Lors de sa réunion du 13 mai 2003, le Conseil de l'Association a élu Yves Deloye aux fonctions de Secrétaire général de l'AFSP.
Avant de céder la place à Yves Deloye à qui je souhaite la bienvenue, je voudrais faire un rapide bilan de ces trois années et demi au cours desquelles j'ai été en charge de l'AFSP.

Mon action a d'abord été marquée par la volonté de poursuivre le travail effectué par Jean-Luc Parodi dont chacun connaît le rôle dans le développement de notre Association. J'espère lui avoir été fidèle. Je voudrais également saluer Jean-Louis Quermonne qui a guidé mes premiers pas et Jean Leca qui m'a constamment soutenu dans mes fonctions, ainsi que les membres du Conseil de l'Association. Je voudrais bien sûr remercier chaleureusement Anne Leroy-Avy pour sa contribution à une plus grande professionnalisation du fonctionnement de l'Association, ainsi qu'Alexandre Boza et Isabelle Rocca pour leur travail de création et de développement du site de l'AFSP.

Pour ma part, j'ai essayé de mettre l'accent sur un certain nombre de domaines qui me paraissaient importants pour l'AFSP et qui le resteront dans les années à venir :

• Assurer l'équilibre financier de l'AFSP. Cet objectif a pu être atteint d'abord grâce à la Fondation nationale des sciences politiques. Je souhaite particulièrement remercier ici Richard Descoings qui nous a permis de repartir sur des bases solides. Aujourd'hui, l'AFSP bénéficie d'une situation financière saine même s'il faut toujours rester vigilant sur ce point. Bien entendu, la poursuite de cet objectif passait aussi par une réduction des dépenses qui a porté (certains s'en sont aperçus !) sur une limitation des frais de représentation ainsi que des frais de courrier, grâce à l'utilisation intensive d'internet.
En même temps, la mise en place d'une formule d'adhésion pour des partenaires institutionnels a constitué un soutien très important pour l'Association. Je voudrais renouveler mes remerciements à l'ensemble des responsables des institutions concernées et former des vœux pour que mon successeur développe ces partenariats. Il faut citer également l'obtention d'un certain nombre de subventions du côté de divers organismes et notamment le CNRS. Cela signifie que, désormais, les manifestations organisées par l'AFSP doivent, dans toute la mesure du possible, bénéficier de financements extérieurs et j'encourage sur ce point les responsables des colloques et tables rondes à intégrer cet objectif dans leur travail de préparation de la manifestation.
Mais la recherche de financements externes n'est rien si elle ne s'accompagne pas du soutien des membres. Celui-ci s'est manifesté lors du congrès de Lille puisque l'augmentation des droits d'inscription a permis que cette manifestation pèse un peu moins sur les comptes de l'Association. Surtout, il faut redire encore l'importance des cotisations individuelles qui constituent l'essentiel de nos ressources.

• Développer les activités de l'AFSP en région. Il s'agissait d'abord de faire en sorte que chaque année, un nombre significatif de manifestations de l'Association ait lieu en région, ce qui a été le cas. Je voudrais remercier ici les responsables d'institutions régionales qui nous ont accueillis, particulièrement ceux de Lille qui ont permis le succès de notre congrès. Il s'agit maintenant d'aller plus loin en s'assurant d'une participation plus forte des collègues en région à nos différentes activités.

• Ouvrir l'AFSP aux jeunes. Ce point est très important si nous voulons préserver le dynamisme de notre Association. Cette ouverture s'est notamment manifestée au cours du congrès de Lille (dans le prolongement des précédents congrès) avec une participation très importante des jeunes générations, notamment grâce au développement de la formule des ateliers. En même temps, la création du salons des thèses a permis d'offrir aux jeunes docteurs en science politique un forum sans équivalent dans d'autres disciplines.

• Créer et développer le site web de l'AFSP. Je suis ici particulièrement heureux de constater que, malgré les difficultés rencontrées, nous avons réussi à créer, avec le site de l'AFSP un véritable un outil au service de la science politique. Son développement est d'ailleurs loin d'être achevé, comme le montre la mise en place progressive de l'annuaire de l'AFSP.

• Diversifier les domaines couverts par l'AFSP. Cet élargissement des thématiques de l'AFSP s'est traduit d'abord par la création d'un certain nombre de groupes de travail, comme ceux portant sur les questions européennes ou, plus récemment, sur les questions de politique comparée. Il s'est également traduit par l'organisation de rencontres sur des thèmes encore peu étudiés en France comme la question du genre. Parallèlement, certains groupes, comme le Groupe d'analyse électorale par exemple, on été relancés, avec une mention spéciale pour la Section d'études internationales qui a connu un développement très important. Un grand merci à tous les animateurs de ces groupes ou de ces colloques pour leur dévouement.

• Poursuivre l'ouverture internationale de l'AFSP. Il s'agit incontestablement de l'objectif le plus difficile : comment faire en sorte que la science politique française se rapproche des standards internationaux tant du point de vue des axes de recherche que des méthodes utilisées ? Désormais, il n'est plus concevable qu'un colloque de l'AFSP soit organisé sans la participation de plusieurs collègues étrangers, malgré la contrainte financière très lourde que représente cette participation. Or, à plusieurs reprises, ces collègues nous ont fait sentir —amicalement mais clairement- la distance entre les travaux français et ce qui se fait dans les réseaux internationaux de science politique. Certes l'AFSP ne pourra pas à elle seule résoudre ce problème, mais elle doit contribuer à cette nécessaire ouverture. Il reste que tous ces objectifs ne pourront être poursuivis qu'à la condition que l'AFSP demeure ce qu'elle doit être : un lieu de rencontre entre toutes les composantes de la science politique française, sans exclusive. Notre discipline est aujourd'hui dans une situation paradoxale. D'un côté elle bénéficie d'un renouvellement important grâce, notamment, à l'arrivée de nouvelles générations, alors que la "demande sociale" n'a jamais été aussi importante compte tenu des problèmes que doivent affronter nos sociétés. D'un autre côté, j'ai le sentiment que nous ne sommes pas toujours capables de dépasser nos clivages et de faire la preuve de notre volonté d'exister comme une véritable communauté professionnelle. Je souhaite que l'AFSP, en lien avec les autres organisations et institutions représentant la science politique française, contribue à ce renforcement indispensable de notre discipline.

Merci à tous.

Pierre Muller