GERMM — Séance du 5 décembre 2002 : "Du militantisme à la militance. Une étude microsociologique des modalités de participation des militants 'antimondialisation'à travers l'exemple d'un comité local parisien d'ATTAC"

Texte de Maxime Szczepanski pour la séance : "Du militantisme à la militance. Une étude microsociologique des modalités de participation des militants 'antimondialisation', à travers l'exemple d'un comité local de l'Association pour la taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens (A.T.T.A.C.)".
Article à paraître dans Regards sociologiques, n°24, novembre 2002.

szczeski@hotmail.com

 

Beaucoup a été dit et écrit sur les transformations qu'aurait subi,

depuis vingt ans, la figure traditionnelle du militant dans le monde

occidental post-industriel. Du diagnostic de sa " crise " [Ravenel, 1999]

aux études consacrées à ses " mutations " [Perrineau & alii, 1994], les

réflexions n'ont pas manqué pour souligner à quel point le militant

d'aujourd'hui se distinguerait de celui d'hier. La crise de vocation

militante dans les grandes structures partisanes ou syndicales traduirait,

selon la plupart des observateurs [Ion, 1997 ; Barthélemy, 1999 ; Sommier,

2001], une plus grande réticence des adhérents à investir leur temps et

leurs moyens dans des organisations à la légitimité contestée, et une

préférence pour des formes d'engagement ciblées sur des causes spécifiques,

durant des périodes courtes et déterminées. L'objectif de cet article ne

sera pas de remettre en cause cette vision, mais de tenter d'appréhender de

manière plus précise les formes contemporaines d'implication des individus

dans l'action collective, à travers l'observation participante des

pratiques et des modes d'organisation d'un petit groupe de militants

parisiens de l'Association pour la taxation des transactions financières

pour l'aide aux citoyens (A.T.T.A.C.) .

" Cette association à nulle autre pareille "

Fruit de l'effort concerté d'une quarantaine d'organisations

(syndicats, associations, journaux) réunies sous l'impulsion du directeur

général du mensuel Le Monde diplomatique, Bernard Cassen, l'A.T.T.A.C. se

présente volontiers comme un objet aux caractéristiques originales dans le

paysage pourtant luxuriant de l'action collective française. A la suite

d'un appel lancé en décembre 1997 par Igniacio Ramonet , directeur du

mensuel, cette association a en effet acquis, très rapidement, une

visibilité médiatique et politique importante. Avec des effectifs en

croissance constante depuis sa création jusqu'en 2001 , des relais au sein

des parlements français et européens, une attention particulière de la

presse quotidienne et hebdomadaire nationale pour ses activités et ses

revendications et, last but not least, un nombre croissant d'études

universitaires s'attachant à expliquer les raisons de son succès [Mathieu,

2001 ; Patou, 2000, 2001 ; Trautmann, 2000], on peut dire de ce mouvement

qu'il a bien su s'insérer dans les arènes politiques et sociales

nationales. Nul étonnement donc à ce que le président actuel de

l'A.T.T.A.C., Bernard Cassen , la qualifie d' " association à nulle autre

pareille " [2002, 9]. Mais à moins de prendre pour objectives et dénuées de

tout enjeu symbolique les affirmations des acteurs impliqués directement

dans les processus de mobilisation, il paraît difficile de ne pas

questionner leur degré de validité, à l'aune notamment des pratiques

étudiées dans d'autres mouvements. On s'efforcera donc de replacer, aussi

souvent que possible, les observations microsociologiques formulées ici

dans des cadres d'analyse plus larges : celui, d'une part, des 230 comités

locaux que compte actuellement l'A.T.T.A.C. et celui, d'autre part, des "

médias-associations " [Salmon, 1998] qui, pour un certain nombre d'entre

elles, ont activement participé à sa création.

La structuration de cette association à vocation, selon le discours

de ses dirigeants, internationale, repose en effet sur ces deux éléments,

consubstantiels à son essor actuel. D'un côté, les membres du Monde

diplomatique ont tenu à associer à leur démarche des mouvements syndicaux

et associatifs, ainsi que certains acteurs de la presse engagée de gauche

et d'extrême gauche . De l'autre, l'initiative du mensuel a été relayée, au

niveau local, par des lecteurs qui, sans attendre de directive ou de mot

d'ordre venant du " haut ", ont organisé des débats ou des manifestations

publiques en revendiquant leur appartenance à l'A.T.T.A.C . Ces " comités

locaux ", selon l'appellation consacrée, constituent l'assise militante de

l'association.

