Dabène (Olivier), Hastings (Michel), Massal (Julie) (dir.) — La surprise électorale. Paradoxes du suffrage universel (Colombie, Equateur, France, Maroc, Suède, Turquie...) — Paris, Karthala, 2007 (coll. Science politique comparative)

Les métaphores ne manquent pas pour décrire les résultats inattendus d'une élection.

Partout où se déroulent les élections, observateurs et analystes rivalisent d'imagination pour faire part de leur désarroi face à un scrutin dont ils n'avaient pas anticipé l'issue. Journalistes et chercheurs s'efforcent alors de rendre intelligible, et donc acceptable, le produit non prévu d'une addition de votes. Le discours de la surprise est à ce point banalisé qu'une élection confirmant les pronostics " surprendra " par l'absence de surprise qu'elle aura réservée.

Ce recours récurrent à la rhétorique de la surprise caractérise bien nos sociétés avides de prévisibilité et qui, en matière électorale, ont développé des techniques sophistiquées de sondage et analyse des intentions de vote. Mais il révèle aussi un des paradoxes de la démocratie représentative, qui doit préserver la liberté d'expression tout en réduisant l'incertitude liée à l'exercice du suffrage.

Cet ouvrage revient sur un certain nombre d'élections qui se sont soldées, selon les commentateurs, par des surprises de grande ampleur. Il réunit des efforts de théorisation autour de la notion de surprise en démocratie, et des études portant sur des pays très divers (France, Haute Volta [Burkina Faso], Bénin, Zimbabwe, Maroc, Russie, Colombie, Turquie, Équateur, Bolivie, Suède), caractérisés par des états de consolidation démocratique inégaux, voire même par des régimes autoritaires.

L'intérêt de l'exercice comparatif est de montrer que la surprise électorale peut porter sur différents moments ou acteurs des élections (campagnes, candidats, scores, alliances, partis, etc.), qu'elle est redevable de différents types d'explication (modes de scrutin, comportements électoraux, stratégies de campagne, etc.), mais qu'elle résulte toujours de la construction sociale d'attentes politiques.

 

Olivier Dabène est professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris, où il dirige le 1er cycle " Amérique latine, Espagne, Portugal " et la spécialité " Amérique latine " du Master de politique comparée. Il est aussi chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CERI, Paris) et chercheur associé au Centre de science politique comparative (CSPC, Aix). Ses travaux portent sur la démocratie en Amérique latine.

Michel Hastings est professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Lille et directeur du Centre d'études politiques sur l'Europe du Nord (CEPEN). Ses travaux portent actuellement sur les modèles et modélisations socio-historiques de la démocratie.

Julie Massal est professeure assistante de relations internationales à l'Institut d'études politiques et de relations internationales (IEPRI) de l'Université nationale de Colombie, à Bogota. Ses travaux portent sur le rôle des mouvements sociaux dans les processus de démocratisation des pays andins, et sur leur place dans les relations internationales.