Parmi les enjeux traditionnels de la biodiversité, la grande faune sauvage constitue un thème fort dimplications internationales diversifiées, concernant gouvernements, ONG, experts et commerçants prompts à prendre à témoin une incertaine "société civile". Depuis plusieurs décennies en effet, le processus de mondialisation sest traduit par lélaboration dun ensemble de normes visant à réguler lexploitation commerciale de cette grande faune (avec notamment la CITES Convention internationale sur le commerce des espèces menacées et de la Commission baleinière internationale), sinon à linterdire radicalement (comme pour léléphant). Mais dans la pratique, les problèmes rencontrés dans lapplication de ces normes (du braconnage artisanal au grand banditisme) ont contribué à actualiser une autre approche. En loccurrence, cette dernière consiste à (ré)inventer des mécanismes transférant les responsabilités au plan local et si possible les avantages des politiques de conservation de cette grande faune. De telle sorte que celle-ci cristallise les ambiguïtés de léquilibre à opérer entre deux groupes de priorités. Dune part, la consécration de principes universels et intemporels (la conservation concerne tous les humains, y compris les générations futures), la référence aux notions de démocratie et de marché. Dautre part, limplication de "populations locales" à lidentification incertaine et aux préoccupations plus immédiates. À cet égard, les comparaisons que lon peut établir entre les régimes relatifs aux grands mammifères terrestres et ceux sintéressant à leurs homologues marins témoignent des difficultés dune éventuelle "glocalisation" du traitement de certains grands enjeux internationaux.