Le statut ambigu des structures locales :

La place accordée à ces groupes dans les instances nationales

demeurent toutefois mal définie. Créés sous l'impulsion de personnes qui ne

disposaient, originellement, d'autre reconnaissance que celle conférée par

la lecture du Monde diplomatique ou, plus rarement, par leur appartenance à

l'une des organisations fondatrices, ils ont rapidement acquis une

légitimité de fait. Ils ne figurent néanmoins pas dans les statuts

nationaux de l'association, et ne disposent pas de pouvoir de décision

autre que local .

Paradoxalement, l'absence originelle de norme de création commune n'a pas

empêché une certaine uniformisation des pratiques. Ainsi, un trait commun à

de nombreux comités réside dans la faiblesse, souvent volontaire, des

structures de fonctionnement locales. Le statut de comité local n'exige pas

de forme juridique précise, ni même la signature d'un texte officialisant

les rapports entre le comité et les instances nationales : l'adhésion à une

" charte " n'intervient que lorsque le groupe local a effectivement décidé

de se doter de la forme associative, qui ne lui est ni imposée, ni

demandée. On remarque toutefois qu'à quelques exceptions près , chaque

département compte un comité constitué en association. Celui-ci se divise,

dans certaines régions, en plusieurs " secteurs " ou " groupes locaux "

destinés à faciliter les réunions et les rencontres, généralement

mensuelles ; une fois par trimestre (en moyenne) a lieu, comme dans l'Aisne

ou la Charente-Maritime par exemple, une séance destinée à rassembler les

participants des différents groupes.

A Paris, la plupart des comités ont adopté une forme associative. Comme

dans d'autres régions, il semble qu'un tel choix réponde à deux impératifs

: l'un d'efficacité, la forme juridique type Loi 1901 offrant une

visibilité institutionnelle qui permet de louer des salles, de recevoir des

subventions municipales ou régionales et de s'imposer comme interlocuteur

officiel auprès des édiles locaux ; l'autre d'ordre symbolique et matériel,

dans la mesure où le comité local se voit reconnu par les instances

nationales et reçoit ainsi une partie des sommes versées par les membres

lors de leur adhésion . On peut donc légitimement s'interroger sur le refus

manifeste, régulièrement réaffirmé de surcroît dans certains comités, de ne

pas choisir de s'assembler en association, alors que cette dernière

constitue l'une des formes les moins contraignantes d'organisation. Comme

nous aurons l'occasion de le souligner, ce rejet de toute structuration

explicite renvoie, pour partie, à des modes d'engagement spécifiques des

membres de l'A.T.T.A.C. qui se perçoivent bien souvent comme des "

adhérents " à un mouvement plutôt que comme des " militants " : ce dernier

terme est principalement utilisé dans des expressions du type " militant

anti-mondialisation ", sans référence d'appartenance à une entité précise.

On peut dire du mouvement, dans ce cadre précis, qu'il reste au second plan

par rapport à la cause défendue.

En ce sens, l'engagement des adhérents de l'A.T.T.A.C. au sein des comités

locaux peut être abordé en suivant trois angles d'approche. Quelles sont

(1) les degrés d'implication des individus dans les actions des comités

locaux ? Le discrédit jeté sur la figure traditionnelle du militant

n'entraîne-t-il pas (2), en contrepartie, un recul de la participation

préjudiciable à la cohérence de l'activité revendicatrice ? Comment les

adhérents concilient-ils (3), enfin, ce militantisme " à la carte " avec

les contraintes de la démocratie interne ? Afin de donner un contenu

concret aux remarques qui vont suivre, nous nous réfèreront plus

particulièrement aux pratiques des membres du comité A.T.T.A.C. du 20ème

arrondissement de Paris.

Des degrés de participation inégaux :

Le comité " Attac 20ème " se réunit depuis sa création les premier et

troisième jeudis de chaque mois, de 19 heures trente à 22 heures. Cette

fréquence, comparée à celle d'autres comités, est assez élevée ; la plupart

des autres groupes proposent en effet une réunion mensuelle pour l'ensemble

des adhérents, associée souvent, il est vrai, à un conseil d'administration

lui aussi mensuel auquel l'ensemble des membres a la possibilité

d'assister. Le 20ème arrondissement, avec environ 200 adhérents , compte à

lui seul parmi les effectifs les plus importants de Paris, où plusieurs

arrondissements durent s'associer afin d'atteindre une " masse critique "

suffisante. Pourtant, les réunions semi-mensuelles ne rassemblent, selon

nos observations, qu'entre 20 et 30 personnes à chaque séance ; lors des

quelques conférences organisées par le " collectif d'animation ", ce

chiffre put exceptionnellement monter à 60. Cet écart manifeste entre le

nombre d'adhérents recensés et celui des participants effectifs ne

constitue pas un particularisme local. On le retrouve également dans

l'ensemble des autres groupes, où les taux de participation aux différentes

manifestations du comité dépassent rarement, en moyenne, 30 % . Faut-il y

voir une spécificité propre à l'A.T.T.A.C. ? Il serait tentant en effet

d'opposer à l'essor remarquable de l'association cette absence

d'implication directe de près des deux tiers des adhérents.

