Quel avenir pour les "disciplines minoritaires" ?

Olivier NAY
Université de Lille 2
o.nay@free.fr

Le texte actuel, en limitant la représentation des enseignants-chercheurs dans les CA, ne peut conduire à terme qu'à un laminage des disciplines minoritaires dans les universités. Au mieux nous aurons un représentant : au pire nous n’en aurons aucun. Le résultat sera tout simplement :

- d’une part, une possibilité très réduite de porter à l’attention du CA des demandes propres à la discipline et une chance non moins réduite que ces demandes soient étudiées avec l’attention qu’elles peuvent mériter. Nous savons tous que les jeux délibératifs, dans les CA, traduisent souvent des logiques corporatistes (par discipline). Il y a peu de chance que la science politique, discipline minoritaire, y trouve systématiquement son intérêt.

- d’autre part (plus grave encore), la perte de contrôle du processus de recrutement des enseignants-chercheurs de la discipline, si l’on tient compte de la disposition du projet consistant à substituer à la commission de spécialistes un "comité de sélection créé par délibération du CA" (CA où ne siègera peut-être pas un représentant de la discipline !). Avec une telle disposition, "tout devient possible", même le pire : un comité de sélection désigné par des spécialistes de droit public, de droit civil ou d’histoire du droit, qui comporterait quelques rares représentants de notre discipline, et de manière fort possible, des enseignants égarés qui sont allés chercher du côté du droit public ou de l’histoire des institutions les ressources qu’ils n’ont pas pu obtenir au coeur de notre discipline. Comment, dans ces conditions, recruter un candidat dans des conditions satisfaisantes, c'est-à-dire selon des critères d'excellence et une évaluation des candidats par une commission formés de spécialistes de la discipline !?

Cette disposition ne doit absolument pas passer : elle peut avoir des conséquences désastreuses sur le long terme.