Jean-Louis QUERMONNE, L'alternance au pouvoir, Paris, Monchrestien, 2003 (Coll. Clefs Politique)

Pendant un siècle, liée au bipartisme, l'alternance au pouvoir a été l'apanage de la Grande-Bretagne et des pays de tradition anglo-américaine. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale qu'elle s'est étendue, grâce à la bipolarisation des forces politiques, au continent européen.

Aujourd'hui, elle rythme la vie politique de l'Allemagne, de l'Espagne, de la France, de la Grèce, du Portugal, des pays scandinaves et, plus récemment, de l'Italie. À tel point que certains observateurs en font un critère de la démocratie pluraliste.

En fait les démocraties dites consociatives, comme la Suisse, se passent fort bien de l'alternance en priyilégiant l'existence de gouvernements de coalition. En revanche, depuis 1981, la France connaît un rythme accéléré de changements de majorités. La question se pose donc de savoir Si l'alternance, en permettant aux électeurs d'évaluer l'efficacité des politiques publiques conduites par leurs dirigeants, ajoute à l'exercice du gouvernement du peuple par le peuple celui du gouvernement pour le peuple ~; ou Si cette accélération traduit les dysfonctionnements de régimes politiques - telle la Ve République (sept alternances en vingt et un ans et trois cohabitations !) qui parviennent difficilement àmaîtriser les changements de société.