Atelier 20

La diplomatie des Etats et des acteurs non-étatiques : entre dynamiques de concurrence et de coopération.

Alors que les Etats diversifient de plus en plus les pratiques qui organisent leurs relations et que d’autres acteurs participent de manière croissante à ces échanges, les usages du terme "diplomatie " restent imprécis ou décrivent des réalités très restreintes. Par ailleurs, les travaux empiriques sont rares. Partant de ce double constat, l’atelier a un objectif ambitieux et modeste à la fois. Il se propose de contribuer à une réflexion d’ensemble sur la diplomatie, tout en se contentant pour le moment d’une approche empirique de ces phénomènes.

La diplomatie se conçoit en principe comme l’ensemble des actions des entités politiques souveraines visant à l’établissement de contacts entre ces dernières. La Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961) définit les différentes fonctions des diplomates, parmi lesquelles la représentation, l’observation et la négociation. Elle énumère aussi les règles qu’ils doivent respecter comme le protocole, les immunités et la non-interférence. Pourtant, la diversité des pratiques mises en œuvre dans la politique mondiale ne permet pas de limiter la diplomatie aux seuls Etats. Ainsi, on a recours ça et là aux termes "d’anti-diplomatie", de "para-diplomatie", de "diplomatie économique" ou encore de "diplomatie privatisée" pour tenter de pallier ce déphasage croissant entre une notion fondamentalement stato-centrée et des usages qui ne le sont pas. Dans la littérature, la diplomatie revêt des visages multiples : tour à tour exercice de coercition ou de négociation, simple dialogue ou tentative d’influence, dissuasion ou marchandage. Cependant, deux de ses dimensions sont omniprésentes : les appareils qui l’incarnent et les tâches qu’elle assume.

Toutefois, la diplomatie ne se réduit pas à ces fonctions précises prétendument exercées par des personnels spécifiques. Elle fait aussi intervenir des structures et des canaux de communication informelle, fluctuant au gré des gouvernements et des enjeux. Elle désigne donc non seulement un système traditionnel d’échanges interétatiques aux règles juridiques prédéfinies, mais elle rassemble dans le même temps des comportements plus ou moins ponctuels à la fois inhérents aux impératifs de la politique étrangère et échappant à ce cadre. Les appareils diplomatiques ont connu un processus de diversification important. De nouveaux espaces de négociation plus ou moins formels se sont institutionnalisés, tandis que des acteurs non-étatiques de natures diverses venaient de plus en plus prendre part à ces transactions. La diplomatie des Etats et les appareils administratifs qui la servent se sont donc trouvés concurrencés, voire remis en cause, par ces processus qui leur échappent en partie.

L’hypothèse de travail autour de laquelle s’organise cet atelier est que l’observation fine des ces processus de concurrence et de coopération permet d’apporter des éléments solides susceptibles d’alimenter une réflexion sur la diplomatie. En tout cas, un tel travail est le préalable nécessaire à toute démarche plus ambitieuse de définition de la diplomatie ou d’évaluation de sa pertinence en tant qu’objet de recherche utile à une compréhension de la politique internationale par les politistes.

La concurrence que subissent aujourd’hui les appareils diplomatiques traditionnels dans l’exercice de leur mission peut prendre plusieurs formes. Elle peut d’abord venir de l’appareil étatique lui-même, par exemple lorsque les administrations techniques empiètent sur le terrain de l’action extérieure en prenant part aux négociations multilatérales. Les transformations de l’environnement international favorisent cette entrée en scène de structures estimées plus adéquates que celles du ministère des Affaires étrangères. C’est le cas en matière d’économie et de finances, mais aussi en matière d’environnement et de terrorisme. Ensuite, des structures supranationales interviennent de l’extérieur au cœur de l’action des appareils diplomatiques des Etats : c’est le cas par exemple des directions de l’Union européenne qui elles aussi participent aux négociations multilatérales. Enfin, bien d’autres acteurs viennent désormais concurrencer les diplomates traditionnels. Il peut s’agir d’acteurs institutionnels comme les collectivités locales, mais aussi de firmes ou d’ONG. Inversement, l’extrême diversité des missions extérieures des Etats amène parfois ces derniers à utiliser, plus ou moins ouvertement, ces acteurs non-étatiques dans leur action diplomatique. Enfin, ces mêmes organisations ou firmes peuvent développer des stratégies autonomes d’action susceptibles de peser sur l’environnement des Etats, par exemple lorsqu’elles influencent pour leur propre compte le déroulement de négociations multilatérales dont l’issue est déterminante pour la marge de manœuvre de ces derniers.

L’atelier se propose donc de rassembler des interventions qui apportent un éclairage sur ces dynamiques concurrentielles et coopératives qui seront étudiées au travers de diverses configurations d’acteurs.

 

Organisation de l’atelier

Introduction du thème et de la problématique (M. Dixneuf et I. Le Breton).

Interventions brèves (10 mn) à partir de recherches empiriques :

Débat.