Les Contrats Locaux de Sécurité et la sécurité intérieure, Gérald GALLET (Université Paris II)
Vivre en sécurité a toujours été une exigence légitime des citoyens. Or, les français sont toujours nombreux à exprimer un "sentiment dinsécurité". Incivilités, actes de petite délinquance, entretiennent ce sentiment, et imposent une adaptation des politiques de sécurité intérieure. Dans cette perspective, et après des réflexions entamées début 1997, le gouvernement Jospin, fraîchement nommé en juin 1997, sattèle à compiler les analyses pour aboutir à la création des "Contrats Locaux de Sécurité" (C.L.S.) en octobre 1997. Dans le droite ligne des dispositifs contractuels liant lEtat à certaines collectivités locales (principalement les Contrats de Ville), les C.L.S. sont censés représenter le volet "Prévention et Sécurité". Lobjectif est de mutualiser les compétences et les connaissances des acteurs locaux et étatiques, pour impulser des projets de sécurité de proximité. Il sagit de développer des partenariats locaux entre des acteurs, qui nont pourtant pas la même culture dintervention (Justice, Police dun côté ; travailleurs et bailleurs sociaux, Education Nationale, de lautre), ni la même perception des problèmes. La sécurité ne peut plus être définie dans le sens restreint de répression, mais doit inclure le volet "Prévention", en ouvrant une série de débats et de réflexions au niveau communal et même infra-communal, avec lensemble des professionnels concernés. Loin de transférer lune de ses compétences régaliennes, lEtat souhaite associer les maires au travail de sécurisation des espaces publics, et ce dautant plus que les élus locaux sont tenus pour co-responsables par leurs administrés des situations dinsécurité. Cest également un moyen pour lEtat déviter que certains élus ne sautorisent certaines libertés dans la lutte contre linsécurité, en "imposant" la réflexion commune à partir de la "carotte financière". La sécurité intérieure ne peut plus être assimilée au monopole dun acteur. Au contraire, elle doit être partagée entre plusieurs partenaires. Les maires lont compris, eux qui développent des instruments de mesures et dactions pour sécuriser les espaces, parallèlement à ceux de lEtat. Mais jusquoù peuvent-ils aller ? Comment se répartit le pouvoir de faire la sécurité intérieure ? Diagnostiquer des situations, proposer des préconisations, évaluer des projets et des initiatives locales. Les C.L.S. ont des effets sur les modes de fonctionnement, et sur les procédures de travail des institutions locales. Ils ont donné lieu à des adaptations, déjà remarquables en 2001. Comment évolue la culture dintervention en matière de sécurité intérieure ? En quoi consiste cette évaluation ?
Résumé en anglais :
When the government creates the Securitys Local Contract (S.L.C.) in 1997, Prime Minister Jospin wants to develop a partnership between Mayors and local actors, especially representatives of Justice, Police, National Education, and H.L.M. societies. One of the aims of these S.L.C. is to pluralize the knowledges and the abilities of local actors, which interfere in the local security, with the view to reduce the "insecuritys feeling", and to elaborate a "security of proximity". Jospin and the Minister of the Security Chevènement dont want to renounce to one of these regalian functions, but want to divide the remarks and find the solutions together. But, national authorities control the financial and material means. We try to present this contractual instrument, insisting on the partnership between national and local. In a second part, well show that the Mayors mobilize other instruments to evaluate the local security, and to compete with State.