Atelier 25

Les militants des partis politiques de droite : évolution et enjeux des études sur l’engagement partisan. Études de cas en Europe.
Activism in Right-Wing Political Parties: Developments and Issues in the Study of Partisan Involvement. Case Studies in Europe.

Responsables scientifiques :
Lucie Bargel (CRPS, Paris 1) lucie.bargel@ens.fr

Stéphanie Dechezelles (CERVL-SPIRIT, IEP de Bordeaux) sdechezelles@wanadoo.fr

 

Résumés /Abstracts

BARGEL Lucie (CRPS, Paris 1) et PETITFILS Anne-Sophie (CERAPS, Lille 2)

" Militant et populaire ! " : sociologie et rapport au militantisme des adhérents jeunes de l’UMP

Sur la base d’une logique évolutionniste, la principale formation politique de droite française — indépendamment du renouvellement de sa base militante, des transformations de sa marque partisane et de la refondation du système partisan de droite — aurait inéluctablement poursuivi sa " droitisation " et son " embourgeoisement " (comme si d’ailleurs l’un et l’autre allaient de pair). A partir d’une enquête par questionnaires menée à l’occasion des universités d’été des " Jeunes Populaires " de l’UMP et d’observations tirées de nos terrains d’enquête respectifs, cette contribution s’attachera à analyser le plus finement possible la composition sociologique des participants à cette mobilisation ainsi que leur rapport au militantisme. Mais il s’agira surtout de questionner les (en)jeux des (re)présentations de soi (et du parti) des militants ainsi que les hiérarchisations implicites des pratiques militantes.

" Militant and popular ! " Sociology and relationship to militancy of young UMP members

On the basis of an evolutionnist process, the main political party of the french right wing — independently of the renewal of its militant grass roots, the transformations of its mark and the right partisanship system — would have ineluctably continued to go far on the right and to become a middle-class party (as if boths went together). From a survey performed during a UMP summer school and observations from our respective inquiery grounds, we will analyze, the most precisely as possible, the sociological structure of the participants to this meeting and their relationship to militancy. Furthermore, the objective of this study will be to raise the problems of stake and interplay around the activists (re)presentations of them (and the party) and the tacit hierarchical structure of militant practices.


DECHEZELLES Stéphanie (SPIRIT, IEP de Bordeaux)

Existe-t-il des cultures militantes de "droite" ? Quelques réponses à partir des récits d’engagement de jeunes Italiens de Forza Italia, Lega Nord et Alleanza Nazionale (Italie)

La notion de " culture militante " est souvent utilisée à propos des organisations de " gauche ". C’est notamment le cas en Italie où les succès électoraux des " droites " au cours des années 1990 ont le plus souvent été appréciés à l’aune de la " nouveauté ", du retour du fascisme ou du " populisme ". Faut-il pour autant conclure à une absence de cultures militantes au sein des principaux partis composant la " droite " italienne ? Cette contribution montrera que non en abordant les principaux mécanismes à l’œuvre dans le processus d’engagement militant juvénile. Elle insistera également sur le rôle de la dénégation du modèle communiste dans la présentation de soi au sein de Forza Italia, qui amende en partie le modèle des rétributions de l’engagement. L’intervention montrera ainsi dans un premier temps que l’engagement suppose que les acteurs assimilent une culture politique spécifique. À partir d’une enquête qualitative menée auprès de jeunes engagés dans trois partis italiens de " droite " et d’" extrême droite " (Alleanza Nazionale, Lega Nord, Forza Italia), elle tentera de mettre au jour les conditions présidant à l’appropriation des cultures politiques et leur transformation/altération au cours du temps, notamment face aux changements liés à la conquête et l’exercice du pouvoir. L’hypothèse générale défendue est que la mobilisation d’une culture militante par les jeunes sert autant à mettre en cohérence le sens (signification) de leur engagement que le sens (direction) de leur trajectoire militante. Les jeunes militants justifient leur entrée et négocient leur carrière (maintien, ascension, déprise, désengagement) sur la base de cette même culture ; ainsi les processus de désengagement trouvent une partie de leurs motifs dans les formes de l’attachement et de l’appartenance au groupe.