Pourtant, une comparaison rapide avec le secteur associatif

français révèle que cette " association à nulle autre pareille " présente

des caractéristiques semblables à celles mesurées ailleurs. M. Barthélemy

[1999, 65] rappelle ainsi que " [...] globalement, la participation active

[ne] concerne au mieux que 40 à 50 % des adhérents [...] ", ce qui

contribue à nuancer la faiblesse générale de la " participation active " à

l'A.T.T.A.C. On peut néanmoins s'interroger sur le sens donné à une telle

expression, susceptible de varier selon les auteurs, et selon les

perceptions qu'ont les acteurs de leurs pratiques…

Engagement actif, engagement passif : essai de typologie.

L'examen des pratiques militantes des membres du comité du 20ème révèle en

effet plusieurs faits dignes d'intérêt. Le premier suggère que seul un très

petit nombre d'adhérents se retrouve régulièrement pour discuter de

l'actualité, transmettre les informations concernant la vie du mouvement et

mettre en place les différentes actions locales. Si ce sous-groupe

dynamique, le " collectif (ou comité) d'animation ", fonctionne dans le

20ème de manière informelle, les comités constitués en association

disposent d'un type de structure similaire, représentée par le bureau ou le

conseil d'administration. C'est à ce cercle qu'appartiennent d'éventuels "

entrepreneurs de cause " [McCarthy, Zald, 1977], adhérents à l'expérience

militante souvent ancienne, réinvestissant savoirs et réseaux

interpersonnels ; on y relève également la présence d'un ou plusieurs "

correspondants électroniques ", chargés notamment de " faire le point "

lors des réunions sur les informations majeures qui transitent par ce

média. Enfin, y participent un nombre limité et assez constant d'adhérents

(entre six et huit personnes dans le 20ème) qui suivent de manière souvent

attentive l'actualité , participent ou animent des " groupes de travail "

sur des questions spécifiques, se rendent aux diverses réunions régionales

ou nationales qui rythment la vie de l'association, représentent le comité

lors des manifestations de quartier (par le biais de stands où l'on

distribue tracts d'informations, affiches…), et gèrent concrètement (en

fixant un ordre du jour, en rédigeant des comptes-rendus et en les

transmettant aux membres du comité ) le fonctionnement du groupe local. La

plupart de ces adhérents connaissent également les grands débats qui

agitent l'association, ses tensions, ses éventuels clivages et ses rapports

de forces. Ce sont eux qui exercent, de manière latente ou effective, un

contrôle normatif sur les actions des instances nationales, en limitant

(par leur maîtrise des " dossiers ") les effets de la " loi d'airain de

l'oligarchie " [Michels, 1971, 290]. Ils peuvent par conséquent, pour

toutes les raisons citées, être qualifiés de participants actifs.

Chaque réunion rassemble également des adhérents à la présence régulière

mais qui, à la différence des précédents, ne s'investissent pas dans le

fonctionnement quotidien du comité local. Leur degré d'information reste

souvent très élevé et leur connaissance de l'association importante, mais

leur participation s'engage rarement au-delà des rencontres formelles ("

conférences " ou " débats ") auxquelles ils ne contribuent que peu, voire

pas du tout à l'organisation. Ils n'hésitent pas néanmoins à prendre part à

des actions locales particulières ou à assister, occasionnellement, à des

réunions régionales ou nationales ; sur le moyen terme, leur assiduité ne

se dément pas. Leur contrôle s'exerce à la fois sur le niveau national

(pour des raisons similaires aux participants actifs) et sur le local, car

ils disposent parallèlement au collectif d'animation de ressources

informationnelles suffisantes pour participer activement aux débats. Afin

de tenir compte de l'ambivalence de leur engagement, qui oscille entre

absence et volonté de participation, on qualifiera celle-ci d'active-passive.

Une troisième modalité d'implication concerne, dans le comité Attac 20ème,

les personnes qui assistent aux réunions mais ne s'impliquent pas ou que

peu dans la vie associative. Sans être complètement spectateurs, ils ne

prennent guère la parole en public, tout en restant extrêmement attentifs

aux discussions. Leur participation à des actions locales paraît faible, et

demeure inexistante en terme d'organisation. D'après la connaissance de

l'actualité médiatique et de la vie associative dont ils semblent disposer,

on peut postuler que leur présence répond, pour partie, à un besoin

d'informations, voire de " formation ", dont ils ne disposent pas par

ailleurs. En ce sens, et à la différence des modes d'engagement précédents,

ils reçoivent plus de l'association qu'ils ne lui apportent. Pour cette

raison, leur participation peut être dite passive.

