Magnette (Paul) — Judith Shklar. Le libéralisme des opprimés — Paris, Ed. Michalon, 2006 (coll. Le bien commun)

On ne vient pas à la théorie politique par hasard. Le choix de Judith Shklar est celui d'une génération qui eut très tôt le sentiment que " la politique dominait complètement nos vies". Et sa pensée politique est l'une des plus singulières des dernières décennies du XXe siècle. Née dans une famille juive lituanienne d'expression allemande, exilée aux États-Unis à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, Judith Shklar (19281992) fut au coeur des grands tourments du siècle. Marquée par le désenchantement des années d'après-guerre, sa pensée politique s'inscrit dans la grande tradition sceptique inspirée de Montaigne. Se situant au confluent de l'Histoire et de l'éthique, prêtant une attention étroite aux dimensions psychiques du politique, elle débarrasse le libéralisme de son abstractions et de son penchant optimiste. Reconstruit selon le point de vue des victimes, son libéralisme offre un nouvel éclairage aux grandes questions du temps - la justice, la démocratie, la reconnaissance.

Paul Magnette est professeur de sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles. Il enseigne également à l'Institut d'études politiques de Paris.

Au sommaire...

Un serment d'incertitude

* La fin des utopies

* L'illusion positiviste

* Les apories du droit naturel

* Entre l'Histoire et l'éthique

La primauté de la peur

* Les fausses certitudes du marché

* L'intuition morale du libéralisme

* Les lois et les mœurs

La quête de l'inclusion

* Les limites du libéralisme négatif

* Le sens de l'injustice

* Un socialisme des individus

Les dilemmes de la reconnaissance

* La dignité du citoyen

* L'oppression communautaire

* La démocratie du quotidien