Favre (Pierre) — Comprendre le monde pour le changer. Epistémologie du politique — Paris, Presses de Sciences Po (coll. Références)

La science politique, comme toute science sociale, peut atteindre à une pleine connaissance des processus politiques. Les sciences sociales, moins différentes des sciences de la nature qu'on n'aime à le dire, méritent en effet leur titre de " sciences ". Les unes et les autres ont pour socle commun le déterminisme du monde et l'unicité de la raison humaine. La capacité des sciences sociales à prévoir le devenir d'une société et les effets de nos actions dans le monde reste cependant très limitée. On ne peut jamais expliquer que ce qui s'est passé. Le futur éloigné demeure par essence imprévisible, il est utopique de le présager. Comment alors agir dans le monde si l'on ne peut guère prévoir les conséquences de nos décisions ? Que peut être une action politique si l'on admet, avec la majorité des sociologues, que " le résultat final de l'activité politique " répond " rarement à l'intention originale " (Weber) ? La science politique, dans son volet théorique, doit se donner pour tâche de penser les principes rationnels de l'ordre social sur la base des connaissances acquises, et concrètement, de mettre en débat les décisions qui peuvent y concourir. Ce livre propose un autre fondement à l'action politique. Les décisions doivent s'appuyer sur des valeurs établies de manière collective par la raison et donc graduellement universalisables.

* Le déterminisme au fondement de l'intelligibilité du réel social

* L'imprévisibilité du monde futur dans les sciences de la nature et dans les sciences sociales

* L'action individuelle et collective face au déterminisme et à l'imprévisibilité ? Les trois contradictions de l'action politique professionnelle

* Pour une relégitimation de l'action politique professionnelle

Pierre Favre a été professeur à Sciences Po Paris et à l'Institut d'études politiques de Grenoble. Il est vice-président de l'Association française de science politique.