Responsables scientifiques :
François Foret (ULB) fforet@ulb.ac.be
Xabier Itçaina (SPIRIT) x.itcaina@sciencespobordeaux.fr

Les débats récents ont focalisé l’attention sur les enjeux institutionnels du religieux dans le contexte de l’intégration européenne, comme la participation des Eglises à la gouvernance de l’UE, la référence à l’héritage chrétien de l’Europe dans le préambule du traité constitutionnel ou les prétentions renouvelées de forces confessionnelles à peser sur les choix politiques dans certaines arènes nationales. Le croire se développe pourtant aujourd’hui en Europe essentiellement sous des formes individualisées et dérégulées qui échappent largement au contrôle et à la médiation des structures politiques et spirituelles organisées. L’objectif est ici d’étudier ces phénomènes religieux non institutionnels dans leur interaction avec les processus d’européanisation qui traversent les sociétés des Etats membres.

Il s’agit de sortir du déterminisme des relations Eglises-Etats, tout en continuant à postuler que le système politique et juridique hérité de l’histoire longue continue à exercer des effets forts et en tout cas à objectiver de manière décisive des tendances qui peuvent naître en dehors de lui. En écho aux analyses en termes d’" européanisation par le bas " sur d’autres objets, l’attention sera portée sur les modes d’adaptation de la société civile sectorielle que constitue le religieux au nouveau contexte issu de la construction européenne, sur la façon dont elle l’intègre comme sur les moyens par lesquels elle peut rétroagir sur lui, en l’approfondissant ou en y résistant. Cela conduit à poser la question de la territorialisation et de la temporalité du religieux par rapport aux périmètres, aux centres et aux agendas politiques définies par l’Union européenne. Cela incite à réfléchir au rôle joué par le religieux dans la constitution d’une Europe communicationnelle définie comme communauté de confiance et d’identification, espace d’échange, de construction et de sédimentation du sens.

L’européanisation informelle du religieux se comprend comme l’ensemble des processus qui font du religieux un objet agissant sur l’Europe et agi par elle. On prendra en compte les effets de/sur les institutions et les politiques communautaires, mais surtout les phénomènes transnationaux et interétatiques. L’UE peut constituer alternativement un cadre incitatif ou déterminant d’un changement en matière religieuse ou au contraire l’objet d’action d’un entrepreneur de morale.

Différents terrains empiriques seront envisagés. Les médias présentent un intérêt particulier car ils jouent un rôle croissant du fait du rapport désormais distant entre le croyant et sa communauté de conviction, du fait aussi d’une parenté ambiguë avec la religion. Des événements récents comme la crise des caricatures de Mahomet ou l’élection d’un nouveau pape peuvent constituer des cas d’étude très révélateurs dans une perspective comparative. La dimension religieuse comme vecteur d’accès ou de confrontation à l’Europe dans l’éducation, les migrations, les débats intellectuels, les doctrines de sécurité, les formes d’engagement social offre également des pistes à explorer.

Recent debates have focused on the institutional issues raised by the relations between religion and European integration, such as the Churches’ participation in EU governance, references to the Christian heritage of Europe in the preamble of the Constitutional treaty, or the revival of denominational powers within national arenas. Meanwhile, belief is nowadays developing in Europe essentially through individualized and deregulated forms which are no longer under the control and the mediation of organized political and spiritual institutions. This workshop aims to analyse such-non institutional religious phenomena of this sort in its interaction with the Europeanization process experienced by State members.

First one must go beyond the deterministic vision of State-Church relations, without neglecting the long-lasting effects of historical heritages. Echoing other analyses in terms of "Europeanization from below", special attention will be paid to the way religion, as a sectorial part of civil society, has adapted itself to the new context of European integration. To what extent does religion influence European integration, either by strengthening or weakening it ? The temporal and spatial references of religions need to be compared with the boundaries and political agendas defined by the EU. What is the role played by religion in the constitution of a comunicational Europe, defined as a community of trust and identification, and as a space of exchange and shared meaning ?

The informal Europeanization of religion can be understood as the process that makes religion an object which both influences European integration and is influenced by it. Its effects on institutions and EU policies, and upon wider transnational and inter-State phenomena will be considered. The EU can constitute alternatively an incentive framework for or a constraint upon religious change. Conversely, it can also be the strategic target for "moral entrepreneurs".

Various empirical illustrations will be considered. The media are particularly crucial due to their ambiguous relationship to religion and to the increasingly distant relations between the believer and his community of conviction. Recent events such as the Mohammed cartoons crisis or, in the case of the Roman Catholic Church the election of a new pope, are relevant from this perspective. The role played by religious factors in European debates on education, migration, internal security or social commitments also provides fertile ground for investigation.