International Studies Association (ISA)
Attention ! Info sur la 45 ème Convention Annuelle de l'ISA qui se tiendra à Montréal Québéc Canada du 17 au 20 Mars 2004 : les propositions de papiers et de panels, les demandes de bourse doivent être déposées absolument avant le 2 JUIN 2003
Compte rendu: Philippe Bonditti (doctorant IEP Paris) Emmanuel Guittet (doctorant Paris X Nanterre)
La 44e Convention de l'International Studies Association a réuni cette année, à Portland, Oregon, près de 2000 participants originaires de plus de 60 nations différentes (d'Amérique du Nord, d'Amérique latine, d'Afrique, d' Asie, d'Océanie, du Moyen-Orient et d'Europe). Ces 2000 participants se sont répartis dans les quelques 470 panels, chacun soutenu par un ou plusieurs des 21 sponsors. Parmi ceux-ci on notera le' nombre important de panels sponsorisés par security studies (71 au lieu de 50 habituellement), 11 Septembre oblige, le quasi effondrement des foreign policies analysis (de 60 à 35), la forte diminution de l' International Political Economy ( 54 au lieu de 70 habituellement), la montée en force d' International Organisation qui a presque doublé le nombre de panels de 20 à 40 et l'arrivée des sections international communication (11 panels) et sociologie politique de l'international (16 panels). La présence des français (une vingtaine venant plutôt de français travaillant aux Etats Unis et dans d'autres pays européens ou de Paris -6 de la FNSP, 3 du C2SD- que de province), bien que modestes, a notamment été rendue visible par l'implication de la revue Cultures & Conflits qui, à travers la section de l'International Political Sociology, a sponsorisé ou co-sponsorisé 16 panels regroupant anglais, allemands, canadiens, français et même italiens ce qui était plutôt une nouveauté. Mais ces résultats en progression sont néanmoins bien fragiles et positionne la présence française au même niveau que les pays nordiques ou les allemands et encore bien en deçà des participants russes ou anglais.
Les principaux thèmes de la Convention ont porté sur le rapport des relations internationales à leur propre savoir. Tout d'abord sur le plan épistémologique dans la continuation du "third debate" mais aussi méthodologique avec la réflexion sur le rapport à l histoire, à la sociologie et plus simplement à l'économie politique, ensuite sur le rapport entre sécurité et économie, mondialisation, technologie et violence. Sur fond de préparatifs de guerre en Irak, la 44e Convention a été un lieu de débats important duquel a émergé un consensus anti-guerre relativement clair, venant faire écho aux différentes mobilisations citoyennes qui ont pu, par ailleurs, être observées en ville.
Résolument placé sur le terrain de la réflexion épistémologique critique, le thème de cette 44eme Convention de l'ISA "The Construction and Cumulation of Knowledge" a permis d'entreprendre un état des lieux des théories des relations internationales, mais aussi de questionner la validité de certaines d'entre elles et de confirmer l'intérêt de la démarche constructiviste pour entreprendre une ethnographie de la pensée post-moderne et de souligner la responsabilité historique de la discipline même des relations internationales dans la manière dont le débat entre force et droit s'est constitué depuis quelques années.
L'allocution du nouveau président de l'ISA, "singing our World into existence: International Relations Theory and September 11" s'inscrivait tout à fait dans ce sens. Discutant l'état de la discipline après le 11 septembre 2001, Steve Smith, le vice-chancelier de l'Université d'Exeter et nouveau président de l'ISA, a longuement insisté sur la responsabilité historique de la discipline dans la manière dont s'est constituée le débat entre force et éthique. Il a estimé qu'en privilégiant l'argument de la puissance sur les valeurs morales et le droit, certains auteurs de relations internationales ont contribué à justifier la voie de la guerre comme réaction aux attentats. Tout en déplorant la mort des victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Steve Smith a longuement rappelé toutes ces autres formes de violence qui tuent davantage que tous les attentats dits "terroristes" réunis. Chiffres à l'appui et pendant près de vingt minutes, le nouveau président de l'ISA a fait l'inventaire de ces violences (violences économiques, violence contre les enfants, les femmes, etc.) qui concernent la discipline au premier degré. Dans son message particulièrement engagé, Steve Smith a dénoncé la prégance des schémas d'analyse réalistes et de leurs auteurs, les jugeant en partie responsables des interprétations univoques de l'événement du 11 septembre 2001, mais aussi et surtout des réactions politiques qui suivirent, privilégiant les justifications de la force au détriment, notamment, du droit international.
Une quarantaine de panels ont été organisés sur les attentats du 11 Septembre et leurs conséquences. Dans la section Security Studies, on s'est avant tout interrogé sur l'efficacité de la lutte contre le terrorisme et les moyens de la renforcer. Dans d'autres sections, dont les sections ENMISA et sociologie politique de l'international, l'accent a été plus mis sur la légitimité des réponses et sur les causalités de la violence à l'échelle mondiale. Cette thématique des justifications de l'injustifiable et du recours à l'exceptionnalisme a été très largement discutée lors d'un des panels de l'IPS sur la présentation du programme de recherche ELISE, financé par la Commission Européenne (Framework 5-ELISE, European Liberty and Security, www.elise.consortium.org). Nombreuses furent les personnes à intervenir au cours de ce panel et à relever combien l'argumentaire de crise et de l'exception renvoyait à des changements politiques profonds qu'il fallait soumettre à la question et qui n'étaient pas forcément récents. A cet égard, la table ronde en l'honneur des travaux de Charles Tilly (Honoring Charles Tilly) s'est appliquée à débattre et à réfléchir sur cette question de la sociologie historique et politique des mobilisations, des transformations structurelles globales et de leurs relations aux identités et aux aspects plus symboliques des "stories" qu'inventent les groupes sociaux.
