Chaumont Jean-Michel La concurrence des victimes. Génocides, identité, reconnaissance LA DECOUVERTE/POCHE, 1997
Rien ne va plus entre les victimes. Sous une unanimité de façade condensée dans quelques impératifs tels que " plus jamais ça " -, des conflits virulents opposent les milieux de mémoire, déportés juifs contre déportés résistants, Juifs contre Tziganes, homosexuels contre politiques. Bien au-delà des victimes du nazisme, ces conflits entraînent dans une ronde infernale de soupçons et de récriminations Arméniens, Noirs américains, Amérindiens... Au cur de ces tensions, une revendication hautement polémique, celle de l'unicité absolue de la Shoah, qui alimente depuis des années un débat interminable, passionné et vain. C'est d'abord ce débat qu'explore ici l'auteur, à travers les réflexions et les prises de position de personnalités aussi diverses que Bruno Bettelheim, Rony Brauman, Alain Finkielkraut, Tzvetan Todorov, Simone Veil ou Elie Wiesel. Pour sortir de l'impasse, Jean-Michel Chaumont ne se contente pas d'offrir une analyse subtile des diverses définitions du génocide et de l'ethnocide, de leurs limites et de leurs conséquences morales. Derrière les dérives du " palmarès de la souffrance ", il décèle un enjeu latent beaucoup plus profond, qui engage toutes nos conceptions de l'identité sociale et de la dignité humaine : la lutte des individus et des groupes humains pour la reconnaissance, qui constitue le véritable chantier sociologique et philosophique de cet ouvrage.
Sommaire...
LE
TEMPS DE LA HONTE 1945-1967
* Humiliation
et revanche : le témoignage de Simone Weil
* Réactions
d'époque
LE TEMPS
DE LA GLOIRE 1967-...
* Un chapitre
glorieux de notre histoire éternelle
* Au cur
du débat sur la singularité
* Les
avatars de la singularité
LES DILEMMES
DE LA RECONNAISSANCE
* Qu'est-ce
qu'un génocide ? Sordide, honte et grandeur : les mécanismes de
la non-reconnaissance
* Singularité
mémorielle et nouveau rapport à l'histoire.
Jean-Michel Chaumont est docteur en philosophie et en sociologie. Ancien collaborateur de la Fondation Auschwitz à Bruxelles, il est actuellement chercheur au Fonds national de la recherche scientifique belge et travaille au sein de l'unité de sociologie de l'université de Louvain.