Hommage à Bastien IRONDELLE (1973-2013)

C’est avec beaucoup d’émotion et de tristesse que nous apprenons la disparition de Bastien IRONDELLE, notre collègue et notre ami.
Depuis des mois, il se battait contre la maladie, avec tant de volonté que nous le pensions sauvé. Il nous quitte au début d’une carrière prometteuse,  alors qu’il avait tant d’activités et de projets en cours. Lauréat du prix de thèse de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), passé auparavant par le Centre d’Etudes Européennes (CEE-Sciences Po) et l’IEP de Lille, il avait rejoint le CERI en 2005. Politiste et internationaliste, spécialiste des questions de défense et de sécurité en Europe, c’était un chercheur acharné publiant dans les meilleures revues de la discipline, et un enseignant passionné, notamment au PSIA (Paris School of International Affairs), il venait de passer professeur associé à Sciences Po. Il avait également été Deakin Fellow au Centre d’Etudes Européennes du St Antony’s College et Research Visiting Fellow à l’University d’Oxford (2009-2010). Il était en outre très largement investi dans les activités collectives, tant  de son laboratoire (élu du Conseil d'unité du CERI ) que de Sciences Po, en tant qu’élu du Conseil de direction de l'Institut d'études politiques, du Bureau scientifique et de la Commission des chercheurs ainsi que du bureau du Département de science politique. Bastien était  quelqu'un sur qui on pouvait toujours compter. A sa femme,  à ses enfants, à ses parents, à ses collègues, à toutes celles et ceux qui l’ont connu et aimé nous adressons nos plus sincères condoléances.
 
Nonna MAYER & Yves DELOYE
Pour l’AFSP
 
 
Nous publions ici l’hommage que lui rend Samy COHEN, directeur de recherches au CERI, Sciences Po

« C’est toujours avec un sentiment de fierté que le directeur de thèse voit non seulement son doctorant arriver à la soutenance de sa thèse mais aussi et surtout qu’il constate que l’ « élève a dépassé le maitre », pour reprendre la formule consacrée. Ces moments j’ai eu le privilège de les vivre en tant que directeur de thèse de Bastien IRONDELLE. J’avais connu Bastien, alors jeune étudiant en DEA en relations internationales. J’ai eu la chance de le voir évoluer au fil des ans jusqu’à sa brillante soutenance de thèse en 2003. J’avais connu un étudiant un peu hésitant sur le choix de son sujet mais tout à fait déterminé à faire de la recherche. Quelques années plus tard, j’avais entre les mains la mouture quasi définitive de sa thèse qu’il avait intitulée avec bonheur Gouverner la défense : analyse du processus décisionnel de la réforme militaire de 1996. Nul doute : Bastien avait réussi un coup de maître. Sa thèse avait tous les atouts d’une excellente recherche, originale, fouillée, combinant astucieusement des apports de différentes disciplines (science politique, sociologie des organisations, politiques publiques, relations internationales, etc.). « Il n’y a pas une pierre que Bastien IRONDELLE n’ait retournée », devait dire le Président du jury, Jean LECA, lors de la soutenance, en hommage à cette thèse. Bastien avait franchi ce jour-là une étape essentielle. Il devenait plus sûr de lui, poursuivant son parcours en toute autonomie. Son directeur de thèse était relégué au rang des accessoires désormais inutiles. Il est heureux qu’il en ait été ainsi. Bastien s’imposait comme une valeur sûre qu’aucun laboratoire de science politique n’aurait voulu laisser échapper. Son recrutement au CERI s’est fait de manière presque évidente. La maladie a fauché de manière cruelle cette étoile montante. Son décès est une perte tragique avant tout pour sa famille qu’il affectionnait tant, mais aussi pour Sciences Po, le CERI et pour ses collègues qui l’appréciaient grandement. Je partage de tout cœur le chagrin de son épouse, de ses enfants et de ses parents.

Paris, le 29 septembre 2013 ».

 

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