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Bilan du 3ème colloque international Par Josepha Laroche. |
Le colloque de la SEI sur les solidarités transnationales qui sest tenu les 21 et 22 octobre 2003 à lUniversité Paris I Panthéon-Sorbonne a réuni un nombre important de chercheurs et doctorants, donnant ainsi lieu à de riches débats.
Guillaume Devin, professeur à lIEP de Paris et responsable scientifique, a invité demblée les contributeurs du colloque à analyser la structuration des phénomènes actuels de solidarité à léchelle mondiale dans une perspective évolutionnelle, au sens de Norbert Elias. Pour ce faire, reprenant lhypothèse de Durkheim suivant laquelle " densité matérielle " et " densité morale " vont de paire, il a proposé que les travaux des participants sefforcent tout au long du colloque de vérifier lhypothèse suivante : les solidarités se sont individualisées à léchelle internationale à mesure que les sociétés se sont resserrées.
Après avoir rappelé que le terme " solidarité " était dorigine juridique, les participants ont défini la solidarité dès le début du colloque comme une relation dentraide entre acteurs, un fait social qui renvoie à des formes daction sociale sinscrivant dans la durée : la solidarité ne saurait donc être appréhendée comme un phénomène a-temporel. Autrement dit, il apparaît indispensable de contextualiser, dhistoriciser toutes les recherches sur les solidarités, de mettre en perspective leurs modalités dintervention sur la scène mondiale afin de pouvoir mieux rendre compte des conditions sociales démergence des solidarités transnationales actuelles et donc de prendre en compte lintervention des nouveaux acteurs, désormais parties prenantes de ce processus.
Aujourdhui, force est de constater que :
Un processus dindividualisation plus accentué
Modalités de circulation de la solidarité
Plus la transnationalisation des solidarités sopère facilement, plus la dialectique et la dynamique homogénéité/hétérogéneité se met en place par une valorisation simultanée des échelons local et mondial. Avec bien souvent léchelon national qui se trouve court-circuité, notamment grâce au " bricolage " dune nouvelle identité, celle de " citoyen du monde ".
Composante organisationnelle
Le colloque a fait apparaître quil existait des phénomènes des solidarités intra-organisationnelles (Greenpeace) mais aussi de concentration organisationnelle et de coalition organisationnelle (exemple de VOICE) avec des campagnes de solidarité de plus en plus globalisées. De même, il existe à présent des formes dexpression de solidarités transnationales inter-organisationnelles, notamment dans le cadre de laltermondialisation.
Processus dintégration
Pour analyser la structuration des solidarités à léchelle mondiale, il convenait de se pencher sur la coopération, les coordinations, les articulations qui existent entre les différents acteurs des solidarités transnationales (États, firmes, O.I, ONG, individus, groupes).
Mixité des modalités de construction des solidarités
Lensemble des contributions a mis laccent sur les " mixtes " privé/public (ex : États/ONG ; États/firmes ; ONG/O.I., firmes/O.I.), micro/macro politiques, local/mondial par lesquels sexpriment et se construisent les solidarités transnationales aujourdhui.
Chaînes de la solidarité
Plus le mouvement de transnationalisation des solidarités sopère sans heurts, plus les chaînes de solidarité sont amples et bénéficient de relais nombreux et plus la solidarité est perçue comme légitime. Au contraire, plus les chaînes de solidarités sont courtes, contestées, clandestines et moins il y a de coopération.
Les travaux du colloque concluent à la nécessité dentreprendre une sociogenèse des solidarités transnationales. En loccurrence, il sagirait de faire le plus grand cas du fait quelles se déploient désormais dans le cadre de la mondialisation de léconomie de marché.