Le football : stade ultime de la mondialisation ?

Pascal Boniface
Maître de conférences de Science Politique IEP de Lille
Directeur de l’Institut de Recherches Internationales et Stratégiques

Plus encore que sur celui de Charles Quint, le soleil ne se couche jamais sur l’empire du football. Ne tenant pas compte des frontières et plus répandu que l’économie de marché, Internet ou la démocratie, ce sport peut être présenté comme le stade ultime de la mondialisation ; ainsi, par exemple, la FIFA compte-t-elle plus de membres que l’ONU. Mais ici le terme de mondialisation ne saurait être confondu avec celui d’américanisation, il ne saurait être non plus synonyme d’arasement des spécificités nationales. Au contraire, jeunes États et peuples aspirant à le devenir, de l’ex-Yougoslavie à la Palestine, tous constituent leur équipe de football en un véritable vecteur d’identification nationale, de telle sorte que le football permet en fait un lien entre souveraineté et quotidienneté bien plus sûrement qu’un siège à l’ONU. Pour de jeunes États où le sentiment national demeure fragile ou bien est perçu comme menacé, le football peut servir de fédérateur à une population traumatisée. Pour certains États, c’est même l’un des derniers éléments de l’unité nationale (Liberia, Belgique). Bref l’État peut se définir aujourd’hui comme un territoire une population, un gouvernement et une équipe nationale de football.

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