des émotions ? Les contributions présentant de manière critique le recours à l’entretien ou à l’observation seront privilégiées. Les contributions relatives aux analyses de discours et/ou de contenu sont également les bienvenues, si elles s’appuient sur des dispositifs empiriques originaux et/ou innovants.

Les propositions de communications sont à adresser avant le 15 mars 2007 aux trois adresses suivantes :

eric.agrikoliansky@dauphine.fr

Olivier.Fillieule@unil.ch

nonna.mayer@sciences-po.fr