Jacques SEMELIN (CNRS), "Du génocide au massacre de masse. Les processus organisés de destruction des civils"
Cette communication s'inscrit dans le prolongement du colloque sur "Les usages politiques des massacres" que j'avais organisé avec Luis Martinez au CERI en novembre 1999. Elle voudrait être un approfondissement et un renouvellement de mon article de synthèse, "Penser les massacres", rédigé à la suite de ce colloque (1).
Son ambition est de contribuer à structurer un champ de recherche aux contours encore flous sur le "génocide" et plus généralement sur le massacre de masse, bref de travailler à une sociologie comparée des processus organisés de destruction des civils. Destruction non pas "naturelle" (du type tremblement de terre), non pas accidentelle (du type catastrophe nucléaire de Tchernobyl) mais résultant d'un processus organisé conduisant au massacre. Dans la mesure où celui-ci se produit surtout dans des contextes de guerre, il me semble important de préciser qu'il vise surtout des civils, entendu comme des non combattants.
L'analyse comparative portera principalement sur les cas de l'extermination des juifs européens (1941-1945), les pratiques de purification ethnique en ex-Yougoslavie (1991-1999) et l'extermination des Rwandais tutsis (1994). Ce travail de comparaison n'a nullement pour but de niveller les différences mais bien plutôt de les mettre en relief. A partir de ces exemples et du travail pionnier de Raphaël Lemkin, cette contribution s'articulera autour de trois axes:
(1) Semelin Jacques, "Penser les massacres" dans Revue Internationale de Politique Comparée, volume 8, N. 1, printemps 2001, pp. 7-22.
(2) Cette réflexion s'appuie notamment sur le groupe de recherche "Faire la paix. Du crime de masse au peacebuiliding" que Béatrice Pouligny et moi-même avons lancé au CERI en février 2001.