Septembre 2007

Editorial "Echos du Congrès 2007"
par Yves Déloye, Secrétaire général

Quelques heures après la clôture du IXème Congrès de l’A.F.S.P., il est encore trop tôt bien sûr pour en tirer toutes les conclusions scientifiques et politiques. Avec près de 600 congressistes rassemblés pendant trois jours, on peut toutefois déjà remercier fortement toute l’équipe de Sciences Po Toulouse pour l’excellence de leur organisation et la générosité de leur accueil. Hébergé dans l’ancienne Manufacture des Tabacs désormais propriété de l’Université Toulouse I, le Congrès y a trouvé les meilleures conditions pour proposer aux membres de l’A.F.S.P. un cadre propice aux échanges intellectuels et aux rencontres humaines. Ce n’est pas moins de 63 heures de présentations et de débats au sein des six Tables rondes, 36 heures de travail collectif au sein des douze modules des sections d’étude et des groupes de travail de l’association et 66 heures de discussions, parfois controversées, au sein des trente-trois ateliers du Congrès que nous aurons ainsi programmé en quelques jours, juste avant une rentrée universitaire chargée pour les uns et les autres. En présence d’une forte délégation étrangère (plus de 15 % des inscrits) et de collègues de l’A.P.S.A. - association invitée en 2007 -, ces débats studieux ont d’ores et déjà permis la rédaction de plus de deux cents papiers que vous retrouverez sur le site dédié au Congrès (www.congres-afsp.fr).

Deux enseignements peuvent être d’ores et déjà tirés de cet événement. Le premier concerne le fait que la science politique, en tant que discipline de connaissance ouverte sur le monde qui nous entoure, sait parfaitement démontrer son utilité sociale. Derrière des réflexions méthodologiques parfois ardues, des considérations théoriques étrangères au sens commun, des controverses savantes difficiles à décrypter, elle a su traiter des petites et des grandes questions au cœur du débat public et plus encore du destin de nos sociétés politiques. Qu’il s’agisse de revenir déjà sur la séquence électorale française de 2007 ou de pointer l’importance des humiliations et autres violences symboliques dans les relations internationales (et ce au moment même où ce thème s’invite sur l’agenda diplomatique européen à Luxembourg), qu’il s’agisse de comprendre les résistances multiformes qui affectent le processus d’intégration européenne à quelques mois d’une présidence française décisive ou d’analyser de manière critique les effets de la médiatisation croissante de notre vie politique (plus encore après la récente élection présidentielle française) ou encore de réfléchir aux conditions d’exercice du gouvernement de sociétés indissociablement une et plurielle du point de vue culturel, le Congrès de Toulouse atteste amplement du refus des politistes de s’enfermer dans leurs laboratoires, leurs bibliothèques ou autres tours d’ivoire. Et ce sans mélanger jamais les genres entre le registre de l’expertise savante et celui du commentaire médiatique ou politique.

Le second enseignement est tout aussi rassurant. Cette capacité renouvelée à s’intéresser aux questions fortes du XXIe siècle ne dispense pas notre discipline d’approfondir sa réflexion méthodologique. Dimension fortement valorisée par les appels à communication qui ont précédé la programmation de notre Congrès, la méthodologie a fait l’objet de nombreux débats tant dans les tables rondes, notamment celle mise en œuvre conjointement avec l’A.P.S.A., que dans les ateliers ou modules des sections d’étude et groupes de travail de l’association. Cette réflexivité accrue ouvre à une prise en considération plus vaste de deux questionnements que notre association entend développer dans les années à venir : approfondir l’étude des bonnes et des mauvaises raisons d’une singularité française en matière de développement de notre discipline et prendre acte des transformations nécessaires dans nos programmes d’enseignement et de formation (notamment doctorale mais pas seulement) afin de combler les lacunes identifiées mais aussi d’affirmer les différences épistémologiques que nous souhaitons défendre dans le concert des sciences sociales du politique.

Nul doute que cet ambitieux programme de travail nourrisse les publications à venir issues du Congrès de Toulouse comme les travaux préparatoires au prochain Congrès, celui du soixantième anniversaire de l’A.F.S.P. qui se déroulera à Grenoble du 7 au 9 septembre 2009…