Séminaire 2008-2009
"Population et rapports sociaux en situation coloniale : le cas algérien (XIXe-XXe siècles)"

Séminaire animé par Emmanuel Blanchard (Cesdip) et Sylvie Thénault (CHS)

Les séances auront lieu dans la bibliothèque du Centre d’histoire sociale, 9 rue Malher, 6e étage (M° Saint Paul), le 2e mercredi du mois, de 17h à 19h.


L’analyse des relations sociales entre populations dans l’Algérie coloniale est dominée par la dénonciation : à une interprétation focalisée sur la séparation des groupes, l’usage de la force et de la violence a été opposé le refus de l’occultation de relations sincèrement amicales, voire fraternelles, entre « colons » et « indigènes ». Les travaux historiques dépassent généralement cette opposition par la mise en évidence de l’existence d’un « monde du contact » dont les contours n’ont jamais été clairement définis. Surtout, la téléologie est au cœur de nombreuses analyses. En ligne de mire, c’est toute l’interprétation de la période finale de la tutelle française qui est en jeu : violence résultant inexorablement d’une longue montée des tensions contre une tutelle jamais acceptée ? Violence venue perturber le cours d’une histoire qui aurait pu prendre d’autres chemins ?
L’objet de ce séminaire est de revisiter cette question des relations entre populations du temps de l’Algérie française à partir des outils habituels de l’histoire et de la sociologie des groupes sociaux, tout en s’ouvrant à d’autres disciplines comme la démographie ou la géographie. Ces relations pourront être explorées tant à l’échelle individuelle, par des biographies, qu’à l’échelle collective, la définition des groupes eux-mêmes – « Français » et « Algériens », « colons » et « colonisés »… – se prêtant difficilement aux catégorisations strictes et devant être questionnée. Elles pourront être présentées à des moments ponctuels et cruciaux – arrivée et installation des premiers colons, insurrection… – mais aussi dans une longue durée productrice d’ordinaire, et se décliner dans plusieurs domaines : au travail, dans l’intimité, dans la ville… Enfin, la métropole et l’ensemble de l’Afrique du Nord pourront être inclus comme espace de relations modelées par le rapport colonial, en raison des échanges et des mouvements de populations qu’ils connaissent avec l’Algérie.
PROGRAMME

15 Octobre : S. Thénault et E. Blanchard, introduction

12 Novembre : Sylvain Laurens « Pierre Bourdieu et l'Algérie. Autour des Deux Algérie de Pierre Bourdieu d'Enrique Martin-Criado (éd. du Croquant) et de Esquisses algériennes, édité et présenté par T. Yacine (Seuil) »

10 Décembre : Didier Guignard « Observations sur les modes d'appropriation et de redistribution de la terre en Algérie coloniale (XIXe-XXe siècles) »

14 Janvier : Emmanuel Alcaraz « Les représentations des relations entre Algériens et Français d'Algérie à l'époque coloniale dans les lieux de mémoire de la guerre d'indépendance algérienne »

11 Février : Françoise de Barros « Algériens et pratiques politiques des élus locaux en métropole : Roubaix, Nanterre et Champigny avant et pendant la guerre d'Indépendance algérienne »

11 Mars : Michel Pigenet « Les dockers d'Afrique du Nord et leurs syndicats à l'épreuve des contraintes coloniales »

8 Avril : Nordine Amara « La protection consulaire des Algériens du Maroc, une protonationalité algérienne ? »

13 Mai : Raberh Achi « “Conquête des âmes” et consolidation de l'ordre colonial : la fabrique d'un “islam algérien” »

10 Juin : Kamel Kateb « le système scolaire : espace de proximité et de séparation des populations »