Module du GERMM (Groupe d'études et de recherches sur les mutations du militantisme)

Questions de méthode

Responsables scientifiques :
Eric Agrikolianski (Université Paris-Dauphine) eric.agrikoliansky@dauphine.fr
Olivier Fillieule (IEPI, Université de Lausanne)
Olivier.Fillieule@unil.ch
Nonna Mayer (CNRS, CEVIPOF-FNSP) nonna.mayer@sciences-po.fr

 

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La sociologie des mouvements sociaux s’est curieusement développée en laissant jusqu’à présent largement de côté la question des méthodes employées, ou utilisables, pour étudier l’action collective (à quelques exceptions près, dont récemment l’ouvrage collectif dirigé en 2002 par Bert Klandermans et Suzanne Staggenborg, Methods of Social Movement Research). Si les traités théoriques abondent, les ouvrages consacrés à la méthode ou aux techniques d’enquête sont encore rares, voire quasiment inexistant — notamment dans la littérature francophone. Pourtant la recherche, en Europe et Outre-Atlantique, s’appuie très largement sur de grandes enquêtes empiriques et sur une pluralité de savoir-faire méthodologiques. Il est d’ailleurs peu de terrains sur lesquels le pluralisme méthodologique soit si fortement affirmé, conduisant le chercheur qui s’intéresse aux mouvements sociaux à devoir maîtriser des techniques diversifiées et complémentaires : enquêtes quantitatives par questionnaires auprès des organisations ou dans le déroulement même des événements protestataires, usage des sources de seconde main (journaux, archives, témoignages, récits), entretiens, notamment biographiques, avec les activistes, observation participante, analyse de contenu et de documents écrits (tracts, déclarations) ou filmés, etc..

Ce module du GERMM vise à amorcer la réflexion sur ces questions, en travaillant deux thèmes qui constitueront les deux axes de ce module.

Interpréter, comprendre, reconstruire : comment accéder aux significations de l’activité protestataire. Les travaux consacrés aux mouvements sociaux accordent une place croissante à l’étude des significations que les participants confèrent à leurs activités, aux interactions qui sont la trame de l’action collective, aux processus symboliques qui travaillent le sens de l’événement ou encore aux émotions qui sont censées en constituer le ressort. Ces analyses qui valorisent la compréhension se heurtent cependant à d’importants problèmes de méthodes. Comment accéder, parfois bien longtemps après que les faits se soient produits, aux significations de l’événement et/ou aux sens que les participants y accordent ? Sur quels matériaux concrets peut porter une analyse en terme de " cadrage " ? Comment peut-on falsifier une analyse des émotions ?

Protester en nombre : étudier les manifestations et les manifestants. Il s’agit de dresser un bilan des techniques d’enquête quantitative sur les mouvements sociaux. Quels sont d’une part les apports et les limites des enquêtes par questionnaire sur l’action collective ? Si les réflexions méthodologiques sur la technique du questionnaire et du sondage en général sont utiles, elles doivent porter sur des exemples précis et concrets. Les cas relatifs aux enquêtes dans les manifestations et plus largement portant sur les participants à des événements protestataires (grands défilés, forums sociaux, contre-sommets, etc.) seront privilégiés. Au-delà des enquêtes par questionnaire ce sont d’autre part les techniques de dénombrement et de classification des événements protestataires qui seront discutées, en particulier les problèmes de méthode que pose la " protest event analysis " : comment compter les événements protestataires ? Comment les classer ? A partir de quelle source construire de telles nomenclatures ?


Methodological problems seem to have been neglected in the study of social movements. With the exception of Bert Klandermans and Suzanne Staggenborg (Methods of Social Movement Research, 2002) few sociologists have approached this problem in recent years. Nevertheless social movement sociology, in Europe, or in the United States, has a great legacy of empirical research and usually uses a large set of diversified methods involving heterogeneous methodologies: survey research about organisations, activist or participants to a social movement, protest events analysis, statistical analysis of this data ; but also qualitative or historical methods : biographical analysis, ethnographic observation, archives, and so on… Often the theory is directly linked to the methods, in what they show and what they hide.

This GERMM’s session aims to stimulate a necessary debate about these methodological stakes. Two main questions will be discussed.

Understanding the meanings of contentious politics. Recent research in contentious politics gives an increasing significance to the study  of the meanings which the protesters give to their actions and to the understanding of the logics involved by the "cognitive liberation " process. In the same way, the analysis of emotions seems to be a new and fructuous direction of research. But this analysis collides however with important methodological problems. How can one reach the meanings of the event shared by participants, sometimes a long time after the facts occur? On which concrete materials can we base an analysis in terms of "framing"? How can we "observe" feelings and emotions and " prove" their role in mobilization?

Studying demonstrations and surveying demonstrators. Since a few years new methods have been developed to study demonstrations. Surveys in rallies seem to be a new opportunity to understand the organisational and social embeddedness of demonstration and demonstrators. But numerous obstacles threaten this new technique. Surveys are not the only way to study demonstrations. Police archives are another source of data. But, once again, several biases can be identified. The debates during this session will deal with these two methods, notably to estimate their reach and their limits.


Programme

Interpréter, comprendre, reconstruire : comment accéder aux significations de l’activité protestataire

Discutant :
MARIOT Nicolas (chargé de recherche CNRS/CURAPP)

Protester en nombre : étudier les manifestations et les manifestants

Discutant :
SOMMIER Isabelle (Maître de conférences à l’Université Paris I / CRPS)

 


Contacts Intervenants

CODACCIONI Vanessa, Codaccioni@aol.com

ETHUIN Nathalie, nethuin@yahoo.fr

FILLIEULE Olivier, Olivier.Fillieule@unil.ch

FISHER Dana, drf2004@columbia.edu

MARIOT Nicolas, nicolas.mariot@ens.fr

SOMMIER Isabelle, sommier@univ-paris1.fr

TRAÏNI Christophe, Christophe.TRAINI@wanadoo.fr

UYSAL Aysen, uysalaysen@yahoo.fr