Do the ‘Right-wing’ Activist Cultures Exist? Some answers from the Engagement Tales of Young Activist of Alleanza Nazionale, Lega Nord and Forza Italia (Italy)

The notion of "activist culture" is often used about "leftist" organizations. It is the case in Italy where the electoral success of the "right-wing" parties have been analysed as a new thing, as the return of fascism or as "populism". Must we therefore conclude to the absence of activist cultures in the most important Italian "right-wing" organizations? This communication wants to demonstrate the contrary through the main mechanisms that work in the young activist involvement. It will also insist on the role of communist model of involvement in the self presentation inside Forza Italia, that questions the model of the activism "retributions". Thus, in a first time, the article will show that involvement depends on social agents assimilating the specific political culture which characterizes each partisan organization. From a qualitative research carried out among the young activists of three Italian right-wing and far right-wing parties (Alleanza Nazionale, Lega Nord and Forza Italia), it intend to identify the conditions that make possible the appropriation of political cultures and their transformation/alteration over time, paying particular attention to the changes which follow from the conquest and the exercise of power. The general proposed hypothesis is that the mobilization of a partisan culture by the youth is used both for making sense (meaning) of their involvement and for the sense (direction) of their militant career. The young activists justify their entry and base their career (whether they stay, climb up, withdraw or leave) on this culture; thus, processes of disengagement draw a part of their motives from the forms of attachment and of group belonging.


FRETEL Julien (Sciences po Lille et CRPS, Paris 1)

Ce que la droite fait à la sociologie des partis politiques

Pendant malheureusement trop longtemps, les principaux partis de droite ont été passablement exclus des études françaises sur les organisations politiques. Les causes de cette cécité sociologique ont été déjà plus ou moins débattues. Mais le plus important est que par un trop fort tropisme faisant de la sociologie des partis politiques une sociologie quasi-exclusive des partis de gauche, on a fini par appauvrir les modèles théoriques susceptibles d’éclairer le fonctionnement de ces institutions politiques. Pourtant, les rares études sur la droite en France indiquent qu’il y a un vrai profit à confronter l’analyse sociologique des partis politiques aux caractéristiques sociales, idéologiques et organisationnelles des formations de droite. C’est à ce travail que nous voulons nous atteler en nous centrant exclusivement sur notre étude de l’UDF. Dans notre communication, nous insisterons sur les changements théoriques qu’une telle approche implique du côté de la sociologie des parcours militants, des formes d’expression de l’engagement dans le parti, et des propriétés institutionnelles que ces mobilisations partisanes impliquent.

What right-wing brings to political parties

Unfortunately for too long the main right-wing political parties have been obviously excluded from French studies about political organizations. The reasons for this sociological blindness have already been discussed. But the most important is that because of a too strong behaviour aiming at considering the sociology of political parties as monopolistic left-wing political parties sociology, it turns out to impoverish all the theoretical frames enlightening the way political institutions work.
However the scarce studies about right-wing in France show that there is implicitly a real benefit to find by clashing a sociological approach of political parties versus the social, ideological and organisational features of right-wing groups .
We will handle our issue by focusing our study solely on the UDF. In our debate, we will lay emphasis on theoretical changes towards the sociology of militant background, ways of expressing a commitment within the party and all the institutional features this kind of mobilization implies.


HAEGEL Florence (CEVIPOF, Sciences-po-Paris)

Eléments d'une sociologie des adhérents UMP. Résultats d'une enquête par questionnaire réalisée en novembre 2004

Compte tenu de l’absence de données portant sur les adhérents des partis de droite, cette contribution se donne pour objectif de discuter les résultats d’une enquête par questionnaire menée lors du congrès de novembre 2004 de l’UMP. L’analyse porte en priorité sur la sociologie des adhérents en prenant en compte à la fois des variables socio-démographiques classiques incluant des éléments permettant de prendre en compte les trajectoires mais également de leur inscription dans l’univers associatif.

Some elements about the sociological background of UMP members based on a survey carried out in November 2004

As the lack of empirical data on right wing party members is obvious, the aim of this paper is to discuss the results of a questionnaire survey carried out in November 2004 UMP congress. The paper focuses on members’ sociological background taken in account classical socio-demographic variables included elements relative of the social trajectories but also elements of their associative linkage.