Atelier 17

La socio-histoire du politique comme pratique scientifique : un inventaire

François BUTON (CNRS, CURAPP), francois.buton@u-picardie.fr
Nicolas MARIOT (CNRS, GTMS), nicolas.mariot@ens.fr

 

Depuis les années 1990, un grand nombre de travaux de science politique peuvent être classés parmi les analyses de socio-histoire du politique. La visibilité de ce que certains appellent une " sous-discipline " est indiscutable : une association de chercheurs a été créée, des revues sont identifiées comme porteuses d’une problématique socio-historique, des colloques sont organisés, des ouvrages de référence publiés, de vifs débats et confrontations opposent des " socio-historiens " à d’autres politistes ou sociologues, etc. Sur des objets classiques de la science politique - l’Etat, le vote, ou la citoyenneté - , mais aussi dans le domaine des politiques publiques, la contribution de travaux de socio-histoire du politique est généralement reconnue. Dans le même temps, les politistes revendiquant une approche socio-historique comme axe principal de leur travail ne sont pas si nombreux.

L’atelier voudrait esquisser une mise à plat des pratiques scientifiques, se réclamant de ou se rattachant à la socio-histoire du politique. L’inventaire est ordonné autour de deux axes d’interrogation : les objets et les techniques d’investigation d’une part ; la réception des travaux et leur inscription dans les sciences sociales d’autre part.

La séance serait organisée en quatre temps.

  1. Une brève présentation (15 minutes), par les responsables, d’une série d’indicateurs relatifs aux objets et techniques d’investigation des travaux de socio-histoire du politique, et de quelques enjeux épistémologiques et méthodologiques soulevés dans les controverses sur l’approche socio-historique ;

  2. Trois présentations de travaux, abordant les deux axes envisagés, par de jeunes chercheurs (15 à 20 minutes chacun). Nous avons cherché à diversifier les rattachements disciplinaires et tenté de mettre en valeur des recherches mobilisant des sources souvent originales ou peu pratiquées.

  3. - Virginie Bussat, politiste (Paris 1 et CURAPP, Amiens), montrera en quoi la perspective socio-historique permet de relire un événement mille fois commenté, la création de la Sécurité sociale en 1945-46, en particulier à travers l’utilisation des archives orales de la Sécurité sociale. Celles-ci sont peu utilisées et elles nécessitent l’obtention d’autorisation des descendants pour être consultées, ce qui oblige parfois à une véritable enquête et a eu des incidences importantes sur la recherche elle-même.

    - Gilles Laferté, ethnologue, (CNRS centre Georges Chevrier, Université de Bourgogne) rendra compte des usages qu’il a fait de sources là encore rarement utilisées (archives de chambre de commerce, archives de cercles notabiliaires, archives privées) pour construire ce qu’il appelle une " ethno-histoire " des élites et des images régionales en Bourgogne dans l’entre-deux-guerres. Il soulignera en particulier les allers et retours entre découvertes archivistiques (au fur et à mesure des autorisations qui lui ont été accordées) et élaboration problématique.

    - Marie Cartier (sous réserve), sociologue (Laboratoire de sciences sociales ENS-EHESS) reviendra sur les chapitres de sa thèse (" Des facteurs et leurs tournées. Une élite populaire dans la France de la deuxième moitié du XXe siècle ", thèse de l’EHESS, 2002) consacrés à la socio-histoire de l’Etat et de ses " petits fonctionnaires ", en particulier à partir de l’analyse des archives des concours, des dossiers de carrières, des circulaires et directives internes, enfin des rapports disciplinaires conservés par la Poste. Elle soulignera particulièrement les liens établis entre ce travail sur archives et l’enquête ethnographique menée par ailleurs auprès des facteurs.

  4. Un exposé par deux chercheurs confirmés d’une analyse plus spécialement centrée sur le deuxième axe (la socio-histoire dans les sciences sociales) (10 à 15 minutes) :

    - Isabelle Backouche (EHESS), historienne moderniste, membre du comité de rédaction de Genèses, reviendra, à partir de sa propre trajectoire et de travaux de politistes, sur la réception de la démarche socio-historique dans la communauté historienne.

  5. - Gilles Pollet (IEP de Lyon, CERAT), politiste, examinera les enjeux méthodologiques et institutionnels de l’usage de l’histoire dans les travaux de science politique.

  6. Un débat (15 minutes environ).