Atelier 10

Les parlementaires : pratiques de représentation et pratiques d’assemblée

Responsables scientifiques :
Kerrouche Eric (Chargé de recherche CNRS, SPIRIT) e.kerrouche@sciencespobordeaux.fr

Rozenberg Olivier (Chargé de recherche FNSP, CEVIPOF) olivier.rozenberg@sciences-po.fr

 

Cet atelier est centré sur l’analyse de la figure du parlementaire et sur les relations unissant - ou opposant - les différents types d’activités parlementaires. L’atelier ambitionne plus particulièrement de mettre en " vis-à-vis " les pratiques de représentation et les pratiques d’assemblée.

- Les premières renvoient à la fois aux activités en circonscription, aux impératifs d’entretien de l’éligibilité personnel du député ou du sénateur auprès de différents publics, à la médiatisation des interventions en séance et à l’auscultation des opinions publiques par l’élu.

- Les pratiques d’assemblée désignent pour leur part les activités classiques de législation et de contrôle effectuées au sein des assemblées ainsi que les relations établies entre élus. Les pratiques de représentation, destinées à un public extérieur à la sphère parlementaire, sont communément opposées aux pratiques d’assemblée bornées et bordées par " l’entre-soi " parlementaire.

L’objet de cet atelier consiste précisément - en se plaçant dans une perspective éliasienne d’arènes de jeu superposées - à penser l’articulation entre les deux sphères d’activité. Est-elle de l’ordre de la succession ou de la préférence ? Les dispositifs institutionnels propres au Parlement, à commencer par le mode de sélection des élus, peuvent-ils modifier l’arbitrage entre les deux ? Dans quelle mesure la situation électorale du député, la conception qu’il déploie de son rôle d’élu, ses aspirations émotionnelles personnelle, la proximité des échéances électorales ou l’évolution d’une carrière parlementaire peuvent-ils amener l’élu à privilégier tel ou tel de type de pratiques plutôt que d’autres ? Le déroulement de la carrière politique et, plus précisément, les " trajets " personnels engendrés par les possibilités de cumul, orientent-ils la façon d’être des députés ? La dichotomie permanence locale/bureau du Palais-Bourbon n’est-elle pas caricaturale ? Le parlementaire cesse-t-il d’être un élu de terrain dans l’enceinte de son assemblée ? Les activités de législation, d’amendement et de scrutiny se nourrissent-elles de la proximité — même instrumentalisée — de l’élu à sa circonscription ? Les logiques de pork-barrel politics, c'est-à-dire d’utilisation des ressources inhérentes à l’Assemblée au profit de la circonscription, sont-elles repérables ?

L’atelier se focalise ainsi sur l’analyse du comportement parlementaire et des représentations des élus. À cet égard, il s’agit à la fois d’opérer un état des lieux des méthodologies de recherche appliquées à cette population (caractéristiques sociales, recrutement, exercice du rôle, explication du comportement par l’offre ou la demande...) tout autant que d’explorer les différentes modélisations théoriques relatives aux pratiques parlementaires (recrutement, sociographie, prosopographie, activités etc.).

Afin de nourrir le débat, les organisateurs apporteront un éclairage original sur une vaste étude comparée en cours de réalisation dans plusieurs pays européens. La recherche " PARENEL " (Parliamentary Representation at National and European Level) se concentre en effet sur l’étude de l'identité, du comportement et de la socialisation des parlementaires nationaux et européens dans une perspective comparée. Elle repose sur l’utilisation d’un grand nombre de variables relatives aux biographies des élus et à leur socialisation primaire, secondaire et professionnelle (voire politique), et sur la prise en compte de leurs trajectoires individuelles contextualisées. Ces éléments permettent de cerner les traits dominants de la population des parlementaires, tout en appréhendant de manière approfondie, mais non exclusive, leurs pratiques et l’impact de celles-ci sur le cadre institutionnel dans lequel ils évoluent. Les premiers résultats de la recherche PARENEL pourront ainsi faire l’objet d’une communication. Ces résultats seront aussi confrontés à ceux d’autres recherches en cours sur les parlementaires, conduites avec des méthodologies différentes. Dans le cadre des débats, on discutera notamment de la possibilité de mettre en œuvre une approche " transversale " de l’étude des parlementaires, et de dépasser les apories théoriques auxquelles conduit l’analyse lorsqu’elle est sous-tendue par des partis pris méthodologiques trop radicaux.

 

Members of parliaments: representation versus assembly practices

The workshop is focused on the analysis of the MPs attitudes and behaviour, and notably on the relations established between different kinds of parliamentary activities. The workshop’s main ambition specially consists in comparing and contrasting the parliamentary activities related to the constituency in the one hand, and to the assembly on the other.

Representative practices broadly cover various kinds of activities within the constituency linked with the maintenance of the person eligibility of the MP. The publicity around parliamentary meetings as well as the concerns of the MPs about public opinion also belong to this group of activities. The assembly practices classically refer to the activities of legislation and control that took place within the assemblies. The representational sphere of the parliamentary mandate refers to the relation between an MP and an exterior public whereas the assembly practices take place within the chamber.

The purpose of the workshop precisely consists in analysing the relations between those two dimensions of the parliamentary mandate. Should we consider that an MP tends to choose between them or that he/she successively adopts those activities? How do institutional arrangements and the system of vote used during general elections contribute to influence the choice between the two kinds of activity? The electoral marginality of a seat, the choice of a specific parliamentary role, the emotional incentives, the proximity of the next election or the period of a parliamentary career constitute many explanatory factors for privileging a kind of activity or the other one.

The workshop also leads to wonder weather the cleavage between local committee room and the desk within the assembly should not be overstated. Does a legislator stop behaving as a constituency MP as soon as he/she arrives in the house of the parliament? To which extent are the activities of legislation, amendment and scrutiny oriented by local considerations? Which kinds of institutional arrangements tend to develop logics of so-called pork-barrel politics?

The workshop is thus focused on the analysis of parliamentary behaviours and attitudes. The scientific purpose consists both in establishing a methodological overview of the various ways of studying MPs and in exploring the diverse related theories including formal models.