Plus encore que sur celui de Charles Quint, le soleil ne se couche jamais sur lempire du football. Ne tenant pas compte des frontières et plus répandu que léconomie de marché, Internet ou la démocratie, ce sport peut être présenté comme le stade ultime de la mondialisation ; ainsi, par exemple, la FIFA compte-t-elle plus de membres que lONU. Mais ici le terme de mondialisation ne saurait être confondu avec celui daméricanisation, il ne saurait être non plus synonyme darasement des spécificités nationales. Au contraire, jeunes États et peuples aspirant à le devenir, de lex-Yougoslavie à la Palestine, tous constituent leur équipe de football en un véritable vecteur didentification nationale, de telle sorte que le football permet en fait un lien entre souveraineté et quotidienneté bien plus sûrement quun siège à lONU. Pour de jeunes États où le sentiment national demeure fragile ou bien est perçu comme menacé, le football peut servir de fédérateur à une population traumatisée. Pour certains États, cest même lun des derniers éléments de lunité nationale (Liberia, Belgique). Bref lÉtat peut se définir aujourdhui comme un territoire une population, un gouvernement et une équipe nationale de football.