Avec les adhérents actifs, nous abordons un quatrième aspect de

l'engagement au sein de l'Attac 20ème. En effet, cette catégorie rassemble

des membres qui, tout en connaissant l'existence d'un groupe local, ne

participent pas à ses activités en temps ordinaire. Ils peuvent cependant,

à l'occasion d'un événement particulier (" conférence " d'un membre du

conseil scientifique ou d'un chercheur associé aux activités de

l'A.T.T.A.C., " débat " avec un membre du Bureau ou du Conseil

d'administration ) organisé par le comité, venir assister à certaines

manifestations en simple spectateur. Généralement, ce type d'action

bénéficie d'une publicité accrue (dans la presse, sur l'Internet, par voie

d'affichage ou de tractage dans le quartier), les participants n'hésitant

pas le cas échéant à organiser des " chaînes téléphoniques " afin

d'informer rapidement le maximum de membres. A la suite d'un rassemblement

de ce type, des adhérents actifs sont susceptibles de venir assister à une

ou plusieurs réunions du comité local et devenir, dans ce cas, des

participants.

Enfin, la grande majorité des membres de l'A.T.T.A.C., dans le 20ème

arrondissement, s'inscrit dans une adhésion que l'on qualifiera de passive.

Leur engagement se traduit en effet, et avant tout, par le paiement de leur

cotisation annuelle. En dehors de cet acte (vital pour l'association), ces

adhérents passifs ne participent presque jamais aux activités de

l'association, à quelque niveau que ce soit, et ne paraissent pas

manifester d'intérêt particulier pour la vie du mouvement, en dehors de ce

qu'ils peuvent en lire ou en voir dans les différents médias. A ce titre,

le mensuel Lignes d'attac s'affirme comme un moyen de " combler "

l'absence de relations directes entre ces membres et l'association à

laquelle ils ont apporté leur aide matérielle, sans toutefois s'y investir

personnellement. Comment expliquer le geste (renouvelé, de surcroît) de ces

milliers d'adhérents ? Faute d'étude approfondie, nous ne pouvons offrir

aucun élément de réponse définitif à cette question. Mais il faut souligner

l'importance et le poids symbolique d'un certain nombre de propositions

dans l'émergence de l'A.T.T.A.C. comme acteur de la lutte

anti-mondialisation au sein des arènes politique et médiatique. On peut

donc supposer que, moins qu'à l'idée d'engagement personnel, la majorité

des membres de l'A.T.T.A.C. adhère à un certain nombre de principes

(d'égalité, de meilleure répartition des richesses par exemple) traduits -

notamment dans la presse - sous forme d'idées-slogans (" le monde n'est pas

une marchandise ", la " lutte contre la malbouffe " et, bien sûr, la " taxe

Tobin ") dans lesquelles ils se reconnaissent pour partie . Cette catégorie

se distingue de celle, plus générale et plus floue, du " bystander public "

[Turner, 1969] qui regroupe des " non-adhérents qui, sans soutenir les

actions de l'association, ne s'y montrent pas hostile. " [Bourneau, Martin,

168].

Il convient d'ajouter que l'engagement, qu'il soit actif ou passif, se

caractérise dans le comité du 20ème par sa remarquable absence de statisme.

Autrement dit, un participant peut très bien limiter son action au sein du

groupe pendant quelques semaines ou quelques mois, et devenir ainsi

adhérent, sans pour autant perdre son statut de membre à part entière du

comité. On trouve peut-être ici une des raisons du fort turn-over qui règne

dans de nombreux groupes locaux : le groupe n'exerce aucun contrôle direct

ou indirect visant à instituer des rôles de manière claire et définitive ;

le collectif d'animation demande souvent à ce que des personnes différentes

aillent aux différentes réunions régionales ou nationales . La plupart des

comités français ont certes adopté, par le biais de l'association, une

forme inscrivant statutairement les responsabilités. Néanmoins, beaucoup

fonctionnent de manière collégiale, refusant même, pour certains, d'élire

un président et un secrétaire .

Par-là même, ces formes d'engagement associatif offrent des possibilités

d'investissement où chaque action, même épisodique, même minime, a pour les

membres du groupe une valeur intrinsèquement militante. On perçoit

néanmoins une nette différence entre cette forme de militantisme, peu voire

pas " chronophage ", qui accorde une même signification à des pratiques

parfois très variées, et l'image traditionnelle du militant " sacrifiant "

à la défense de la cause une large partie de son temps. Un ancien

coordinateur et membre fondateur du comité du 20ème, économiste au

ministère des Affaires étrangères, exprime ainsi de manière particulière

cette distinction en employant le terme de " militance " :

