Appel à contribution : "L’hégémonie et ses contestataires : pouvoir, idéologie et savoir dans l’étude et les pratiques en relation internationales"

 

Steve Smith, President de la Convention en 2004
Steve Lamy, Directeur des programmes
Rob English, co-directeur des programme

 

Le thème de la 45ème convention de l’International Studies Association qui se tiendra en février 2004 à Montréal, renvoie aux inévitables relations entre pouvoir et idéologie, entre l’étude et la pratique des relations internationales et donc, in fine, au lien entre pouvoir et savoir. L’objectif intellectuel de la conférence est d’explorer ces liens et de penser notre rôle d’universitaires dans la construction (consciente ou inconsciente) des pratiques de relations internationales ; quoi que nous pensions de ce que nous faisons à travers nos écrits et nos enseignements, ne renforçons nous pas subrepticement les rapports de pouvoir et/ou de puissance existants dans le monde des relations internationales ? Comment nos travaux d’universitaires pourraient-ils contribuer au maintien de la prédominance du politique sur l’économique, des Etats-Unis et du monde occidental sur d’autres ères, mais aussi de ses formes spécifiques de politiques publiques sur la sphère privée ? Ainsi, notre intérêt doit-il se porter sur les questions d’hégémonie, à la fois dans l’analyse et les pratiques des relations internationales. Des questions touchant à la sociologie, la psychologie et la politique de la discipline des relations internationales, mais concernant aussi le rôle de cette discipline dans le renforcement et la perpétuation des inégalités économiques, politiques, ethniques et entre les sexes, sont sous-jacentes à une telle approche.

Ces interrogations prennent une acuité particulière depuis le 11 septembre 2001, une série d’événement dont les explications placent au centre le lien entre l’analyse et la pratique de la politique internationale. Ces événements impliquent que le champ des relations internationales se trouve désormais confronté à un défi aussi fondamental que celui de la fin de la guerre froide. Plus de dix ans après l’effondrement de l’opposition bipolaire qui a longtemps dominé la théorie et la pratique des relations internationales, la transformation désormais à l’œuvre est à la fois porteuse de possibilités et d’impasses. Les nouveaux coups de force théoriques de la décennie qui s’ouvre vont-ils prospérer, ou s’évanouir, dans un environnement global transformé ? Ce nouvel environnement va-t-il favoriser la diversification, ou la réification des approches néoréalistes/néolibérales et constructivistes ? Comment l’analyse de la puissance, de la pauvreté, des intérêts, et des identités va-t-elle être façonnée par l’expérience de la guerre ? Les conflits vont-ils être — sciemment ou non - interprétés comme le fruit de choix de politiques formulés depuis la fin de la guerre froide, ou comme la conséquence inévitable de la fin de la guerre froide.

Pour cette 45ème conférence de l’ISA, le thème retenu est " L’Hégémonie et ses Contestataires " (Hegemony and its discontents). Au regard des précédentes suggestions, une réflexion sur ce thème se devrait d’être conduite à plusieurs niveaux. Un premier serait de questionner la nature de cette hégémonie — type de pouvoir, ses formes d’exercice, les réponses étatiques et non-étatiques qui lui sont opposées — dans le système international émergent du 21ème siècle. Un autre concernerait l’impact des paradigmes — la prédominance de l’ontologie rationaliste, le défi qui lui est lancé par le reflectivisme, et les implications de ces deux postures théoriques et cela, alors que des programmes de recherche prennent forme et sont transformés dans un champ disciplinaire en pleine recomposition. Au sein de la discipline, quels sont les effets des discours hégémoniques sur la diversité ? La discipline est-elle ouverte à la différence ou marginalise-t-elle les approches et les individus qui se posent en critiques du mainstream ? Comment, par exemple, la discipline est-elle perçue par les universitaires féministes, par les universitaires non-blancs ou par les universitaires de pays économiquement affaiblis ? Ces interrogations sont étroitement liées à la question de l’intersection entre théorie et pratique. Le champ donne-t-il aux entrepreneurs de la politique plus de discernement dans leurs pratiques ? Les intérêts politiques influencent-t-il excessivement l’agenda de la recherche ? Y a-t-il un risque, dans un contexte renouveler, que l’hégémonie militaro économique renforce la singularité academico théorique au détriment d’une attention portée à la diversité, l’originalité et au pluralisme. Dans un monde où certains perçoivent toutes tentatives d’explication du 11 septembre 2001 comme déloyales, voire comme un signe de trahison, tandis que d’autres considèrent la discipline académique des relations internationales comme partie prenante de cette hégémonie qui serait à l’origine des attentats, quel est le rôle des universitaires, et quels sont les responsabilités éthiques des membres de la discipline ?

Tous les papiers intégrant les thèmes suivants sont les bienvenus.