Responsables scientifiques :
Jean-Marie Izquierdo (IEP de Bordeaux) txemaizki@libertysurf.fr
Tudi Kernalegenn (CRAPE, IEP de Rennes) tudi.kernalegenn@gmail.com

CARLIN Patrick Joseph (Université d’Aberystwyth, Pays de Galles)

La région coopère-t-elle ? Les stratégies de deux autorités infra-régionales en tant qu’acteur de planification linguistique au Nord-Ouest du Pays de Gales

Alors que la relation entre l’État et les acteurs régionaux est largement utilisée pour analyser l’interaction entre les institutions politiques et les politiques publiques linguistiques, dans le contexte du lien régional-local, la planification linguistique (PL) en faveur des langues les moins répandues a plutôt été négligée. Cet article s’intéresse aux stratégies destinées à revitaliser l’usage de la langue galloise au sein des administrations et des communautés qu’ils servent, stratégies portées par les Conseils de Comté de Gwynedd et d’Anglesey au Nord-Ouest du Pays de Galles. Dans un premier temps, la communication situe ces stratégies dans le contexte politique et culturel local, dans un second temps l’analyse détermine la marge de manœuvre laissée à la promotion de cette politique linguistique au Conseil selon la perception que le gouvernement régional a de ces finalités. Les données contextuelles visent à démontrer les différences au sein des deux conseils en termes de ressources financières, de politiques publiques et de pratiques. Utilisant cette base empirique, l’article fait le point sur leurs différences, en mettant en perspective et en critiquant le succès de leurs stratégies respectives.

Is the region co-operating? The strategies of two subregional authorities as language planning actors in North-West Wales

Although the relationships between state and regional actors have come into greater focus as a means of analysing the interplay between political organization and language policies, language planning (LP) for the use of lesser-used languages has been generally overlooked within the context of the regional-local nexus. This article deals with strategies by the county councils of Gwynedd and Anglesey in North-West Wales to plan for revitalizing the use of the Welsh language within their internal administration as well as in the communities served by them. The paper frames these strategies firstly within a local political and cultural context and secondly analyses the degree to which the councils´ LP is context-bounded by the regional government’s own perception of overall LP goals. Empirical data goes on to demonstrate the variance within the two councils´ financial resources, policy-making capacity and practices. Using this empirical basis, the article concludes by contrasting and critiquing the success of these strategies.

FOURNIS Yann (CRAPE — IEP de Rennes)

Les identités de l’économie. La territorialisation du capitalisme en Bretagne

Jusqu’aux années 1970, les rapports centre-périphérie conféraient aux facteurs économiques un rôle important mais ambigu dans l’émergence du régionalisme. Rokkan et Urwin concluent ainsi que le développement économique influe sur les mobilisations politiques en certains territoires, mais d’abord comme des variables contextuelles liées à des tendances macrosociales. D’autres travaux, très différents, aboutissent à la même conclusion : les changements économiques " structurels " restent des variables indépendantes sur lesquels les mobilisations régionalistes ne peuvent guère influer — soit une forme de grand partage intellectuel entre facteurs politiques (organisationnels / stratégiques) et facteurs économiques (systémiques / structurels).
Or, l’effondrement du paradigme centre-périphérie transforme le statut de l’économie dans les années 1980-90 : elle est considérée comme une construction sociale, comme le produit inachevé de processus d’institutionnalisation enclenchés par des groupes sociaux et des acteurs politiques au sein de certains territoires. Différentes théories exploitent cette piste nouvelle, à partir d’angles différents sur la construction des économies locales : les districts industriels et la spécialisation flexible, la société territoriale et le néo-localisme, la recomposition du politique en termes de gouvernance territoriale.
Il s’agira ici de démontrer, à partir de l’étude d’un cas (les mobilisations des entreprises et des acteurs patronaux en Bretagne depuis les années 1980), que la combinaison des analyses structurelles du régionalisme et des études plus récentes permet de concevoir sur un mode dynamique les interactions entre développement économique et régionalisme. Toutefois, les différences " structurelles " entre les économies sectorielles (automobile/IAA) et locales (Haute- et Basse-Bretagne) obligent à réintroduire des distinctions au sein des territoires qui, d’une certaine manière, restent encadrés par leur trajectoire historique.

