Atelier 3

Les partis politiques et la question de la démocratie interne

Florence FAUCHER (Cevipof)
Eric TREILLE (Crap)

 

L’histoire de la démocratie semble trouver aujourd’hui avec les partis politiques un nouveau terrain d’exercice et d’expérimentation. En dépit de leurs différences, tous les partis politiques sont confrontés depuis moins de dix ans à l’enjeu de la démocratisation de leurs règles de fonctionnement.

En réponse à la crise de la représentation qui affecte les démocraties occidentales, à la concurrence de nouveaux mouvements sociaux, aux difficultés de recrutement et à la diminution des activités militantes, les partis politiques ont en effet modernisé leurs structures et se sont appliqués à rétablir un lien plus direct entre les élites et la base. Ils ont introduit de nouvelles procédures pour la désignation des dirigeants (l’équation, un homme, un vote), la consultation des adhérents (multiplication des forums au sein du Parti Travailliste) et l’approbation des programmes électoraux. En 1995, les adhérents socialistes ont ainsi départagé par un vote secret leurs deux prétendants à la représentation du PS à l’élection présidentielle, Henri Emmanuelli et Lionel Jospin. En 1998, le Parti Conservateur en Grande-Bretagne adopte le principe du vote des adhérents pour la désignation de leur leader. En 1999, le RPR en ouvrant le vote pour l’élection de son président à l’ensemble de ses adhérents, a vu plusieurs candidats pour la première fois s’affronter. Les adhérents ont saisi les pouvoirs qui leur étaient conférés en préférant Michèle Alliot Marie au favori de Jacques Chirac.

En redéfinissant ainsi leurs modes conventionnels de relations, les partis politiques réinterrogent leur capacité auto organisationnelle et leur autonomie par rapport au reste de la société. Un nouvel espace politique naît de la confrontation de ces aspirations à la participation aux autres constructions de la parole militante, comme par exemple l’organisation en tendances, la majorité à 60 % ou la représentation proportionnelle des adhérents. Cette confrontation peut se réduire à un simple fétichisme partisan des procédures de vote, à une confusion entre les usages du droit électoral et l’acceptation des principes démocratiques. Cette confrontation peut au contraire en calquant les logiques de la fidélisation partisane sur le fonctionnement du suffrage universel déplacer les frontières du lien partisan et modifier profondément l’arène partisane à la fois comme espace de prise de parole politique et comme lieu de productions d’identités militantes.

La question de la participation militante au sein des partis politiques déborde enfin celle du suffrage universel. En transformant les adhérents en électeurs et les populations militantes en corps électoraux, la machinerie du vote agit sur la redéfinition des identités partisanes et modifie en profondeur le statut des membres des partis politiques, des manières de se penser comme militant politique.

Communications

Eric Treille "La ‘démocratisation’ des partis : mythe ou réalité"

Pascal Delwit "Les mutations organisationnelles des partis politiques en Belgique : démocratisation et professionnalisation ?"

Laurent Olivier "Pluralisme et minorités dans les partis politiques. Limites et ambiguïtés de la démocratisation interne"

Carole Bachelot "Le rôle des experts au Parti socialiste : un obstacle à la démocratisation ?"

Hélène Combes "Des élections internes radicales ou comment instaurer une porosité de la frontière entre parti et réseaux associatifs. Le cas du Parti de la Révolution Démocratique au Mexique"

Fabienne Greffet "Usages d'internet et procédures d'expression et de consultation dans les partis politiques français et britanniques"

Adresses des participants

combeshvc@yahoo.com

Fabienne.Greffet@univ-nancy2.fr

pdelwit@ulb.ac.be

carole.bachelot@wanadoo.fr

Laurent.Olivier@univ-nancy2.fr

Eric.Treille@univ-rennes1.fr

florence.faucher@cevipof.sciences-po.fr