" [...] dans le même temps, on remarquait aussi - et C. T. même disait

récemment que c'est toujours à peu près la même chose - qu'on tournait à

30, 40 personnes, quelle que soit la semaine, et quelques soient les

participants… Sur un total de 200, 250 [adhérents dans le 20ème

arrondissement]… Et, de ce que j'ai su des autres comités locaux, c'est une

proportion difficilement dépassable… Une chose est de participer, est

d'adhérer - un acte de militance important -, une autre est de pouvoir

prendre sur son temps pour y aller ; et puis il y a des gens qui nous

disent : non, moi, ma militance c'est… J'adhère, je vote le moment venu… La

contribution financière, et puis ça s'arrête là… Ce qui est tout à fait

honorable. "

La " militance " ainsi définit n'exclue pas un investissement personnel

important de la part des participants. Mais à la différence du

militantisme, elle traduit une forme d'engagement plus distanciée vis-à-vis

de la cause défendue et, surtout, beaucoup plus fragmentée dans le temps.

Ce que l'on pourrait presque décrire comme un " militantisme à la carte "

trouve sa traduction dans la manière dont sont rédigés certains bulletins

d'adhésion. Celui du 15ème arrondissement demande ainsi :

" Par quelles formes d'actions êtes-vous intéressés ? (Réflexions

thématiques, contacts avec les associations, avec les élus, aide à la

rédaction, à la gestion du site web, distributions de tracts, organisations

de conférences, et d'autres…) : "

Ces pratiques de " militance " des membres de l'A.T.T.A.C.

s'inscrivent-elles dans un contexte plus général ou, au contraire, leur

sont-elles spécifiques ? Une fois encore, force est de constater que cette

association présente des caractéristiques semblables à celles observées,

notamment, par J. Ion ou M. Barthélemy dans leurs études respectives sur le

militantisme français contemporain. Voyons à présent si, dans leur manière

de percevoir leur engagement et le sens qu'ils lui accordent, les adhérents

de l'A.T.T.A.C. se rapprochent ou s'éloignent des grandes tendances actuelles.

De l'engagement distancié au déficit participatif :

Les discours tenus par les membres de l'A.T.T.A.C. dans les réunions

publiques ou lors d'entretiens révèlent une constante indéniable : tous

insistent directement ou indirectement sur leur refus d'accorder aux

activités de l'association une place trop importante par rapport au temps

dont chacun dispose à côté de ses occupations professionnelles ou

familiales. Là encore, une enquête plus approfondie serait nécessaire pour

valider des hypothèses formulées à partir d'études locales nécessairement

partielles. Néanmoins, de nombreux indices concordant rappellent à

l'observateur que les cadres de perception du militantisme se sont sans

doute beaucoup modifiés au cours de ces vingt dernières années. En

s'appuyant sur des extraits d'entretiens réalisés avec des membres du

comité Attac 20ème, plusieurs aspects de la militance actuelle peuvent être

ainsi dégagés.

Le rejet du militantisme classique comme " sacrifice " à la cause :

On remarque en premier lieu que tous les acteurs impliqués, à quelque

niveau que ce soit, dans les actions de l'association, attachent une

importance primordiale à la gestion et au don de leur temps. Celui-ci

semble être une des ressources à laquelle ils tiennent le plus :

" On a adhéré concrètement en mai 1999… [...] Et puis j'ai eu la

connaissance d'Attac par un copain qui est à Attac 15ème… Donc,

théoriquement, je trouvais ça extra, son engagement à Attac… Mais alors,

justement, comme il parlait de… l'espèce de conférences internes, qu'ils

donnent ; enfin, de réunions internes de formation sur les sujets

économiques… Et puis qu'ils les préparaient, enfin bon… J'avais

l'impression que cela nécessitait un engagement assez important, alors je

me suis dit : " moi, non, j'y vais pas… " [...] Et puis j'étais déjà

adhérente au S.E.L. , [...] je ne voulais pas mener non plus plusieurs

choses de front… Et finalement, comme au niveau du S.E.L., ça a flanché,

j'me suis dit… Et puis, j'perdais beaucoup de temps, je trouvais ça assez

stérile ; j'me suis dit, finalement, autant se consacrer à Attac [...] "

De fait, le collectif d'animation du 20ème réunit rarement, au même moment,

tous ceux que l'on a désignés par l'expression de participants actifs. Le

quotidien du comité local repose largement sur leur engagement personnel ;

néanmoins, peu cumulent plusieurs fonctions au sein de l'association comme

peu assurent en permanence les tâches de gestion ou d'information.

Assiste-t-on, comme l'affirme J. Ion, à une " redéfinition des rapports

entre vie privée et vie militante " [1997, 60] aux dépens de cette dernière

? A l'exception des renseignements fournis par les adhérents eux-mêmes lors

des entretiens, nous ne disposons pas de données suffisantes pour valider

cette hypothèse. Mais d'une manière générale, il semble en effet que les

actions collectives (réunions ou manifestations) mobilisent peu la grande

majorité des membres de l'A.T.T.A.C. ; on objectera simplement que la " vie

militante ", telle que la conçoivent de nombreux adhérents et participants

de l'association, implique généralement la lecture d'une presse engagée -

comme le Monde diplomatique - ou du courrier électronique, qui s'effectue

bien souvent dans un cadre privé.