The identities of economy. The territorialization of capitalism in Brittany

Until the 1970s, the center-periphery relations conferred on the economic factors an important but ambiguous role in the emergence of regionalism. Rokkan and Urwin conclude as well that the economic development influences the political mobilizations in certain territories, but initially like contextual variables linked to macro-social tendencies. Other very different works arrive at the same conclusion: the "structural" economic changes remain independent variables which the regionalist mobilizations can hardly influence — a form of great intellectual divide between (organizational/strategic) political factors and (systemic/structural) economic factors.
However, the collapse of the center-periphery paradigm transforms the status of the economy in the 1980-90’s: it is regarded as a social construction, as the product of unachieved processes of institutionalization engaged by social groups and political actors within certain territories. Various theories exploit this new avenue, starting from angles different on construction of local economies: industrial districts and flexible specialization, the territorial society and neo-localism, the recombining of politics in terms of territorial governance.
The aim will be here to demonstrate, starting from the study of a case (the mobilizations of the enterprises and employers' actors in Brittany since the years 1980), that the combination of the structural analyses of regionalism and the more recent studies makes it possible to conceive dynamic mode interactions between economic development and regionalism. However, the "structural" differences between the sectoral (automobile/food-processing industry) and local (Eastern and Western-Brittany) economies compel to reintroduce distinctions within the territories which, in a certain manner, remain framed by their historical trajectory.

IZQUIERDO Jean-Marie (SPIRIT — IEP de Bordeaux)

Processus de construction glocale en Pays basque français : les e-technologies au service de mobilisations participatives territorialisées

Le Pays basque français connaît deux paradoxes : c’est un territoire culturellement identifié qui ne correspond à aucune réalité politique et administrative, en dépit d’une culture politique locale s’exprimant sous des formes originales. Jusqu’à présent, les mécanismes de régulation étatiques sont parvenus à contrôler ces mobilisations spontanées. Toutefois, les impacts de la globalisation (technique et paradigmatique) et l’évolution des modèles étatiques (interne et externe) offrent aux " bassins de vie " des moyens glocaux porteurs de formes alternatives de mobilisations participatives territorialisées.
Dans ce sens, l’Agence Pays basque des NTIC, indépendante dans sa direction de la Communauté d’agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz à qui elle est rattachée, promeut des initiatives de gouvernance localisée innovante, portées par les NTIC. Elle encourage des dynamiques glocales puisqu’elle intègre des mécanismes de la globalisation sur un territoire localisé participant de ce fait implicitement à sa territorialisation identitaire. Depuis 2006, l’aNTIC coordonne la réflexion sur un Label Pays basque numérique auquel contribuent des citoyens, des acteurs économiques, des élus et des représentants des administrations déconcentrées et décentralisées… Au-delà de l’objet, cette mobilisation démontre que des processus de gouvernance portés notamment par les NTIC et partagés par l’ensemble des acteurs du territoire peuvent conduire à une action publique concertée, au sein ou au-delà des frontières. Aussi, il apparaît que les impacts de la globalisation permettent à certaines réalités locales de se structurer face à un contrôle étatique limité par les dynamiques multidimensionnelles des pouvoirs (politique et administratif, économique, médiatique…) en s’appuyant opportunément sur des structurations identitaires.

Glocal Process in the French Basque country : territorialized participative mobilizations using e-technology to draw local cohesion

The French Basque country bears two main paradoxes: the first is that its "historical and cultural" territory has no specific administrative existence; the second one is that a dual political culture mixes spontaneous democratic mobilisations and old-fashioned representatives’ delegation. Traditional local acceptance of the elective political system is very strong whereas alternative and participative democratic movements spread out to implement "decentralized" dynamics which are constantly absorbed by State control processes. Nowadays, e-technology and innovative management appear as an additional opportunity. It allows all the supporters of glocal processes over multidimensional limits to defend some collective projects involved in this cultural area.

