Responsables : Hélène Combes et Julien Fretel

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ACTUALITE !
30 septembre 2011 — Date limite d'envoi des propositions pour le colloque "S’engager dans les espaces publics : participation politique et engagements multiples"
Colloque organisé les jeudi 5 et vendredi 6 avril 2012 au CERI- Sciences Po Paris, en partenariat avec le GEOPP de l'AFSP.
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Programme 2006

GOUVERNER LES PARTIS POLITIQUES

Depuis maintenant plus de dix ans, la sociologie des partis politiques s’est nettement renouvelée en France. Ce regain s’explique entre autres par le développement des études sur leur enracinement social et local d’une part, et par la qualité des travaux sur le militantisme d’autre part. En effet, en se focalisant sur les conditions sociétales dans lesquelles les institutions partisanes se fabriquent, s’objectivent et, en quelque sorte, se singularisent, on a mieux montré par quels mécanismes elles trouvaient leurs principes d’imbrication dans le social ainsi que ceux qui les amènent à se transformer institutionnellement, dans le temps et dans l’espace. Par ailleurs, les nombreuses enquêtes sur l’engagement militant, où la question des raisons d’agir des membres des partis politiques a pu être largement prise en charge, a non seulement permis d’éclairer sur les manifestations multiples de l’adhésion, la variabilité des rétributions, mais aussi de prendre la mesure des changements qui sont à l’œuvre et qui pèsent sur la densité morale et humaine des organisations partisanes. Des pistes riches et stimulantes ont été ainsi dégagées. Il convient de les poursuivre et surtout de les articuler à d’autres types d’approches et de questionnement.

A l’opposé, il semble bien que l’analyse dite organisationnelle des partis politiques, c’est-à-dire celle qui prend pour objet le fonctionnement des directions des partis, a été trop fortement délaissée en France. Cet oubli temporaire semblait pourtant peu probable tellement certains auteurs tels que Weber, Michels, Duverger et Charlot avaient, semble-t-il, légué des questionnements suffisamment éclairants pour en susciter de nombreux prolongements. Cela dit, il n’existe pas à ce jour de débats particulièrement vifs qui permettent d’explorer avec précision la manière dont les partis politiques, au travers de leurs administrations ou de leurs bureaucraties, parviennent, pour reprendre la formule de Weber, à " orienter dans un sens déterminé les activités sociales des membres du groupement ". Le manque de vitalité en l’espèce ne peut que nous interroger au regard de ce qui est produit dans des domaines d’études connexes comme celui des politiques publiques. En effet, rien n’est plus exploré dans ce cadre que les dispositifs par lesquels les hommes et les institutions sont gouvernés. Et pour ce faire, tour à tour, les types de leadership, la morphologie des équipes dirigeantes, les designs organisationnels permettant telle ou telle réforme et les instruments par lesquels se réalisent l’action publique sont mis au jour afin d’en mesurer l’efficacité sociale. D’ailleurs, à l’échelle internationale, les questionnements organisationnels sont largement dominants voire hégémoniques et ce y compris dans l’analyse des partis politiques. Ces derniers, faut-il le rappeler, ont notamment connu un regain autour de la théorie de la cartellisation. Et, par-delà des aspects forts contestables, force est de reconnaître que cela a provoqué des débats riches de controverses. Plus généralement, ce champ d’analyse a développé une activité prolifique avec la création de la revue Party politics en 1995 et de plusieurs collectifs de référence ces cinq dernières années.

Dans ce contexte, l’enjeu principal réside dans la capacité d’articulation des approches sociétales et organisationnelles, tout en incluant pour ces dernières principalement les apports des recherches dans d’autres sous-champs de la science politique. Dès lors, dans le cadre des séminaires du Groupe d’étude sur les organisations politiques (GEOPP), nous nous proposons d’entreprendre une sociologie des modes de gouvernement des partis politiques contemporains. Par là, nous entendons (re)visiter les institutions partisanes en nous centrant plus précisément sur l’ensemble des activités qui, directement ou indirectement, contribuent à produire des actes de gouvernementalité au sein des partis. Plusieurs pistes de réflexion, à ce jour, peuvent être ainsi esquissées.

Etudier les leaderships partisans

La question du leadership est fréquemment posée tant parmi les spécialistes des partis politiques que parmi ceux qui analysent le pouvoir en sciences sociales. Mais force est d’admettre cependant qu’on n’a pas suffisamment tiré tous les profits de cette notion ou des termes semblables ou concurrents tels que celui de pouvoir, entre autres concernant les modes de production et d’exercice du pouvoir dans les institutions partisanes. Sans céder à la version héroïsante qui conduit à tout imputer aux dirigeants politiques en matière de décision et de persuasion, il convient donc d’analyser les types de rôles qu’endossent les chefs ou les porte-parole de parti, et ce en fonction de la nature et de la morphologie de leurs organisations, en fonction de leur culture partisane, des milieux sociaux qui les imprègnent, de la fluidité des situations et des contextes politiques et, enfin, selon le capital partisan et militant avec lequel ils peuvent compter.