Lors de cette table ronde, et après un passage en revue de ses derniers travaux, l'auteur lui-même a explicité les fondements épistémologiques de sa démarche dans l'étude des identités. Cela a été l'occasion d'affiner sa vision du problème de l'agent et de la structure dont le caractère peu explicite a pu être reproché notamment dans ses travaux sur l'action collective. Il a montré dans sa présentation comment, au travers d'une remise en cause fondamentale de la distinction entre agent et structure, il pouvait développer une théorie non causale de la formation et de la négociation des identités en s'appuyant sur une approche en terme de processus d'interaction sociale.
Dans un autre panel consacré à la définition de la sociologie politique de l'international où participaient Heisler, Kratochwil, Jabri, Williams, Bigo et Tilly, ce dernier a insisté sur la nécessité de remettre en question les frontières des relations internationales en tant que champ académique en prônant une sociologie non causaliste (notamment constructiviste), afin d' étudier le monde social en tant que produit de processus relationnels et non pas, comme on le voit encore trop souvent, en tant qu'ensemble de données essentialisées parmi lesquelles on pourrait distinguer des variables dépendantes et indépendantes. Ceci a rejoint les débats autour de l'impact du third debate auquel participait Steve Smith, Rick Ashley, Donald Puchala, Ann Tickner et Ole Waever.
En insistant sur la nécessité de remettre en cause la discipline des relations internationales de l'extérieur au travers d'une approche sociologique, historique et relationnelle, nombre de panels ont donc permis de réfléchir aux fondements épistémologiques et méthodologiques de ce qui pourrait être un nouvel "agenda" de recherches pluridisciplinaires dans l' étude des phénomènes internationaux et transnationaux. Ils ont mis l'accent sur les relations entre pouvoir, idéologie et savoir et sur les contestations aux prétentions hégémoniques
Cet agenda va être développé comme thème principal de la 45 ème Convention Annuelle de l'ISA qui se tiendra à Montréal Québéc Canada du 17 au 20 Mars 2004
Le thème principal ainsi que les modalités pour soumettre des propositions, les possibilités de bourse de voyages sont disponibles sur le site http://www.conflits.org
Attention ! Les propositions de papiers et de panels, les demandes de bourse doivent être déposées absolument avant le 2 JUIN 2003
45ème Convention Annuelle de l'ISA Montréal Québéc Canada 17-20 Mars 2004
Pour aider les personnes qui proposent des papiers et qui veulent des indications de thèmes, la section de l'IPS envisage de créer des panels autour des idées suivantes. Mais ces idées ne sont nullement limitatives et nous encourageons au contraire les personnes intéressées à envoyer des déjà constitués, qu'ils reprennent ou non ces thèmatiques du moment que la démarche de sociologfie critique est combinée avec l'analyse des relations internationales.
International Political Sociology/Sociologie politique de l'international : état des projets pour Montréal 2004:
1. Critique? Qu'est-ce
que cela veut dire? Sociologie critique, théorie critique et
Relations Internationales.
2. Sociologie historique
de la discipline des "internationalistes" : Homo academicus.
3. Penser
autrement le Politique: analyse relationelle et processuelle ou le refus
des essentialismes.
4. Pratiques
illibérales du libéralisme. Les politiques après
le 11 septembre 2001.
5. Communautés
transnationales, constructions identitaires et Etat, approches par la
longue durée.
6. Economie
Politique Internationale et Sociologie Politique Internationale : les
enjeux des relations entre guerre et société.
7. Sociologie
des pratiques de la sécurité, élargissement des
études de sécurité, fin ou renouveau de la discipline
des Relations Internationales?
8. Intervention
armée, légitimité éthique et stratégies
de légitimation.
9. Sociologie
des massacres de masse.
10. Les opérations
de soutien de la paix et la construction européenne, les enjeux
de la formation.
11. Marchands
de peur et croisades morales.
12. Penser
les résistances civiles face aux professionnels de la politique
et de la sécurité : une crise de la représentation
politique et l' émergence d'alternatives au sein d'une société
civile au delà des Etats.
13. Evolution
de la normativité internationale. Peut-on faire une sociologie
de l'éthique ?
14. Frontière
et technologies de contrôle et de surveillance. L'Etat au regard
de la géographie critique.
15. L'inimitié
à l'intérieur et hors des frontières, une ou deux
logiques?
16. Réconciliation,
reconnaissance et politique de l'oubli.
17. Au delà
des ambassades, sociologie des pratiques diplomatiques.
18.
L'Europe, la construction d'un espace politique original.