Bertrand BADIE, La diplomatie des droits de l'homme, Paris, Fayard, 2002 (Coll. L'espace du politique)

Il est aujourd'hui courant de brandir les droits de l'homme dans les relations internationales : certains Etats se prévalent d'une " diplomatie des droits de l'homme " dont la constance et l'efficacité sont pourtant sujettes à caution ; les ONG humanitaires se multiplient et croissent sans convaincre toujours ; la promotion des grandes causes justifie interventions, ingérences, actions violentes. Le remède ne serait-il pas pire que le mal ? Les droits de l'homme ne cachent-ils pas d'autres visées franchement politiques ?

Les États sont-ils bien armés pour défendre les droits de l'homme face aux résistances du réalisme, aux impératifs économiques, aux défauts de puissance, aux coûts de l'intervention, à un droit resté résolument souverain, aux interdépendances entre gouvernants?

Progrès réel mais invention combien fragile, la judiciarisation progressive de la scène internationale, de La Haye à Arusha, de Pinochet à Habré, révèle, au-delà, un déplacement du sujet, source de toutes les incertitudes : du peuple souverain au nom duquel on rendait la justice à une "humanité" méta-souveraine au nom de laquelle on ne sait pas encore le faire. Mais peut-être la démocratie va-t-elle prendre sa revanche là où on ne l'attendait pas : dans le calcul réaliste de ceux qui découvrent que les dictatures étaient hier utiles et qu'elles sont coûteuses et encombrantes aujourd'hui alors que triomphent les besoins d'intégration.

Les États sont plus que jamais sous surveillance : celle de conventions qui ne sont pas seulement ou pas toujours formelles, celle de leurs semblables dont ils dépendent de plus en plus ; celle d'un espace international sujet àbien des manipulations mais qui débat, agit, proteste et se mobilise. En cela, la demande des droits de l'homme est symptomatique des données nouvelles de la vie de la planète, de ses impasses et de ses promesses. En analyste incisif des États dans le monde contemporain, Bertrand Badie nous fait voir, entre éthique et volonté de puissance, les relations internationales sous un jour inédit.

 Au sommaire...

INTRODUCTION

Première partie : UNE DIFFICILE PENCONTRE

CHAPITRE PREMIER : La négation internationale des droits de l'homme
L'État contre les droits de l'homme
Le moment humaniste
L'enfermement stato-national

CHAPITRE II : Les quêtes trompeuses d'universel
Le langage universel du dominant
De la jungle à la Société des Nations
Heurs et malheurs de la paix positive

CHAPITRE III : Une diplomatie bricolée
Le piège des mots
Un supplément de légitimité
Un jeu de sélection

Deuxième partie: AU TOURNANT DE LA MONDIALISATION: LA RÉINVENTION DE L'HUMANITÉ

CHAPITRE IV : La quête intéressée d'un nouvel humanisme
Le coût de la dictature est à la hausse
Libre cours à l'importation
Les faveurs de la gouvernance démocratique

CHAPITRE V : Les effets pervers des nouvelles croisades
Les risques d'une démocratie imposée
Les sanctions qui font souffrir
L'élection n'est pas toujours une solution

CHAPITRE VI : Entre puissance et intégration
Les laboratoires régionaux
À l'ombre de la puissance
La judiciarisation du monde

Troisième partie : L'INTERNIONAL CHANGE DE SCÈNE : LA REVANCHE DU SOCIAL

CHAPITRE VII : La tentation humanitaire
L'irrésistible ascension de l'humanitaire
Les nouveaux désastres humanitaires
Vers un nouvel ordre humanitaire?

CHAPITRE VIII : Vers un espace public international
Les nouveaux bourgeois internationaux
Des acteurs en quête de scène
Effets de scène

EN GUISE DE CONCLUSION : L'humanisme international entre illusions et réalités