Logiques du  "hors-jeu"  et productions de la radicalité.

Intervenant-e-s :

Discutante :

Le FIS algérien et le Boulangisme, au-delà de leurs différences, constituent deux objets particulièrement féconds pour la sociologie des mobilisations qui permettent de réfléchir aux frontières pratiques ou savantes qui ordonnent l’appréhension des comportements politiques protestataires. Ces mouvements se caractérisent en effet par les incertitudes qui pèsent sur leur identité : il s’agit de partis qui participent à la compétition électorale, mais aussi de mouvements sociaux qui mobilisent la rue et ils recourent, parfois, à des registres d’action supposés étrangers au politique —la religion par exemple. Ils sont à la fois des compétiteurs comme les autres du jeu électoral, mais ils sont en même temps crédités d’une radicalité pouvant menacer l’existence même de ce jeu. Ces exemples invitent donc à réfléchir aux conditions de la radicalisation en politique et aux jeux complexes qui articulent la sphère électorale et la scène protestataire. Les incertitudes qu’ils suggèrent offrent du même coup d’interroger de manière critique une série de découpages séminaux entre " le " système politique et ses marges, entre les insiders et les outsiders. Non seulement pour montrer qu’il est souvent délicat d’opérationnaliser ces distinctions à propos d’acteurs qui restent indéfinis de ce point de vue ; mais aussi et surtout pour suggérer que c’est en analysant comment les frontières entre le système politique et le " hors-jeu " sont forgées et perçues par les acteurs eux-mêmes, qu’on peut saisir de quelles façons leur légitimité à faire de la politique ou au contraire leur radicalité sont produites, dans le cours du jeu justement.