Etudier les dispositifs de gouvernement

La gouvernabilité d’un parti politique ne peut se réduire à la seule personnalité ou au seul charisme de son chef. La structure des organisations et plus précisément l’architecture bureaucratique — l’organisation des services de la ou des directions en d’autres termes — sont tout aussi prépondérantes pour saisir les ressorts d’une pareille domination. A ce titre, on pourra se demander si l’aménagement des structures nationales et fédérales propres aux mouvements politiques ainsi que leur niveau d’emboîtement, si les cadres hiérarchiques institués, si les organigrammes répartissant les tâches et les honneurs entre les dirigeants et leurs équipes et si les statuts juridiques en vigueur ne sont pas non plus autant de dispositifs favorisant tel ou tel mode spécifique du gouvernement partisan. Il conviendra de comprendre comment les formes partisanes sont liées aux types d’enracinements militants et comment les types de capitaux militants valorisables par certains dirigeants ou courants tendent à façonner le mode de gouvernement partisan. Une autre interrogation pourra porter sur la place de l’interaction entre militants et dirigeants ou l’évolution de la place des militants dans les reconfigurations des modes de gouvernement qui sont à l’œuvre. Dans cette optique, une attention particulière pourra être portée à la mise en place de procédures telles que les élections internes et tout autre forme de " participation " ou " délibération ". Il va sans dire qu’aucune bureaucratie au concret ne relève d’un quelconque mécanisme purement endogène et que tous ces appareillages institutionnels, si l’on veut appréhender à la fois leur spécificité et leur potentialité, sont bien évidemment à mettre en rapport, là encore, avec la culture du parti dans son ensemble. Ici réside un enjeu fondamental : éclairer les approches organisationnelles par les enracinements sociaux et militants des partis.

Etudier les personnels et services de direction

Dans le prolongement d’une réflexion sur les dispositifs partisans encadrant l’exercice du pouvoir et/ou des jeux de pouvoir entre les membres, il paraît opportun de s’arrêter sur l’activité des différents personnels employés par et dans les partis politiques. On a en effet trop souvent et trop longtemps ignoré divers " métiers ", pour la plupart se rapportant à des activités salariées, par lesquels était assurée la conduite des affaires dans le parti. Et il convient d’en faire, en quelque sorte, une véritable sociologie de travail. On veut ainsi parler de tous les permanents chargés de mettre en œuvre la politique décidée par la direction de ces groupements. Et en se portant au plus près des divers tâches et fonctions qui, des conseillers spéciaux, des conseillers en communication, des responsables du personnel ou de la logistique, des secrétaires aux comptables veillent au " bon " fonctionnement de l’organisation, on se donne les moyens de voir avec quelles ressources humaines et financières, avec quelles contraintes les dirigeants de parti tentent d’exercer leur autorité et d’asseoir leur légitimité. Là encore, porter attention à ces permanents dotés de compétences techniciennes ne doit pas nous conduire à les opposer trop radicalement aux " militants " étant donné qu’ils peuvent vivre leur métier sur le mode de l’engagement et de l’adhésion. Pour autant, ils sont pris dans des routines professionnelles, ils mettent en avant une expertise, et ils se doivent, de temps à autre, de marquer leurs différences avec le reste des partisans. Il sera alors intéressant de voir comment ils mettent en œuvre des savoir-faire techniques, et de quelle manière ils sont en quelque sorte saisis par ces manières de faire empruntées à d’autres professions. Par cet angle de vue, la question de la professionnalisation et de la rationalisation des activités partisanes pourra être posée. Bref, en scrutant l’ensemble de ces agents assurant la gestion bureaucratique, c’est ce que le parti doit à toutes ces contraintes de gestion et de communication qui sera interrogé.

Etudier les instruments du gouvernement

Observer et comprendre les agents chargés de mettre en œuvre la ligne tracée par la direction des partis politiques dans le but d’élucider la question de qui gouverne et comment gouverne-t-on ? nous invite inévitablement à poser la problématique des formes d’instrumentation constitutives de leurs actes de gouvernement. A l’instar de ce qui est aujourd’hui exploré en politique publique, il peut être alors opportun de saisir ce qui, dans les organisations politiques, correspond à l’usage d’instruments à la fois techniques et institutionnels par lesquels s’exerce la gouvernementalité. Et sans céder à l’idée selon laquelle les choses inertes pourraient en soi guider l’action des agents sociaux supposés en faire usage, il semble pertinent d’essayer de mesurer l’importance des outils, des techniques et des dispositifs mis au service de la propagande dans le parti. Ce sont ainsi les nouvelles technologies telles qu’Internet, les dispositifs scéniques utilisés pendant les congrès, les contraintes audiovisuelles véhiculées par les médias, mais aussi toutes les règles et les normes de financement et d’allocation des ressources matérielles qui seront interrogés et auxquels, on peut le supposer, les acteurs de ces organisations doivent s’adapter. Aussi, on peut supposer que la circulation de ces outils entre les différentes organisations contribue à imposer des règles et des attitudes standardisées qui vont dans le sens d’une homogénéisation des modes de faire partisans. Cette entrée par les instruments entendus davantage comme révélateurs des transformations des manières de diriger les hommes dans une institution partisane que comme les sources de tel ou tel changement organisationnel peut ainsi être une piste fertile pour jauger l’importance des techniques du marketing, celles en tout cas qui auraient été importées dans les mouvements politiques.

PROGRAMME 2006

    Dans ce programme, ne figurent que les thèmes des séances ainsi que les noms des discutants. Les doctorant-e-s et les chercheur-e-s qui souhaitent faire une communication en lien avec l’un ou l’autre des thèmes retenus sont priés d’envoyer leur proposition aux responsables du groupe avant le 5 janvier 2005 (nul ne sera tenu, à l’approche des séances, de faire parvenir aux discutants le contenu de sa communication).    

Pour tout renseignement, vous pouvez contacter les responsables du GEOPP :
Hélène COMBES combeshvc@yahoo.com
Julien FRETEL freteljulien@yahoo.fr