Une des conséquences majeures de cette réticence des membres de

l'A.T.T.A.C. à s'investir de manière trop personnelle dans les actions

locales est la grande parcellisation du " travail " associatif fournit par

chacun, au point parfois de rendre flou à l'extrême les limites définies

plus haut entre participants et adhérents, entre actifs et passifs : le

réseau intégral (car chacun, à l'intérieur du collectif d'animation, se

connaît et est en relation avec les autres) non institué offre,

indéniablement, la possibilité à chacun de ne s'engager qu'épisodiquement

dans les activités du groupe en fonction de ses moyens et de sa volonté

d'implication. En ce sens, la notion de projet telle qu'elle est définie

par L. Boltanski et E. Chiapello [1999, 157] caractérise bien les formes

d'adhésion et de participation des membres de l'A.T.T.A.C. : chacun

s'engage volontairement durant un laps de temps plus ou moins court sur des

actions ciblées, tout en sachant que la poursuite éventuelle de son action

ne dépend que de lui . Mais on remarque qu'à l'extrême " souplesse " du

fonctionnement répond une certaine fragilité des structures même de

l'association au niveau local. Il arrive en effet fréquemment qu'un projet

soit porté par une seule personne qui, par ses compétences ou son temps

libre, le dynamise fortement. Or si, pour une raison quelconque, elle

ralentit sa participation active, l'absence de relations de contrôle risque

de nuire à la bonne marche du projet. Dans le 20ème arrondissement, il

semble que le départ de L. D., cité plus haut, qui joua le rôle de

coordinateur pendant la première année de fonctionnement du comité,

entraîna une certaine désorganisation du groupe et de ses actions pendant

quelques mois. Dit autrement, chacun, à l'intérieur du réseau, compte

également sur l'autre pour mener à son terme l'organisation et la

concrétisation des différents projets.

Face à ce qui ressemble à une résurgence du free-rider définit par M. Olson

[1978], on peut s'interroger sur la nature des éventuelles " incitations

sélectives " qui poussent les membres de l'A.T.T.A.C. à participer de près

aux projets de l'association. Sans qu'une réponse définitive puisse être

apportée, on remarque que beaucoup d'adhérents sont à la recherche

(notamment) de ressources informationnelles : faire partie d'un projet,

c'est aller chercher plus d'informations (sur l'Internet, dans la presse,

dans des ouvrages d'enquête ou de vulgarisation…) tout en passant par un

nombre moins important d'intermédiaires. A cela s'ajoute la satisfaction de

pouvoir partager son savoir, ses connaissances ou ses informations ; de ne

plus être en " simple " position de spectateur qui, par manque de moyens,

ne peut participer que de loin aux débats et aux discussions et d'obtenir,

ainsi, la reconnaissance du comité. Cela permet, enfin, de rencontrer et de

se lier d'amitié avec d'autres adhérents au sein d'un groupe qui gagne

ainsi en cohérence.

La transitivité des adhésions :

Le deuxième aspect caractéristique des modes de " militance " à

l'A.T.T.A.C. réside dans la fréquence des pratiques de transitivité.

Autrement dit, un certain nombre de participants associent souvent une

autre adhésion (à un parti politique, un syndicat ou une association) à

leur engagement à l'A.T.T.A.C. En soit, la transitivité ne présente pas un

caractère totalement novateur ; les militants du Parti communiste

jumelaient fréquemment leur adhésion à un engagement actif à la C.G.T. (ou

à l'U.N.E.F. en tant qu'étudiant). Mais comme le souligne J. Ion [1997,

49], ces " appartenances multiples " restaient inscrites dans le cadre de "

constellations " d'appartenance (P.C.F.- U.N.E.F.- C.G.T par exemple) bien

définie dont il était difficile de s'extraire. En ce sens, " ce qui est

nouveau [...], c'est qu'un individu puisse sortir de sa constellation et

transiter dans différents groupements relevant de diverses constellations. "

