Le Strat (Claire), Pelletier (Willy) – La canonisation libérale de Tocqueville – Paris, Syllepse, 2006 (coll. La politique au scalpel)

Le " retour " de Tocqueville est souvent salué comme l’expression du renouveau du débat démocratique en France. Pris comme équivalent fonctionnel de Marx, Tocqueville a été fait monument, prophète libéral de la modernité. Il n’est pas question dans ce livre d’apprécier le libéralisme de Tocqueville, ni ses qualités de sociologue ou d’historien. Il s’agit de décrire les opérations dont procède son succès public. En l’occurrence, de restituer comment son image consacrée fut importée des États-Unis et plusieurs fois re-produite plutôt que reproduite, puis diffusée et imposée. Au point que la définition libérale de Tocqueville, forte de toute la force sociale de ceux qui l’ont arrêtée, fait à présent consensus. Analyser comment ce consensus a été fabriqué, et Tocqueville ainsi canonisé, interroge en retour tous les discours qui s’autorisent de son nom. Mais, plus encore, l’enquête éclaire les mécanismes par lesquels s’établit la grandeur d’un " grand ", jusqu’à n’être plus questionnable.

Table des matières

Préface
Introduction. Mauvais sujet ?
Chapitre 1. "Tocqueville", une fiction ?
Un "auteur", une "œuvre" ?
"Tocqueville", par qui ?
Tocqueville, quel libéral ?
Tocqueville, "en perpétuelle défense de la liberté" ?
Tocqueville, "savant" ou "amateur"?

Chapitre 2. L’importation
"Tocqueville" "ancien modèle"
Les transports d’Aron
Homologies et importation
Importation et retraductions
Variation des positions et fluctuation des usages
La double accréditation

Chapitre 3. Une canonisation sans canonUn laboratoire sans paradigme
Une création continuée
Différenciations et routinisation
"Tocqueville" dans les Annales
Un intellectuel total
Controverses et collusions
Un auteur "noble" version "grandes plumes"
Un classique.
Un "lieu-dit" différemment habité
Conclusion. La force de la foi
Bibliographie