Motion des directeurs des unités CNRS de l’Institut d’études politiques de Bordeaux
Jeudi 12 juin 2008

– Les soussignés, directeurs et directeurs-adjoints des UMR 5115 (CEAN, Centre d’étude d’Afrique noire) et 5116 (SPIRIT, Science Politique-Relations Internationales-Territoire), expri-ment solennellement leur inquiétude devant le projet de réforme du CNRS et les diverses annonces de la Ministre de la Recherche.

– Ils affirment leur désaccord résolu avec ce projet qui remet en cause le caractère omnidisciplinaire de cet Établissement public scientifique et technique et peut annoncer l’expulsion des SHS.

– Ils s'élèvent contre le fait que ces choix de réforme sont imposés en ignorant l'exigence de concertation demandée par les personnels et les instances du CNRS, et qu'ils passent outre la procédure interne qui a été engagée par la Direction du CNRS à sa propre demande.

– Ils réaffirment l'importance et la nécessité du caractère généraliste du CNRS et jugent indispensable que le CNRS conserve sa couverture omnidisciplinaire actuelle en développant des recherches fondamentales dans tous les domaines du savoir (des SHS aux SDV, en passant par l'informatique, etc.)

– Ils s’affirment contre le démantèlement disciplinaire en instituts du CNRS politiquement pilotés de l’extérieur et qui échapperaient aux décisions et évaluations par les pairs.

– Ils s’inquiètent encore plus de la raison avancée pour ne pas créer un Institut des SHS, qui, selon le ministère, exigera " un travail supplémentaire de structuration de ce champ qui devra voir son aboutissement lors de l'établissement du contrat pluriannuel d'objectifs du CNRS ". Or le contrat pluriannuel (ne pas confondre avec les plans quadriennaux) ne concerne pas la politique scientifique mais uniquement la négociation des personnels mis à disposition de chaque unité : on va donc vers un traitement purement administratif au cas par cas, dans l’optique de diminuer des deux tiers le nombre des équipes, loin de toute recomposition sur base scientifique

– Ils affirment que l'excellence de la recherche menée au CNRS dans l'ensemble de ces domaines, avéré par son classement international, ne justifie nullement l'éviction de pans entiers de la recherche fondamentale.

– Ils insistent sur l’importance de la complémentarité du CNRS et de l'Université qui repose, comme pour cette dernière, sur l'indépendance du CNRS, son caractère national et la sauvegarde des statuts de son personnel.

– Pour toutes ces raisons, les soussignés soutiennent le mouvement des chercheurs et des enseignants-chercheurs contre le démantèlement du CNRS.

 

Signataires :

- René Otayek, Directeur CEAN-CNRS-IEP de Bordeaux,

- Antoine Roger, Directeur SPIRIT-CNRS-IEP de Bordeaux,

- Michel Cahen, Directeur-adjoint CEAN-CNRS-IEP de Bordeaux,

- Andy Smith, Directeur-adjoint SPIRIT-CNRS-IEP de Bordeaux.