Glocaliser les biens communs ?
La conservation de la grande faune sauvage :
entre mondialisation et localisme

François Constantin
Professeur de Science Politique Université de Pau et des pays de l’Adour
Centre de Recherche et d’Etude Sur les Pays d’Afrique Orientale (CREPAO-UPPA)
Programme Environnement
, Vie et Société (PEVS —CNRS)

 

Parmi les enjeux traditionnels de la biodiversité, la grande faune sauvage constitue un thème fort d’implications internationales diversifiées, concernant gouvernements, ONG, experts et commerçants prompts à prendre à témoin une incertaine "société civile". Depuis plusieurs décennies en effet, le processus de mondialisation s’est traduit par l’élaboration d’un ensemble de normes visant à réguler l’exploitation commerciale de cette grande faune (avec notamment la CITES Convention internationale sur le commerce des espèces menacées et de la Commission baleinière internationale), sinon à l’interdire radicalement (comme pour l’éléphant). Mais dans la pratique, les problèmes rencontrés dans l’application de ces normes (du braconnage artisanal au grand banditisme) ont contribué à actualiser une autre approche. En l’occurrence, cette dernière consiste à (ré)inventer des mécanismes transférant les responsabilités au plan local et —si possible— les avantages des politiques de conservation de cette grande faune. De telle sorte que celle-ci cristallise les ambiguïtés de l’équilibre à opérer entre deux groupes de priorités. D’une part, la consécration de principes universels et intemporels (la conservation concerne tous les humains, y compris les générations futures), la référence aux notions de démocratie et de marché. D’autre part, l’implication de "populations locales" à l’identification incertaine et aux préoccupations plus immédiates. À cet égard, les comparaisons que l’on peut établir entre les régimes relatifs aux grands mammifères terrestres et ceux s’intéressant à leurs homologues marins témoignent des difficultés d’une éventuelle "glocalisation" du traitement de certains grands enjeux internationaux.

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