Immigration et mondialisation

Catherine Wihtol de Wenden

Directeur de recherche au CNRS/CERI

   

L'immigration s'est mondialisée. Au tournant des années quatre-vingts, une nouvelle donne migratoire s'est fait jour, liée à de nouveaux migrants venant de régions de départ jusque-là peu engagées dans la migration : Asie du Sud-est, Europe centrale et orientale, Afrique centrale et orientale, Moyen Orient. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène :

Tous ces facteurs, révélateurs d'un ordre international bouleversé par la fin de l'affrontement Est/Ouest et de nouveaux conflits, tendent à accroître les écarts économiques, mais aussi politiques, culturels, sociaux de développement en même temps qu'ils suscitent un désir d'Europe et d'Occident en raison de la proximité géographique rendue plus aisée par la baisse du coût des transports, l'image de l'Occident diffusée par les chaînes télévisées, l'approvisionnement des marchés locaux par les biens occidentaux.

De nouvelles mobilités apparaissent, caractérisées par la diversification des profils de migrants et des formes de la migration : féminisation, classes moyennes urbaines, mineurs isolés, cerveaux, commerçants et hommes d'affaires, réseaux mafieux, mais aussi des "bras" qui tentent leur chance, malgré la fermeture des frontières à leur encontre. Ces nouvelles mobilités sont à l'origine de formes de migrations nouvelles, éloignées des migrations d'installation du passé : migration "incomplète" à l'Est, inscrites dans une co-présence, installation dans la mobilité, migrations pendulaires, où les facteurs d'appel (pull) des pays d'accueil sont plus puissants que les facteurs repoussoir (push) des pays d'origine.

Ces mouvements d’immigration interpellent la scène internationale de diverses manières : interrogations sur les allégeances des "installés" aux références et nationalités multiples, émergence d'un vote "immigré" des population issues de l'immigration dans les pays d'accueil, qui peut peser sur les politiques extérieures des États, "sécuritarisation" de l'immigration dans le discours politique interne et externe, se traduisant par la création de zones tampons au-delà des frontières, inscription de la dimension migratoire dans la définition des politiques de sécurité internationales. L'ensemble de ce contexte nouveau apparu au cours des vingt dernières années, implique la prise en compte de l'immigration dans l'analyse internationale de la mondialisation et souligne le déclin de l'échelon étatique dans cette dynamique. C’est pourquoi, la contribution s'ordonnera autour de trois parties :

I Le contexte

Pressions migratoires, rapport ONU, Nouvelles mobilités, réfugiés

II Immigration et mondialisation

Facteur pull plus fort que le facteur push. Filières et réseaux clandestins . Droit de sortie sans droit d'entrée.

III Frontières et États

Contrôle des frontières. Souveraineté de l'État mise à mal. Pôles infra-étatiques de migration : métropoles urbaines, régions, réseaux transnationaux

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