Le débat sur les inégalités et sur le rapport entre mondialisation et inégalités, encore confidentiel au milieu des années quatre-vingt-dix, s’amplifie régulièrement depuis. Qu’entend t-on par inégalités et peut-on les mesurer de manière rigoureuse ? Les inégalités économiques sont-elles croissantes ? La mondialisation est-elle coupable de l’accroissement de certaines inégalités ? Lesquelles et par quels mécanismes ? Ou bien sont-ce les technologies de l’information ? Ou encore les modifications de l’organisation des entreprises et des marchés du travail ? Existe-t-il un lien entre inégalités et croissance ? L’inégalité, en particulier dans le Tiers Monde, entrave-t-elle le rattrapage et faut-il donc s’en soucier, ou suffit-il d’y combattre la pauvreté ? Ces questions font désormais l’objet de nombreuses études, empiriques et théoriques, qui permettent de clarifier quelque peu les termes d’un débat qui s’amplifie, en particulier avec la montée en puissance des mouvements "anti-mondialisation libérale"
L’article définit d’abord les trois types d’inégalités économiques : interne, internationale et mondiale. Puis il présente une synthèse des études les plus récentes visant à mesurer l’évolution des inégalités à ces différents niveaux. Il apparaît que les évolutions sont beaucoup plus contrastées que ne le laisse entrevoir une analyse trop globale ne portant que sur les inégalités mondiales : certaines inégalités s’accroissent, tandis que d’autres se réduisent. Il reprend ensuite le débat sur les causes de la dynamique des inégalités et sur le rôle que l’on peut attribuer à la mondialisation. Il s’interroge enfin sur les raisons qui pourraient conduire à viser une réduction des inégalités internes et internationales et sur les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour cela, en mettant l’accent sur les dernières et donc sur la problématique d’un renforcement de la régulation économique internationale.