In this specific political and social context, the Agence Pays basque des NTIC, close to an institutional administration but independent in its direction, supports new form of localized governance thanks to NICT. Indeed, it contributes to glocal dynamics if we regard global and local specificities dual by nature but common in their modality. It demonstrates that local forces just don’t manage to attenuate the impact of global processes through technical instruments: they promote alternative managements to State edifice; they identify an unrecognized territory beside historical nation-state circumscriptions. Since 2007, aNTIC drives Pays basque numérique Label, through an effective e-democratic participation involving Basque citizens, local French representatives and officials in the "policy" process. This way, it shows that public actions can be conducted by a local mobilization involving members of civil society and administration through governance approaches and participative efforts, thanks to NICT support, inside and outside of the nation-state borders.

MAURY Caroline (CSPC — IEP d’Aix en Provence)

Construire le " Pays Catalan " : les dynamiques d’un échange politique territorialisé "

La communication présentera dans un premier temps la participation d’acteurs, issus du monde associatif, à la construction de la réalité régionale. Dans un deuxième temps, nous envisagerons comment la construction d’une identité peut être mobilisée de façon plus pragmatique pour le développement local.
Le " réseau catalaniste ", composé d’acteurs ayant des pratiques sociales et militantes communes, a pris en charge non seulement la promotion, la " pratique " et la préservation de l’identité catalane, mais aussi sa définition.
En mobilisant la notion d’échange politique territorialisé (E. Négrier), nous montrerons que ces acteurs du régionalisme, en interaction avec les acteurs politiques locaux, participent à la construction d’un territoire local ad hoc à leur conception de l’identité locale. Si ce territoire est le fruit de la mobilisation des acteurs du réseau catalaniste et de leurs interactions avec une entreprise politique en quête de légitimité, ce territoire peut aussi être une ressource pour les acteurs qui participent à sa définition. Dans le cas perpignanais le territoire ainsi construit est un territoire transfrontalier explicitement dédié à l’intensification des échanges avec le voisin " catalan du sud ".
Cette construction territoriale (initiée par les acteurs associatifs) qui correspond aux aspirations du puissant voisin frontalier a rencontré la volonté politique  du maire de Perpignan, qui souhaitait à la fois trouver des solutions pour un territoire " en panne de développement " et asseoir son leadership politique sur un territoire dépassant le cadre communal.
C’est au décryptage des interactions politiques, sociales, économiques et culturelles qui construisent et institutionnalisent l’identité catalane sur un territoire qui s’étend de part et d’autre de la frontière franco espagnole que sera consacrée la fin du propos.

Building the "Catalan country": dynamic of a territorialized political exchange

We will present first the participation of associative actors with the construction of regional reality. Then we’ll consider how an identity construction can be mobilized to encourage local development.
The "catalanist network" around actors having common social, associative and militant practices, has not only taken the charge of promotion, or the safeguarding of Catalan identity, it also manage its definition.
Thanks to the concept of "territorialized political exchange", we will show that these actors of regionalism, interacting with the local political actors, take part in the local territory building conforms to their design of the Catalan identity. If this territory comes from the mobilization of members of the "catalanist network" and their interactions with a political leader looking for legitimacy, this territory can also be a ressource for actors who participate in his definition.
In the Perpignan case, the territory built is a crossborder one, explicitly dedicated to the intensification of the exchanges with the "south catalan" neighbour. This territory building (in which associative actors are involved) corresponds to the aspirations of the powerful frontier neighbou. Its projection is shared by the political will of the mayor of Perpignan, who at the same time wished to find solutions for a territory with economic problems of development and to sit his political leadership on a territory exceeding the communal framework.
We will axe the end of the tcontribution decoding the political, social, economic and cultural interactions which build and institutionalize the Catalan identity, on a territory which extends on both sides of the French-Spanish border.