Module du GRHISPO (Groupe Histoire/Science politique)

L'observation intensive du vote : mobilisations, démobilisations, politisations
The in-depth observation of the acts of voting : mobilizations, demobilizations, politicizations

Responsables scientifiques :
François Buton (CURAPP) frbuton@wanadoo.fr
Michel Offerlé (Université Paris I) Offerle@univ-paris1.fr

L'acte de vote a été l'objet, depuis une vingtaine d'années, de nombreuses études de sociologie politique, socio-histoire du politique, et histoire politique, culturelle et sociale, qui ont permis d'en renouveler en profondeur les significations sociales, les chronologies, la matérialité. L'accent a notamment été placé mis sur la diversité des usages du vote, sur l'intérêt d'une contextualisation fine de ses occurrences, sur les logiques de son appropriation par les électeurs, sur son historicité sur le temps long (depuis la Révolution française) ; la réflexivité méthodologique (quelles périodicités ? quels instruments d’analyse ? quelles sources ?) a également gagné en systématicité.

Dans le prolongement de ces travaux, le GRHISPO a souhaité mettre en débat deux recherches récentes en histoire et en science politique ayant pour caractéristiques communes une entrée sur le terrain du vote par la monographie, le souci de restituer finement les logiques de mobilisation et de participation électorale, donc de politisation(s) des citoyens, et un engagement en pratique dans les échanges entre savoir-faire des différentes sciences sociales et historiques.

La thèse de Laurent Le Gall (" L'électeur en campagnes. Une Seconde République dans le Finistère ", Lyon 2, 2004), remet au jour une approche historique privilégiant l'échelle des acteurs et des communautés locales, tout en empruntant de manière originale aux grilles de lecture de la sociologie électorale d'aujourd'hui.

La recherche de Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen sur la cité des Cosmonautes à Saint-Denis (La démocratie de l'abstention. Aux origines de la démobilisation électorale en milieu populaire, Gallimard, 2007), renoue avec la géographie électorale et, en s'appuyant sur une large palette de méthodes, notamment ethnographiques, plaide pour un réalisme sociologique à rebours de l'usage monomaniaque de l'enquête par questionnaires sur échantillon " représentatif ".

La présentation de ces deux enquêtes par observation intensive des actes de vote doit ainsi permettre d'aborder (au moins) deux séries de questions : que montrent-elles sur les formes de mobilisation et de démobilisation électorale des Finistériens de 1848 et des Dyonisiens des années 2000 ? Que nous apprennent-elles sur les formes de la politisation en milieu populaire hier et aujourd'hui ?

Les interventions des auteurs seront discutées par un historien (Emmanuel Bellanger, Centre d'histoire sociale du XXe, Paris 1) et un politiste (Jean-Gabriel Contamin, Lille 2-CERAPS).


For about twenty years now, the act of voting has been under the scrutiny of a large number of studies, emanating either from political sociology, the socio-history of politics, or political, social and cultural history. Those studies have offered a new insight into the social meanings of voting and into its chronological as well as material dimensions. The emphasis has especially been placed upon: the variety of the uses of voting; the necessity of having a very subtle contextual approach to its performance; the logics through which it is appropriated by voters; its historical substance in a long period of time. The reflection on methods (especially the choice of time periods, of analysis tools, of sources) is now more systematic.

In line with this work, the GRHISPO has decided to set up a discussion about two recent pieces of research, in history and in political science, that share features such as: the use of monograph as an empirical approach to voting; an emphasis on the logics of mobilization and of electoral participation, hence on the patterns of the politicization of citizens; an actual mix of the specific methods of various historical and social sciences.

Laurent Le Gall's thesis (" L'électeur en campagnes. Une Seconde République dans le Finistère ", Lyon 2, 2004) brings back an historical approach centred on actors and local communities, while using the analysis frameworks of contemporary electoral sociology.

With their research on the "cité des Cosmonautes" in Saint-Denis (La démocratie de l'abstention. Aux origines de la démobilisation électorale en milieu populaire, Gallimard, 2007), Céline Braconnier and Jean-Yves Dormagen revive electoral geography and, relying on a wide range of methods (especially ethnographic ones), call for a sociological realism that goes against the monomaniac use of surveys based on supposedly representative samples.

The presentation of these two pieces of research drawing on the in-depth observation of the acts of voting is expected to raise (at least) two sets of questions: what kind of insight do they give into the patterns of mobilization and de-mobilization of the residents of 1848 Finistère and those of Saint-Denis in the 2000's? What do they tell us about the patterns of politicization in working-class environments, in the past and nowadays?

The authors' presentations will be discussed by historians and political scientists.