Journée d'étude du GERMM

"Le désengagement militant"

8 juin 2001

Nonna Mayer (CEVIPOF-CNRS), Introduction à la journée

Depuis quatre ans le GERMM centre ses travaux sur la dynamique individuelle de l’engagement, en mettant l’accent sur les "carrières militantes", au sens où l’entend Becker, en tenant compte à la fois du projet personnel des acteurs et du système de contraintes dans lequel il s’inscrit. Dans cette perspective longitudinale, l’engagement ne prend son sens que par comparaison avec le désengagement, les raisons de rester dans un mouvement et d’en sortir, voire d’y revenir, s’éclairant mutuellement. Or le désengagement est paradoxalement très peu étudié, du moins dans le champ des mouvements sociaux. L’objet de cette journée d’étude est de dresser le bilan des approches existantes, éventuellement dans des champs connexes (désyndicalisation, sortie de rôle, désengagement religieux) et de présenter des recherches en cours sur le processus de désengagement dans des associations (AIDES, Act Up) et des partis politiques (Parti communiste, extrême gauche), en croisant des méthodologies différentes.

 

Le désengagement comme contribution à l'analyse des carrières militantes

 

L'apport d'une analyse du désengagement

Olivier Fillieule (CNRS-CRESAL),L'analyse du désengagement en sociologie des mouvements sociaux.
Revue de la littérature.
Bibliographie

Philippe Gottraux (Université de Lausanne), Le désengagement. Un phénomène multi déterminé. Quelques pistes pour penser les processus de désaffiliation advenant dans le cadre du champ politique radical

Nous lisons le processus de désengagement politique advenant dans le champ politique radical comme un analyseur de la structure de l’engagement militant, au-delà de l’événement que constitue la désaffiliation elle-même : il renseigne sur les conditions de possibilités du militantisme et sur leur disparition. Postulant que l’engagement ne va pas de soi et qu’il est en tension avec d’autres insertions contraignantes de la vie en société (familiale, professionnelle, loisirs, etc.), nous en appelons à dépasser une démarche qui rapporterait le désengagement à la seule logique interne au champ politique. Il importe plutôt de focaliser l’attention sur la transformation de la structures des rétributions militantes, matérielles et symboliques, au cœur du mécanisme de désaffiliation. L’épuisement de ces rétributions doit lui même être rapporté à la multiplicité de facteurs imbriqués de manière complexe (tension inhérente à l’engagement, transfert d’intérêt, position de l’organisation partisane dans le champ, contexte idéologico-politique, dynamique interne de l’organisation, etc.). Cette posture interdit de voir dans le désengagement le produit d’une détermination par une variable indépendante unique.

Discutante : Anne Muxel

 

Logiques du désengagement dans la gauche française

Bernard Pudal (Université de Montpellier), Logiques du désengagement dans le monde communiste.

Isabelle Sommier (Université Paris I), Critique des armes et désengagements. L'extrême gauche française.

Discutant : Erik Neveu

 

Questions de méthode

 

Le recours aux méthodes mixtes : approches quantitatives et qualitatives dans l'analyse du désengagement

François Guedj (Historien), Marges et replis dans la vie politique et sociale d'une ville de la région parisienne.

Olivier Fillieule (CRESAL-CNRS) et Christophe Broqua (EHESS - Musée des arts et traditions populaires), Les logiques du désengagement dans deux associations de lutte contre le sida : Act Up et AIDES.

Discutant : Frédéric Sawicki

 

Approches du désengagement par entretiens approfondis

Catherine Leclercq (Paris X Nanterre, doctorante en sociologie), Le désengagement des militants du Parti communiste.

Corinne Escaffit (Université de Montpellier, doctorante en science politique), Le désengagement des militants de base du Parti communiste dans la fédération de l'Hérault.

Discutant : Pierre Favre

Synthèse des débats par Marc Lazar