L'A.T.T.A.C. semble a priori structurellement vouée à ces pratiques

de transitivité par le biais de ses organisations fondatrices. Cependant,

on reste dans ce cas proche de la notion de constellation (sans que ce

terme caractérise exactement la nature des relations entre l'association et

ses membres fondateurs) car des militants syndicaux ou associatifs membres

de S.U.D., de la C.I.M.A.D.E. ou de A.C. ! peuvent légitimement adhérer à

un groupe local ou même en être à l'origine. A plus forte raison, les

appartenances croisées entre Les Amis du Monde diplomatique et

l'A.T.T.A.C. ne participent pas des processus de transitivité tels que les

définit J. Ion, car les adhérents demeurent dans la constellation du Monde

diplomatique . Pour autant, l'observation des réunions d'un groupe local

révèle, par le biais des différentes interventions des personnes présentes,

des réflexions et des informations échangées au cours des rencontres

formelles ou informelles, que certains participants adhèrent également à un

parti politique. Dans ce cas précis, il s'agit bien de transitivité, car

les organisations partisanes sont déclarées officiellement persona non

grata par les instances nationales et locales même si, en tant qu'individu,

les militants politiques peuvent évidemment faire partie de l'A.T.T.A.C.

Comment se manifeste publiquement cette double adhésion ? D'après ce que

nous avons observé, dans la plus grande discrétion ; lors des réunions du

comité du 20ème arrondissement, ce n'est qu'exceptionnellement que les

participants affichent ouvertement leur appartenance à un parti politique,

comme l'explique ce participant actif :

" Je suis autant militant au sein des Verts que militant au sein

d'Attac. J'essaie de maintenir l'équilibre. [...] Sur le plan pratique, je

fais une distinction volontaire, au sens où je suis très soucieux de ne pas

donner l'impression que je manipule. A la limite, je fais beaucoup

d'autocensure… Je réfrène beaucoup de remarques, qui pourraient renvoyer à

ma sensibilité, à mon organisation politique, par rapport à l'écologie

politique. Je pense qu'il y a énormément de choses au sein d'Attac qui

pourraient être enrichies [par] la prise en compte de l'écologie politique

; simplement, si je fais ça, [...] vu qu'il y a pas mal de gens qui savent

déjà que je suis chez les Verts, si je commence à ravancer ces propos là,

ce sera déjà connoté. Donc, je suis obligé de me réfréner. "

Une lettre de B. Cassen délivrée à tous les comités locaux en janvier 2000

invitait certes l'ensemble des adhérents à ne pas mentionner, lors de

réunions publiques ou dans les documents rédigés par les groupes, d'autres

appartenances que celle de l'A.T.T.A.C. Dans les faits, cette pratique

auto-instituée était déjà majoritairement la norme dans le comité du 20ème

arrondissements car, pour beaucoup de ses militants, l'adhésion à

l'A.T.T.A.C. se veut complémentaire d'un engagement partisan qu'aucun ne

renie par ailleurs, mais qui passe au second plan lors des réunions des

comités. Aux niveaux national comme local, les acteurs ont très largement

conscience de l'hétérogénéité des mouvements qui constituent l'association

et de la fragilité d'un équilibre politique dont la stabilité dépend, pour

beaucoup, de la capacité des adhérents à réguler eux-mêmes les dissensions

éventuelles dans le cadre d'un mouvement où, comme nous l'avons vu, les

relations de contrôle demeurent lâches .

La contestation des mécanismes de délégation :

Cette autorégulation, cette volonté permanente de la part des membres de

l'association d'éviter les conflits ouverts, trouve sa principale

traduction dans la recherche maximale du consensus dès lors qu'une décision

concernant le groupe local doit être prise. Concrètement, le vote n'est

quasiment pas utilisé comme moyen de parvenir à un compromis en cas de

désaccord entre les participants : dans le comité du 20ème, il ne sert

souvent qu'à entériner (à main levée) plus " officiellement " un accord

déjà partagé par l'ensemble des personnes présentes ; aucune procédure de

délégation ou de vote à distance n'a même été envisagée. Lorsqu'une réunion

nationale ou régionale réclame la présence d'un représentant du groupe,

celui-ci n'est jamais élu ni même, la plupart du temps, désigné : la

plupart du temps, c'est un participant actif qui se porte, bon gré mal gré,

volontaire.

Ces pratiques sont-elles spécifiques à l'A.T.T.A.C. 20ème ou les

retrouve-t-on dans d'autres comités ? Là encore, faute d'informations

précises, il convient de se garder de toute généralisation hâtive.

Néanmoins, les renseignements fournis par les groupes locaux laissent

penser que de nombreux comités privilégient la " collégialité " dans la

prise de décision plutôt que la délégation : des participants sont bien

sûr élus dans la plupart des comités mais, moins que la direction politique

du groupe local, ils assurent essentiellement des tâches de coordination

des actions (envoie des courriers aux adhérents et préparation des "

conférences "). L'A.T.T.A.C. se caractérise donc, paradoxalement, comme un

mouvement où la culture du consensus en matière de décisions politiques

locales entraîne une certaine indifférence des membres de l'association

vis-à-vis des procédures de vote nationales. Pour preuve, seuls 2752

adhérents (sur environ 12 000 à cette époque, soit un peu moins de 30 %)

