Mondialisation de la communication ou de ses entreprises ?

Pierre Musso
Professeur en Sciences de l'information et de la communication Université de Rennes II
Président du groupe prospective Réseaux, services, usages de la DATAR
Membre du CREDAP (Centre de Recherches et d'Études sur la Décision Administrative et Politique) de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Introduction

On interrogera la notion de "mondialisation de la communication" en soulignant :

• d’une part, qu’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau : la télégraphie électrique à la fin du XIX^ème siècle, puis le téléphone ou la télévision "en mondovision" avaient déjà franchi les frontières,
• d’autre part, que la notion recouvre et confond plusieurs phénomènes : des innovations technologiques (avec le développement des techniques numériques et d’Internet), la déréglementations des secteurs des télécommunications et de l’audiovisuel, la financiarisation et la concentration des industries de la communication.

Ce sont ces trois points que l’on développera comme composantes essentielles du phénomène.

I Le développement de services mondiaux de la communication

A La portée des innovations technologiques et la critique du déterminisme technique
En contrepoint à l’idéologie de la mondialisation de la communication.

B Les médias mondialisés
Les télécommunications
Les agences de presse
Les cérémonies télévisuelles planétaires
Les télévisions comme CNN ou Al Jezira
Les logiciels comme Windows
Internet

II La déréglementation des télécommunications et de l’audiovisuel

Considérée comme accélérateur, voire comme une cause, de la mondialisation de la communication

A La nécessaire "transnationalisation" des opérateurs mis en concurrence
L’exemple des télécommunications avec la divestiture d’ATT de 1984 se transnationalise pour compenser les pertes sur son marché domestique ; puis stratégie de BT et des autres opérateurs européens

B La formation de nouveaux groupes audiovisuels
Avec la déréglementation audiovisuelle : la naissance de Fininvest de Berlusconi ou de Canal Plus en Europe ; la logique de l’intégration verticale autour d’Hollywood aux États-Unis.

C Le retrait des Etats nationaux et des secteurs publics de la communication
Comme condition de la mondialisation du secteur : la "vampirisation" du politique par les groupes de communication, comme le montre l’exemple extrême de l’Italie.

III La financiarisation et la concentration des groupes de communication

A La concentration en groupes multimédias autour d’un oligopole mondial (exemple d’AOL-Time Warner et Vivendi Universal) : les groupes multimédias multinationaux

B Les logiques financières et la stratégies de ces groupes

Conclusion

Observe-t-on une mondialisation de la communication ou une "américanisation" de la régulation, c’est-à-dire, un rôle croissant des entreprises de communication dans la vie sociale, culturelle et politique ?

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