Zaki Laïdi, La grande perturbation, Paris, Flammarion, 2003

Parce qu'il repose sur une dynamique de forces qui ne sont pas cohérentes entre elles, le changement social mondial est désormais vécu comme un processus qui déracine sans orienter, qui déchire sans reconstruire, qui prescrit sans rassurer. L'incertitude radicale qu'il engendre explique pour une large part son caractère anxiogène : les pays riches s'inquiètent de plus en plus de la concurrence des pays à bas salaires tandis que les damnés de la terre peuvent y voir la programmation d'un nouveau déclassement. Au sein de chaque nation, l'écart qui ne cesse de se creuser entre gagnants et perdants du jeu social exacerbe ces peurs en miroir. La perturbation est à son comble.

Ce livre se propose d'observer et d'interpréter ce vaste changement social que, faute de mieux, on appelle la mondialisation.