prirent part à l'élection du nouveau conseil d'administration lors de

l'assemblée générale de La Ciotat, les 22 et 23 octobre 1999. Les

conditions " idéales " d'une élection n'étaient certes pas réunies : pour

la grande majorité des votants, il s'agissait en effet de donner sa voix à

distance (par courrier), soit pour des personnes inconnues (les douze

représentants des adhérents), soit pour une liste bloquée de dix-huit

membres fondateurs. Néanmoins, le vote (à plus forte raison quand il est

anonyme) ne figure qu'exceptionnellement dans les pratiques locales pour

départager deux ou plusieurs visions opposées. J Ion [1997, 71] observe que

cette méfiance à l'égard des mécanismes de délégation représente une des

caractéristiques dominant de l'engagement distancié : " Le couperet du vote

apparaît alors d'abord comme la possible négation de toute procédure de

négociation ou de compromis ; sanction pour beaucoup extrême. [...] Le vote

apparaît aussi [...] comme un moyen trop souvent utilisé pour freiner les

processus de discussion et de délibération, confortant la conception d'un

groupement comme organisation unifiée parlant d'une seule voix. "

Ce sentiment est renforcé à l'A.T.T.A.C. par la procédure de la liste

bloquée, qui entérine automatiquement, au nom de l'indépendance de

l'association, la présence des membres fondateurs au Conseil

d'administration. Le refus palpable d'accorder au vote la place qu'il lui

est normalement accordé dans des organisations de grande taille trouve sa

traduction immédiate dans les nombreuses tensions perceptibles entre les

comités et le Bureau national. Ce dernier, en tant qu'organe exécutif du

Conseil d'administration, est amené à prendre des décisions de manière

unilatérale, donc sans en référer aux comités ni à tous les adhérents.

Statutairement, le Bureau ne dépasse jamais le cadre de ses prérogatives

officielles ; or, un certain nombre de décisions (le choix d' "

externaliser " le fichier des adhérents ; celui de confier l'édition des

livres de l'association aux éditions Mille et Une Nuits, appartenant au

groupe Lagardère) a été contesté par les comités au motif d'un manque de

concertation . On retrouve ici la tension connue entre exigence

d'efficacité et demande de concertation.

Le vote apparaît ainsi comme la voie médiane entre la volonté de

concertation absolue des comités (la structure de l'A.T.T.A.C. prendrait

alors la forme d'un réseau intégral, où chaque membre serait en relation

avec les autres) et le souhait des dirigeants de l'association de

coordonner l'ensemble des projets des adhérents réunis momentanément dans

le cadre d'actions ciblées (auquel cas l'A.T.T.A.C. prendrait la forme d'un

appareil plus centralisé).

Conclusion :

Comment expliquer, malgré les dissensions perceptibles au sein de

l'association, malgré sa taille croissante, que celle-ci soit capable de

proposer des lignes d'actions théoriques et pratiques cohérentes pour

l'ensemble de ses membres ? Une bonne part de l'alchimie qui préside à sa

réussite repose vraisemblablement sur les pratiques militantes distanciées

dont nous avons esquissé les grands traits. La portée explicative de ces

dernières demeure néanmoins insuffisante ; il conviendrait, peut-être, d'y

ajouter la relative homogénéité culturelle et sociale d'adhérents qui, dans

leur grande majorité, font partie des " classes moyennes supérieures " .

Cette relative cohésion permet, dans le comité Attac 20ème, des modes de

fonctionnement variés, et laisse ainsi aux éventuels participants la

possibilité de se désengager momentanément du groupe sans que ce dernier

n'en pâtisse (du moins en apparence). Comme le souligne J. Ion [1997, 49-50

; voir également Barthélemy, 126-129 ; Boltanski, Chiapello, 434-435], " ce

n'est plus à se conformer aux attentes du groupement que [l'adhérent]

apparaît utile […], mais c'est inversement en mettant à son service la

variété de ses disponibilités, même éphémères, qu'il participe pleinement

au groupement. [...] Au lieu que l'individu adhérent ne compte que par le

rôle que lui confère le groupement, c'est au contraire son individualité

spécifique détentrice de ressources particulières (en informations, en

relations, etc.) qui se trouve alors prise en compte. "

S'associe à cet engagement distancié l'atténuation, voire la disparition

des clivages idéologiques. La conviction que " l'on peut agir ensemble sans

être d'accord sur tout " [Villiers, 1997, 87] entraîne, de la part des

membres du groupe, une posture de réserve qui se révèle jusqu'à présent un

mode de régulation des conflits efficace. Toutefois, l'extension au niveau

national des pratiques locales ne va pas de soi, et risque à terme de poser

un certain nombre de problèmes à un mouvement de grande taille, à

vocation, qui plus est, internationale.

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